SANTÉ Prévenir et traiter les douleurs articulaires
Mal aux articulations ? Un signe d’arthrose, qui touche 10 millions de Français, ou de rhumatisme, de tendinite. Voici les conseils de nos spécialistes.
Soumises aux mouvements répétés, aux chocs, aux blessures, aux maladies et tout simplement au vieillissement, les articulations peuvent devenir douloureuses. Très souvent, le cartilage protecteur a fini par s’amenuiser et les deux parties osseuses frottent douloureusement l’une contre l’autre. C’est ce qui définit l’arthrose, concernant plus les femmes que les hommes. Pas encore de médicaments miracles pour en venir à bout, mais la recherche progresse et, en attendant, on peut repousser l’apparition des symptômes et soulager aux premiers signes. Attention, ces douleurs peuvent aussi annoncer un autre problème à décoder pour bien le traiter. Les conseils du Pr Didier Mainard, chirurgien orthopédiste au CHU de Nancy, président de la SOFCOT, et du Dr Marc Pérez, médecin du sport, ostéopathe, acupuncteur et naturopathe*.
Agir contre l’arthrose
Si l’usure des cartilages est naturelle, il est possible de lutter contre les facteurs aggravants. Le respect d’une bonne hygiène de vie est la première étape du cercle vertueux de la prise en charge pour prévenir, avant d’envisager les solutions pour soulager.
Le juste poids avant tout
C’est la première mesure protectrice contre l’arthrose des hanches, des genoux et des chevilles. L’objectif : viser un indice de masse corporel normal ne dépassant pas le seuil des 25 (IMC = poids en kilos divisé par taille en centimètre au carré). Suivre les récentes recommandations générales pour une alimentation saine et une activité physique suffisante permet aussi de maintenir le cap et, en cas de difficulté, le médecin traitant ou un nutritionniste peut mettre sur la voie. De quoi prévenir aussi les maladies métaboliques reconnues comme des facteurs aggravants tels le diabète non équilibré ou les pathologies responsables de dépôt de cristaux dans les articulations (chondrocalcinose, goutte…). Toutes les précisions figurent sur http:// invs.santepubliquefrance. fr, « Recommandations relatives à l’alimentation, à l’activité physique et à la sédentarité ».
Une activité physique préventive
Mobiliser les articulations tous les jours, c’est le secret pour assurer la sécrétion du liquide synovial protecteur. On vise des activités dynamiques, telles que la marche rapide, la natation, le vélo, l’aquabike…, mais également celles qui favorisent la souplesse comme le stretching, le yoga, la barre au sol… Des exercices d’assouplissement sont également à faire avant et après une séance. Attention, tous les sports ne sont pas bénéfiques et mieux vaut éviter les activités à impact (footing, tennis, randonnée avec un lourd sac à dos…).
Moins de mouvements répétés au travail
Certains métiers forcent les mauvaises postures et les gestes répétitifs qui favorisent l’arthrose. Les mesures préventives d’hygiène de vie, en matière de diététique et d’activité physique, sont alors d’autant plus importantes. Il est aussi essentiel de limiter le plus possible les situations de répétition et l’idéal est de pouvoir en parler avec le médecin du travail et l’employeur, en cas de fragilité et dès les premiers signes, afin d’adapter le poste.
Des blessures articulaires bien soignées
Une entorse, une fracture ? On respecte toutes les consignes du médecin sur le maintien de l’articulation, le temps de repos et la rééducation afin de se remettre le mieux possible. Car il n’est pas rare de voir l’arthrose se développer sur la zone touchée plusieurs années après, quand les soins ont été insuffisants. En cas de douleurs persistantes, on consulte pour une prise en charge complémentaire.
Une alimentation anti-inflammatoire
Certains aliments peuvent être générateurs d’inflammation amplifiant les douleurs articulaires, comme le gluten, le lait de vache dans les produits laitiers, et la viande rouge. Sans les exclure, il s’agit de les limiter et d’éviter de les concentrer dans un même repas. En revanche, les produits alimentaires hyper-transformés, aux effets inflammatoires reconnus, sont vraiment à éliminer. On les remplace par davantage de fruits et de légumes bio, riches en fibres et en vitamines, qui équilibrent le microbiote intestinal et réduisent les inflammations en tout genre.
