Parisienne endurcie, elle a sauté le pas ‘‘ Depuis que je suis en province, je revis ! ’’
Née à Paris, il y a 42 ans, Muriel n’aurait jamais pu imaginer vivre loin de la capitale. Pourtant, un jour, à bout de force à cause de son rythme de vie, elle a décidé de sauter le pas.
Quand on me demandait si un jour, je quitterais Paris, j’avais l’habitude de répondre : « Paris, j’y suis née ! C’est chez moi ! C’est ma terre sous le bitume, et ce n’est pas parce qu’elle ne se voit pas qu’il n’y en a pas ! » La capitale, je l’aimais plus que tout ! Bien sûr, j’étais heureuse de m’en échapper de temps en temps, mais y revenir représentait toujours un moment délicieux. Le premier pied posé sur le quai de la gare de Lyon ou de la gare Montparnasse me donnait toujours un sentiment grisant. Il n’y avait pas un coin de rue inconnu à mes yeux. Mais voilà, ces derniers temps, je me posais des questions. Y vivre ne me plaisait plus tant que cela. Courir, me sentir sans cesse agressée dans la rue, stressée, payer un loyer exorbitant pour une surface dérisoire, tout cela commençait à peser lourd ! La preuve : ces derniers temps, mes retours à Paris ne me procuraient plus de joie, mais tendaient à présent à m’attrister, je venais juste de perdre ma maman et à cela s’ajoutait des difficultés professionnelles : j’avais été contrainte de fermer la crèche que j’avais créée quelque temps plus tôt. Et puis, il y avait eu cette nuit de trop. ma tête, Anne-Charlotte aimait la fête : trois fois par semaine, elle invitait ses amis à danser avec des talons aiguilles. Maintes fois, j’avais eu des explications avec elle. J’avais même déserté à plusieurs reprises mon appartement pour la laisser danser à son goût. Mais, cette fois-là, elle avait dépassé les bornes en nous réveillant à trois heures du matin. Bizarrement, j’avais décidé de ne pas m’énerver… Si Anne-Charlotte ne changeait pas ses habitudes, c’était à moi de le faire et pour de bon ! le train pour aller visiter une maison splendide située à 300 mètres de chez elle ! Cela a été le coup de foudre ! J’avais parallèlement trouvé un poste de directrice de crèche à Bordeaux… Ma décision était prise. Quand je l’ai annoncé aux amis, les réactions ont été surprenantes ! Ma meilleure amie m’a dit : « tu es si Parisienne ! », d’autres se sont mis à pleurer en m’enviant, enfin, il y avait une troisième catégorie de personnes, persuadées qu’en dehors de Paris, la vie culturelle n’existait pas. Mais le plus dur a été d’annoncer à mon père âgé de 85 ans, qui venait juste de perdre sa femme, que je m’éloignais à plus de 600 km de lui. Pour ne pas le laisser seul, je lui ai proposé de venir s’installer avec nous s’il le désirait ! Il nous a rejointes.