Maxi

˝ Pour créer du lien, j’en ai installé un dans ma boutique ˝

Rwaïda, 40 ans, gérante d’un salon de thé, célibatair­e, deux enfants, Laval (53)

- Tea for two, 70, rue de Rennes, Laval (53), tél. 02 43 90 73 66.

En naviguant sur Internet, j’ai découvert le concept des frigos en libre-service :

il s’agit de mettre à dispositio­n des denrées que leurs propriétai­res ne vont pas consommer. J’ai trouvé que c’était une excellente idée ! J’ai donc acheté un réfrigérat­eur, puis j’ai expliqué mon projet aux autres commerçant­s du centrevill­e. Beaucoup ont été surpris par l’idée, mais ont accepté d’essayer. Depuis janvier dernier, ce réfrigérat­eur solidaire se remplit de produits de la moyenne surface du quartier, d’invendus du marché apportés par les maraîchers, de sandwiches de la boulangeri­e ou de canapés du traiteur, mais aussi d’aliments que déposent les particulie­rs avant de partir en week-end… Bien évidemment, je n’accepte que des denrées encore bonnes à la consommati­on et dans des emballages intacts. J’ai aussi préféré installer le réfrigérat­eur dans ma boutique pour créer un lien avec ceux qui viennent se servir : nous discutons, je leur offre un café, je leur propose d’utiliser les toilettes de la boutique, de recharger leur téléphone portable. Ils peuvent aussi se servir du micro-ondes et prendre leur repas à table. Certains n’osent pas venir quand je reçois des clients, alors ils peuvent m’appeler pour que je vienne leur ouvrir ma boutique. Comme je suis bénévole pour le Samu social, je connais la plupart des bénéficiai­res. Il y a des hommes SDF, mais aussi des familles de migrants, des retraités touchant une toute petite pension, des travailleu­rs ne gagnant pas assez pour se loger… Chaque jour, ils sont environ une dizaine à venir se servir. Les clients de ma boutique ont été un peu surpris au début, mais ils me soutiennen­t. Certains offrent un gâteau ou une boisson à ceux qui passent et, surtout, discutent avec eux. Parce que cette initiative marchait bien, j’ai installé deux autres réfrigérat­eurs : un dans une galerie commercial­e et un dans un centre social. Avec tous ceux qui l’alimentent, nous nous sommes donné six mois pour voir comment cela fonctionne.

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