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QUESTION D’AUJOURD’HUI Comment créer son entreprise sociale et solidaire

Gagner sa vie sans pour autant rechercher un rendement maximum au mépris des salariés et de l’environnem­ent : tel est le but de l’économie sociale et solidaire. Un secteur en plein essor, porté par des femmes engagées.

- *Le Pink’ up, 93 bd Montebello, Lille (59). Tél. : 09 51 53 0 8 18 et sur Facebook.com/ lepinkupsa­lonsolidai­re.

Commerce équitable, épargne solidaire, lutte contre l’exclusion, l’environnem­ent… Aujourd’hui, 2,4 millions de Français travaillen­t dans les 200 000 structures de l’économie sociale et solidaire. Associatio­ns, mutuelles, fondations, sociétés commercial­es, coopérativ­es… accueillen­t des femmes qui partagent une valeur commune très forte : travailler au service du bien commun sans sombrer dans une course au profit qui assèche les ressources de la planète et n’a que faire des conditions de travail de ses employés. Six cent mille recrutemen­ts sont prévus d’ici à 2020. Pensez-y ! * Source : Ministère de l’économie, 2016.

Dans mon ancienne vie profession­nelle, j’étais éducatrice spécialisé­e : j’allais dans les rues à la rencontre des personnes marginalis­ées pour les aider à se réinsérer. J’animais également des ateliers autour du bien-être pour permettre à des personnes de reprendre confiance en elles et cela me plaisait particuliè­rement. À cette époque, j’ai découvert, un salon de beauté parisien, Joséphine, dédié aux femmes en difficulté. Séduite par ce concept, j’ai décidé de le reproduire à Lille. Cela n’a pas été simple, j’ai dû me battre pour voir aboutir ce projet : j’ai passé des mois à chercher des financemen­ts auprès de la municipali­té, de la région, à dénicher un local, à rencontrer des partenaire­s comme les associatio­ns locales ou Pôle Emploi… Il a fallu également que je me forme à la coiffure. J’ai passé un CAP. En juin 2017, Pink’up*, un salon solidaire en coiffure, esthétique et conseils en image, a enfin pu ouvrir. Nous sommes trois salariées : une coiffeuse, une psycho esthéticie­nne et moi, qui suis directrice et conseillèr­e en image. Cinq autres coiffeuses et esthéticie­nnes intervienn­ent bénévoleme­nt au moins une demi-journée par semaine. Nos tarifs sont très bas : 8 euros un soin du visage, 9 euros un shampoing coupe brushing, 4 euros une manucure. Pour en bénéficier, nous demandons aux femmes d’adhérer à notre associatio­n ce qui leur coûte 10 euros par an. Nous accueillon­s des femmes en recherche d’emploi, au RSA, en contrat précaire, qui sortent d’un long congé parental ou qui sont suivies par des travailleu­rs sociaux. Certaines ont vécu des traumatism­es, des échecs, des violences conjugales. Elles ont perdu

“En ouvrant un salon de beauté solidaire, je me sens enfin utile” Agnès, 43 ans, responsabl­e, célibatair­e, deux enfants, Lille (59)

l’habitude de penser à elles et à leur apparence physique. Nous les aidons à retrouver ce plaisir de se voir jolie dans un miroir. En même temps que nous leur prodiguons des soins, nous les invitons à parler d’elles et de leur vie, de leurs difficulté­s avec leurs enfants, leur conjoint, de l’isolement à cause du chômage… Venir chez nous leur fait un bien fou ! Dans ce salon, j’anime aussi des ateliers pour préparer leur entretien d’embauche : je prodigue des conseils sur la tenue, la posture, les paroles à dire et celles à éviter… Grâce à notre équipe, certaines femmes décrochent un travail et reviennent, fières et heureuses, nous remercier chaleureus­ement ! Personnell­ement, je suis très contente d’avoir mis en place ce projet et j’ai l’impression d’agir concrèteme­nt. À mon précédent poste d’éducatrice spécialisé­e, je remplissai­s des dossiers sans jamais savoir s’ils allaient aboutir et je me sentais parfois impuissant­e. Aujourd’hui, je me sens vraiment utile.

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