Les bons exercices à la maison Pour limiter les douleurs matinales, on commence par des exercices doux. Pour les chevilles : effectuez des rotations dans un sens et dans l’autre avant même de poser le pied par terre. Pour les genoux : profitez de la position couchée pour ramener la jambe pliée contre la poitrine en tirant doucement sur les chevilles pour forcer la flexion. Pour les hanches : en étant toujours couchée, jambes pliées, basculez les genoux d’un côté et de l’autre en maintenant le dos et les épaules en contact avec le matelas. Pour les cervicales : bougez la tête de droite à gauche et de haut en bas. Et pour les doigts : massez-les et tirez doucement les extrémités. L’acupuncture pour soulager rapidement Il s’agit de stimuler avec des aiguilles les points stratégiques vecteurs de la douleur, identifiés par la médecine chinoise, et qui diffèrent selon l’articulation touchée. À repérer avec le praticien pour les stimuler soi-même, en les massant du bout de l’index, au moment d’une poussée douloureuse. Deux séances par semaine sont nécessaires, le temps de la crise, avant un entretien mensuel. Des remèdes naturels de préférence Il existe des plantes aux effets anti-inflammatoires et sans effets secondaires, comme la reine-des-prés et l’harpagophytum en gélules, ou le cassis en teinture mère. Elles sont aussi très efficaces sous forme d’huiles essentielles à appliquer localement. Faites votre mélange en associant celle de gaulthérie, de genévrier et de menthe poivrée (2 gouttes chacune) avec une dose d’huile végétale d’amande douce pour masser l’articulation une fois par jour. Certains oligo-éléments offrent aussi des bénéfices antiinflammatoires, comme le cuivre (1 ampoule de Granions le matin). Des médicaments ponctuellement
Quand les remèdes naturels ne suffisent pas, la stratégie thérapeutique classique consiste à combiner antalgiques et anti-inflammatoires. L’aspirine et le paracétamol suffisent parfois et, faute de résultat, il est aussi possible d’associer tramadol et paracétamol. Mais attention, les médicaments opiacés sont responsables d’accoutumance. On les évite si l’on se connaît déjà une tendance à l’addiction, comme le tabagisme, ou même la consommation compulsive de certains aliments. Quant aux AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens), ils peuvent notamment entraîner des problèmes gastriques. Dans tous les cas, il est important de les limiter dans le temps. L’ostéopathie à court et long terme Après une cure d’anti-inflammatoires pour soulager au plus fort de la crise, des séances d’ostéopathie peuvent apporter un grand bénéfice. Le praticien restaure la mobilité en massant et en étirant les muscles et les tendons adjacents à l’articulation. Programmer deux, quatre ou six séances en fonction du résultat. Ensuite, on entretient le bénéfice régulièrement par une séance annuelle et par la pratique régulière d’une activité physique douce. Des injections qui marchent Les deux solutions les plus courantes : les corticoïdes et l’acide hyaluronique injectés directement dans l’articulation. Leurs effets sont souvent supérieurs aux médicaments administrés par voie orale. Autre possibilité : les nouvelles injections de PRP (plasma riche en plaquettes) qui consistent à prélever du sang du patient, à en extraire les plaquettes très riches en facteurs de croissance, et à les réinjecter. Cette thérapie cellulaire reste coûteuse, non remboursée, et n’est pas encore validée par des études. L’opération pour en finir Lorsque les crises se rapprochent et que les remèdes ne soulagent plus assez, il faut penser à la chirurgie pour un soulagement durable. Il est possible de bloquer purement et simplement l’articulation, à condition que cela n’entrave pas trop la mobilité globale. Mais, le plus souvent, l’intervention consiste à poser une prothèse. Elle donne de très bons résultats pour la hanche et le genou. C’est aussi possible pour la cheville, l’épaule, les vertèbres entre deux disques, mais reste improbable pour les doigts.