˝ Pour créer du lien, j’en ai installé un dans ma boutique ˝
Rwaïda, 40 ans, gérante d’un salon de thé, célibataire, deux enfants, Laval (53)
En naviguant sur Internet, j’ai découvert le concept des frigos en libre-service :
il s’agit de mettre à disposition des denrées que leurs propriétaires ne vont pas consommer. J’ai trouvé que c’était une excellente idée ! J’ai donc acheté un réfrigérateur, puis j’ai expliqué mon projet aux autres commerçants du centreville. Beaucoup ont été surpris par l’idée, mais ont accepté d’essayer. Depuis janvier dernier, ce réfrigérateur solidaire se remplit de produits de la moyenne surface du quartier, d’invendus du marché apportés par les maraîchers, de sandwiches de la boulangerie ou de canapés du traiteur, mais aussi d’aliments que déposent les particuliers avant de partir en week-end… Bien évidemment, je n’accepte que des denrées encore bonnes à la consommation et dans des emballages intacts. J’ai aussi préféré installer le réfrigérateur dans ma boutique pour créer un lien avec ceux qui viennent se servir : nous discutons, je leur offre un café, je leur propose d’utiliser les toilettes de la boutique, de recharger leur téléphone portable. Ils peuvent aussi se servir du micro-ondes et prendre leur repas à table. Certains n’osent pas venir quand je reçois des clients, alors ils peuvent m’appeler pour que je vienne leur ouvrir ma boutique. Comme je suis bénévole pour le Samu social, je connais la plupart des bénéficiaires. Il y a des hommes SDF, mais aussi des familles de migrants, des retraités touchant une toute petite pension, des travailleurs ne gagnant pas assez pour se loger… Chaque jour, ils sont environ une dizaine à venir se servir. Les clients de ma boutique ont été un peu surpris au début, mais ils me soutiennent. Certains offrent un gâteau ou une boisson à ceux qui passent et, surtout, discutent avec eux. Parce que cette initiative marchait bien, j’ai installé deux autres réfrigérateurs : un dans une galerie commerciale et un dans un centre social. Avec tous ceux qui l’alimentent, nous nous sommes donné six mois pour voir comment cela fonctionne.