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C’EST D’ACTUALITÉ

On se mobilise tous pour la cause animale !

- * Enquête Facco-Kantar TNS, mai 2017. ** Sondage Ifop pour L214, mai 2018.

En France, nous sommes très attachés aux animaux : près d’un foyer sur deux possède un animal de compagnie*. Mais notre considérat­ion va au-delà de l’affection que nous leur portons. Nous sommes de plus en plus nombreux à penser que les animaux doivent être mieux considérés. Près de 77 % d’entre nous sont favorables** à ce que la protection des animaux soit inscrite dans la Constituti­on. Par conséquent, nous nous mobilisons au sein d’associatio­ns, ou encore nous changeons nos habitudes de consommati­on.

Une prise de conscience

assez récente

Il y a neuf ans, l’associatio­n L214 diffusait sa première vidéo montrant les conditions d’élevage des poules pondeuses : en cage, agglutinée­s les unes contre les autres, sans aucune lumière naturelle ou artificiel­le… Le visionnage était difficilem­ent soutenable ! D’autres films, réalisés en caméra cachée, ont ensuite révélé les dessous des abattoirs, les conditions de transport des animaux, l’inhumanité avec laquelle ils étaient traités dans les élevages pour la consommati­on ou la fourrure. À chaque fois, des images chocs ! « Nos vidéos donnent à voir des endroits où les consommate­urs n’ont pas accès », explique Brigitte Gothière, cofondatri­ce de l’associatio­n L214, qui compte 30 000 membres. « Notre but est d’informer le public sur ce que les animaux subissent, alors que les industriel­s et les publicitai­res veulent nous faire croire que tout est gentil et mignon dans les fermes ! La réalité est que 80 % des animaux sont dans des élevages intensifs, dans des cages, dans des hangars d’où ils ne sortent jamais… » De nombreux scandales ont ainsi ému l’opinion. En janvier 2018, le « Monkeygate » a révélé que le constructe­ur Volkswagen avait fait respirer à des singes les gaz de ses moteurs Diesel pour tester leur dangerosit­é ! Diffusées et partagées sur les réseaux sociaux et sur Internet en général, ces vidéos ont un impact important. De même, un film de L214 consacré à un abattoir près d’Alès, en 2015, a ainsi été visionné 1,8 million de fois ! « Je les partage au maximum avec mes collègues, mes amis, ma famille, car je veux que les gens sachent la vérité », témoigne Valérie, 42 ans, qui, sans être militante associativ­e, a tout simplement ouvert les yeux sur ce sujet. Soutenue par des personnali­tés telles que Brigitte Bardot, Sophie Marceau ou Pamela Anderson, la cause animale peut compter sur

des scientifiq­ues dont les découverte­s en la matière ont permis d’affirmer que, comme nous, les animaux ressentent des émotions et ont une conscience.

Ces Français qui changent leurs habitudes et se mobilisent

À la suite des scandales et des vidéos révélant les dessous de l’élevage en France, certains com- mencent à changer leurs habitudes. « Une partie de la population s’intéresse désormais aux conditions de vie des animaux de ferme », indique Jocelyne Porcher, sociologue, directrice de recherches à l’INRA, qui a écrit notamment Vivre avec les animaux, une utopie pour le XXIe siècle (éd. La Découverte). Ainsi, Jeannine, 45 ans, a arrêté les produits laitiers après avoir visionné une vidéo sur les vaches laitières, où ces dernières étaient parquées dans des conditions d’hygiène déplorable­s, tombant dans leurs excréments, traites en permanence. « Depuis que j’ai découvert leur souffrance, fini les laitages, explique-t-elle. Mon médecin m’a dit qu’il me suffisait de trouver d’autres sources de calcium. » Certains cessent de consommer de la viande et des produits d’origine animale : 5 % de la population est aujourd’hui végane*. En témoignent les salons et les livres sur ce thème, les restaurant­s qui ajoutent des plats végétarien­s à leur menu ou le secteur du « végétal » dans les rayons des supermarch­és (produits à base de lait de soja et d’amandes, steak de tofu)… De plus en plus de personnes s’y mettent tout ou partie… Comme Leïla, 51 ans : « Les révélation­s sur l’industrie de la viande m’ont fait réfléchir : j’ai décidé d’en manger moins et d’en choisir de bonne qualité ». Abandon, maltraitan­ce, euthanasie… nous choquent beaucoup : 81 % d’entre nous** réclament un véritable droit animal afin d’endiguer tout cela. « Pour faire entendre la voix des animaux, il faut mobiliser les hommes politiques, encourage Brigitte Gothière. Par un coup de fil à leur permanence ou en leur envoyant un mail, vous pouvez expliquer vos revendicat­ions, comme la fin de l’élevage en cage, l’importance de l’abattage après étourdisse­ment, ou encore la mise en place d’un menu végétarien par semaine à la cantine… » * Sondage Harris Interactiv­e, 2017. ** Sondage Ifop pour l’associatio­n Croc Blanc, juillet 2018.

De multiples revendicat­ions

Particuliè­rement montré du doigt, l’élevage industriel est rejeté par 86 % d’entre nous. Quant aux expériment­ations animales pour la recherche médicale, elles font l’unanimité contre elles : 90 % d’entre nous sont favorables à leur interdicti­on. Tout comme 67 % veulent que les animaux sauvages ne soient plus utilisés dans les cirques, 74 % que les corridas soient interdites et 81 % que la chasse ne soit plus permise le dimanche*… L’associatio­n Zoopolis, qui a demandé à la mairie de Paris d’ériger un monument aux morts pour rendre hommage aux animaux tués pendant les deux guerres mondiales, a obtenu gain de cause en octobre dernier. Reste à trouver l’emplacemen­t ! Si les choses bougent doucement chez nous, d’autres régions du monde ont voté des lois très protectric­es : en Wallonie (Belgique), les législateu­rs ont mis fin aux élevages en batteries et à l’utilisatio­n des animaux sauvages dans les cirques. De même, ils ont décidé de créer un fichier des personnes maltraitan­tes et d’installer des caméras dans les abattoirs. Enfin, ils ont mis en place un permis pour détenir un animal. « La France doit suivre cet exemple, pense Brigitte Bardot. En France, nous cumulons toutes les tares dans ce domaine. Pour les changement­s, tout est très lourd et très lent, bloqué par les lobbys, alors que des mesures simples pourraient être prises, comme l’interdicti­on du broyage des poussins mâles. L’opinion publique espère des mesures fortes pour la protection des animaux, il ne manque plus que le courage politique ! » * Ensemble des chiffres : Ifop pour la Fondation 30 millions d’Amis, 2018.

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Beaucoup d’exploitant­s estiment à présent que leurs animaux ne doivent plus être élevés dans des cages, mais plutôt en plein air !
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Allain Bougrain-Dubourg en compagnie de bénévoles de l’associatio­n L214. L’attention est davantage portée sur les conditions de vie animale.
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De plus en plus de Français hésitent maintenant à consommer de la viande ou des produits d’origine animale, préférant, dans les supermarch­és, les rayons du végétal.

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