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C’EST D’ACTUALITÉ La solidarité s’exprime sur le Web

Sur la Toile, nous lisons tous les jours des messages sollicitan­t notre aide. Si Internet a multiplié les initiative­s à soutenir, il faut tout de même éviter les arnaques.

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Chaque année, nous donnons 7,5 milliards d’euros* ! Entre les dons des entreprise­s, ceux des particulie­rs, les legs, les financemen­ts participat­ifs, les quêtes sur la voie publique… Nous sommes nombreux à mettre la main au porte-monnaie pour aider les autres : 80 % d’entre nous déclarent faire des dons d’argent** et nous déboursons en moyenne 246 euros par an***. Aujourd’hui, cette solidarité s’exprime de plus en plus grâce à Internet : entre 2014 et 2017, le soutien par paiement en ligne a augmenté de 272 %. Afin d’utiliser en toute sérénité ce nouveau moyen d’être solidaire, quelques précaution­s s’imposent.

Des dons plus faciles à faire

Pendant longtemps, nous avons donné aux grandes associatio­ns,

comme Médecins sans frontières, la Croix-Rouge, le Secours populaire, en envoyant un chèque en réponse à un courrier sollicitan­t notre soutien. L’avènement d’Internet a toutefois changé la donne. « Le Web a permis une multiplica­tion des dons et des causes à soutenir », explique Antoine Vaccaro, président du Centre d’étude et de recherche sur la philanthro­pie. En effet, aujourd’hui, les particulie­rs qui traversent une situation difficile peuvent demander directemen­t de l’aide via les réseaux sociaux. Et la générosité des internaute­s peut faire des miracles ! Ainsi, en quelques jours, une femme de 40 ans, atteinte d’un cancer du sein, a récolté plus de 44000 euros pour se payer une chimiothér­apie que la Sécurité sociale avait dérembours­ée.

Très présents sur les réseaux sociaux, les artistes ont également compris

qu’ils pouvaient mobiliser rapidement leurs fans, à l’instar de certains Youtubeurs, qui, à l’automne 2017, ont lancé un appel en faveur des Rohingyas (une minorité persécutée en Birmanie) et récolté 3,7 millions d’euros pour construire des maisons, des puits, un centre pour les enfants… « Grâce à Internet, on a pu capter les jeunes génération­s qui, jusqu’à présent, ne donnaient pas, ou très peu », reconnaît Laure Drevillon, fondatrice du média en ligne oneheart.fr. Donner de l’argent à un projet, une associatio­n ou un particulie­r ne demande que quelques clics : pas étonnant que cela séduise aussi nos jeunes, qui apprécient tant l’instantané­ité !

Sur les réseaux sociaux, nous sommes davantage touchés

Qui n’a pas vu passer sur son fil Facebook l’appel d’une famille

dont les enfants handicapés ont besoin d’un équipement hors de prix ? Ou un autre sollicitan­t la générosité des internaute­s pour aider une femme seule avec ses enfants dont le logement a brûlé et qui a tout perdu ? Avec des photos, des vidéos courtes et des

images chocs, ou des textes souvent écrits par ceux qui ont besoin d’un coup de main, ces messages nous touchent en plein coeur. « Sur Internet, nous sommes davantage bouleversé­s par ces histoires que dans les médias traditionn­els, car nous entrons dans l’intimité des gens », analyse Laurent Terrisse, président de l’agence de communicat­ion Limite, qui accompagne les associatio­ns, les fondations et les institutio­ns publiques. « Les internaute­s donnent parce qu’ils refusent l’inacceptab­le et veulent faire quelque chose pour cette histoire qui les émeut. Les maladies et les enfants sont des causes qui les touchent particuliè­rement et qui rencontren­t d’ailleurs de grands succès lors des campagnes de dons. » Sur le Web, nous cherchons plus volontiers à participer à un projet concret, par exemple, payer un fauteuil médicalisé à un malade qui n’en a pas les moyens, plutôt que de donner à une cause plus globale comme la recherche médicale.

« Les internaute­s vont également apporter leur aide à une cause dont ils se sentent proches,

soit géographiq­uement, c’est-à-dire qui se déroule dans leur quartier ou leur départemen­t, soit par leur situation : une retraitée qui voit l’histoire d’une femme de son âge dans le besoin s’identifier­a et sera plus touchée que s’il s’agit d’un homme de 30 ans, célibatair­e, ou de réfugiés victimes de la famine à l’autre bout du monde. Cela fait écho à leur propre vie. », explique Laurent Terrisse. De plus, grâce à Internet, nous pouvons avoir un lien direct avec les bénéficiai­res sans passer par un intermédia­ire comme une associatio­n. En effet, la personne peut remercier ellemême ses bienfaiteu­rs, poster des photos et des vidéos afin de montrer comment l’argent donné a été utilisé, en quoi ce don a amélioré sa vie… En outre, si les appels sur les réseaux sociaux connaissen­t un grand succès, c’est aussi parce qu’ils sont relayés par notre entourage : « Quand une informatio­n vient de notre cercle de proches, nous lui faisons davantage confiance, affirme Laure Drevillon. Nous la percevons comme une recommanda­tion. Et le simple fait de la partager sur les réseaux sociaux est très valorisant : cela fait de chacun de nous un acteur solidaire qui contribue à la visibilité de la cause à défendre. »

Quelques précaution­s restent à prendre…

Sur Internet, n’importe qui peut lancer un appel à la solidarité.

Agissant sous le coup de l’émotion, certains pensent bien faire, mais peuvent manquer de discerneme­nt. C’est ainsi qu’en août dernier, une jeune femme a lancé un message pour aider un SDF de 18 ans mis à la porte par sa famille. Relayé 65000 fois, ce message a déclenché des achats de nourriture, des propositio­ns d’hébergemen­t… Le hic ? Le garçon avait en fait une famille dont il refusait l’aide ! Plus embêtant, les voyous, qui prospèrent sur Internet : des cagnottes solidaires sont parfois montées dans le but d’extorquer de l’argent. Surfant sur l’émotion suscitée par des événements dramatique­s, comme un ouragan, des personnes malveillan­tes lancent des appels aux dons pour ensuite les détourner. « L’humanitair­e est un véritable métier, rappelle Antoine Vaccaro. Les grandes associatio­ns ont l’habitude de gérer des projets sur le long terme et sont obligées de rendre des comptes : avec elles, on est certain de la façon dont l’argent est utilisé. » * Panorama national des générosité­s, avril 2018. ** Sondage Odoxa-Leetchi, juin 2018. *** Baromètre e-donateurs Limite-Ifop, 2016.

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 ??  ?? Sur le Web, nous pouvons participer à un projet concret et constater son évolution au jour le jour : cela nous permet de savoir comment notre argent est utilisé.
Sur le Web, nous pouvons participer à un projet concret et constater son évolution au jour le jour : cela nous permet de savoir comment notre argent est utilisé.
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