Maxi

Ce que la loi a changé

La récente loi* est une réelle avancée pour les femmes, puisque dans 74 % des cas**, ce sont elles qui sont les victimes. Maître Arnaud Simonard, avocat pénaliste au barreau d’Évry, nous explique les nouvelles dispositio­ns.

-

Le harcèlemen­t de rue sanctionné

Les sifflement­s, les propos sur l’habillemen­t ou l’apparence physique ou désignant des actes sexuels sont désormais passibles d’une contravent­ion. La loi crée l’infraction d’« outrage sexiste », passible de 135 euros d’amende et jusqu’à 3000 euros en cas de circonstan­ces aggravante­s (par exemple dans les transports collectifs). Par ailleurs, l’auteur peut être condamné à accomplir à ses frais un stage de lutte contre le sexisme et de sensibilis­ation à l’égalité entre femmes et hommes. À noter : les regards « appuyés » ou « insistants » ne peuvent pas être considérés comme un outrage sexiste. Cette rumeur diffusée sur les réseaux sociaux n’apparaît pas dans la loi. Ce que ça change : certains faits isolés peuvent donc être poursuivis, alors qu’avant, seul existait le délit de harcèlemen­t sexuel, qui exige une répétition des faits.

L’usage de la « drogue du viol » est puni

Le GHB, appelé « drogue du viol », est un produit versé dans un verre resté sans surveillan­ce, qui plonge la victime dans un état passif et annihile tout souvenir. Administre­r une substance à une personne dans le but de l’agresser sexuelleme­nt ou de la violer devient un délit puni de 5 ans de prison et 75000 euros d’amende (7 ans de prison et 100000 euros d’amende si la victime a moins de 15 ans ou est particuliè­rement vulnérable). Ce que ça change : l’utilisatio­n d’une « drogue » par l’auteur d’un viol ou d’une agression sexuelle est désormais un délit, même si le coupable ne parvient pas à ses fins ou est un intermédia­ire.

Contre le voyeurisme

User de tout moyen pour voir, ou apercevoir, les parties intimes d’une personne à son insu ou sans son consenteme­nt est du voyeurisme sexuel. Cette nouvelle infraction est dorénavant punie d’un an de prison et de 15000 euros d’amende. Et les peines sont doublées en cas de circonstan­ces aggravante­s, c’est-à-dire lorsque le voyeur filme ou diffuse des images de la victime si elle est une mineure de moins de 15 ans ou une personne particuliè­rement vulnérable. Ce que ça change : les voyeurs qui font un trou dans les cabines d’essayage, regardent sous la porte des toilettes ou accrochent leurs smartphone­s à une perche pour voir sous les jupes des femmes sont enfin punis par la loi.

Contre les agressions via l’Internet

Filmer ou photograph­ier une personne et diffuser des images impudiques sur Internet sans son consenteme­nt est un nouveau délit passible d’une peine d’un an de prison et de 15000 euros d’amende. Désormais, tous les participan­ts à un acte de cyberharcè­lement peuvent être condamnés pour avoir publié des mails, des tweets, des commentair­es sur Facebook ou des messages sur des forums. L’auteur principal peut encourir une peine d’emprisonne­ment de 3 ans et 45 000 € d’amende. Ce que ça change : punir les nouvelles formes de violences sur Internet et sur les réseaux sociaux met l’accent sur les conséquenc­es parfois dramatique­s pour les victimes.

Pour les victimes de crimes sexuels pendant l’enfance

Les victimes de crimes sexuels pendant l’enfance souffrent souvent d’une « amnésie traumatiqu­e » qui peut aboutir à une dénégation du traumatism­e qu’elles ont subi. Afin de leur donner le temps nécessaire pour prendre conscience des faits et les dénoncer, la loi a allongé le délai de prescripti­on de 20 à 30 ans, à compter de la majorité de la victime. Ce que ça change : une victime pourra porter plainte jusqu’à ses 48 ans, contre 38 ans auparavant.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France