« Grâce à l’humour, j’essaie d’aider les femmes à mieux s’aimer »
Après une première carrière bien sérieuse, Coco a compris, grâce un bilan de compétences, à quel point elle était drôle. Un talent mis au service des femmes.
C’est un sentiment familier. Quand viendra le printemps, beaucoup de femmes se diront que la cabine d’essayage est bien trop étroite pour elles et leurs poignées d’amour. Elles pesteront contre l’éclairage – qui n’est clairement pas l’ami de notre cellulite – et auront l’impression que la dernière collection de maillots a été créée pour d’autres. En tout cas, moi, c’est ce que je me dis depuis bien des années ! Longtemps j’ai balayé ce mal-être passager d’une plaisanterie et d’un éclat de rire, communicatif paraît-il. Avec la cinquantaine, ma philosophie n’a pas changé. Sauf que, à ma grande surprise, elle a conquis des milliers de femmes…
Une chose est sûre, j’ai grandi sans complexes dans un océan de rires. J’ai eu la chance d’avoir des parents médecins, qui savaient qu’il ne fallait pas complexer les enfants et encore moins les jeunes filles. Je n’ai pas souvenir d’avoir été une ado particulièrement mince. Cependant, je ne me suis jamais sentie grosse, contrairement à beaucoup de filles. Je n’ai jamais entendu de phrases culpabilisantes du genre : « Attention, tu vas grossir ! » Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été « normale », c’està-dire comme maintenant, sans doute un peu ronde, avec un ou deux bourrelets autour de la taille. Et alors ? Mes parents dédramatisaient tout. Là aussi, c’était une forme de déforma- tion professionnelle. Ils voyaient des choses tellement plus graves avec leurs patients qu’ils avaient besoin de légèreté en rentrant le soir. Je crois qu’ils m’ont transmis une forme d’humour « de salle de garde », qui permet de faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux. Il y a une phrase de Gérard Jugnot que j’aime bien et qui résume tout. Il dit que l’humour, c’est comme les essuie-glaces : « Cela n’enlève pas la pluie, mais ça permet d’avancer. » C’est un mode de défense qui aide à traverser beaucoup de choses. Je m’en suis aperçue face à des difficultés professionnelles. J’avais fait carrière dans la vente au sein d’un grand groupe spécialisé dans les photocopies, un secteur pas très rigolo et surtout peu porteur au début des années 2000. Je l’ignorais alors, mais ma vie allait changer.
J’ai découvert que j’avais de l’humour à revendre… après mon licenciement. A priori, ce moment n’avait rien de drôle. Il fallait rebondir et la multinationale où je travaillais m’a payé un bilan de compétences. Cela a été une révélation ! Il en est ressorti que j’étais douée pour la vente et l’enseignement, ce qui n’était pas vraiment une surprise, mais ce bilan a aussi pointé chez moi une grande créativité. Au début, je n’ai pas compris. J’en ai discuté avec une amie qui m’a dit que je ne me rendais pas compte à quel point j’étais drôle. « Tout ce que tu me racontes, écris-le ! », m’a-t-elle conseillé. J’ai rédigé un premier roman à propos du travail, puis un autre davantage axé sur le couple et les enfants. Au début, je parlais beaucoup des relations et des malentendus entre hommes et femmes en essayant de traduire les vraies pensées de chacun. Dans ce que j’écris, tout n’est pourtant pas forcément léger. Dans ce deuxième livre, je raconte l’adoption compliquée de ma deuxième fille, en Russie. Entre mon mari et mes enfants, j’ai connu les mêmes difficultés et questionnements que beaucoup de femmes. Cependant, je suis persuadée que l’on peut tout aborder avec un certain recul. L’humour est une arme de bonheur massif qui permet de tout dédramatiser.
Le jour, je suis prof de marketing et, le soir, j’écris des livres rigolos !
Grâce à cette dérision, j’aide les femmes à ma façon. Il était donc logique, si je voulais aborder nos préoccupations communes, que j’évoque la question du poids. Personnellement, je fais un bon 42 et demi – au moins – et je vis très bien ainsi. J’estime être une femme normale. « Je crois que le rire est la meilleure façon de brûler des calories », ce n’est pas moi qui le dis, c’est la regrettée Audrey Hepburn. Pourquoi vouloir se délester de ces rondeurs qui, en général, reviendront un jour ou l’autre, quel que soit le régime ? Pour moi, le bourrelet, ce mal-aimé, a en fait beaucoup d’avantages. D’abord, c’est un régulateur de température qui tient chaud en hiver. Et puis, il fait faire des économies en rendant l’achat d’une ceinture inutile. C’est aussi un attribut important en câlinothérapie, car personne n’a envie de se
blottir contre quelqu’un de maigre. Enfin, c’est un créateur de sociabilité : c’est bien connu, le gras rend sympa et inspire la convivialité ! D’ailleurs, je n’ai qu’un conseil pour avoir un ventre plat à la plage : couchez-vous sur le dos et ne bougez plus ! Bénéfice supplémentaire : vous allez bien vous reposer. Je sais que ce n’est pas un sujet si léger et j’ai reçu des témoignages de lectrices bouleversants. Certaines m’ont dit qu’elles arrivaient enfin à se trouver jolies, peu importe leur corpulence. Il y a même un médecin, las de voir des femmes réclamer des réductions gastriques alors qu’elles n’en avaient pas besoin, qui m’a remerciée. Avec ce troisième ouvrage, Comment maigrir sans rien manger ?*, j’ai dépassé les 15000 ventes. C’est un succès inattendu qui me permet de mener une « double vie ». Le jour, je suis professeur de marketing et, le soir, j’écris des livres rigolos ! J’essaie de ne pas tout mélanger et je n’en parle pas en cours. Mais mes étudiants sont au courant et, entre deux éclats de rire, je ne leur refuse jamais une dédicace !