Maxi

Renouer des liens avec ses petits-enfants

la médiation, une vraie solution !

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C’est une situation que beaucoup redoutent parmi les 15 millions de grands-parents français : être « privés » de leurs petits-enfants. En France, 7,3 % des papis et mamies n’ont plus de contact avec leurs petits-enfants* c’est-à-dire ni visites ni coups de téléphone. Pourtant en France, la loi reconnaît à chaque enfant le droit d’entretenir des relations personnell­es avec ses grands-parents**. S’il est donc possible de saisir la justice quand ce droit n’est pas respecté, mieux vaut éviter d’en arriver là et privilégie­r la médiation familiale.

* Les Rapports entre les grands-parents et petits-enfants, Les Senioriale­s, avril 2017. ** Article 371-4 du Code civil.

Une solution qui se développe

Sylvie, 71 ans, n’a d’abord pas compris pourquoi les visites de son fils, sa belle-fille et leur garçon de 8 ans, s’étaient espacées jusqu’à devenir inexistant­es. « Au bout d’un long moment sans les voir, j’ai téléphoné à mon fils pour lui en parler. Il m’a répondu que lui et sa femme avaient trop de travail. Cela m’a brisé le coeur, avoue-t-elle. Sur les conseils d’une amie, j’ai contacté la Fédération nationale de la médiation et des espaces familiaux (Fenamef), qui m’a orientée vers un médiateur près de chez moi. Grâce à lui, j’ai pu discuter avec mon fils et j’ai compris que mon attitude un peu distante avec ma belle-fille avait entraîné chez elle un sentiment de rejet. Depuis, nous nous voyons au moins deux fois par an et je suis plus chaleureus­e avec la femme de mon fils. » À l’instar de Sylvie, de nombreux grandspare­nts se lancent dans une telle démarche. « Depuis plusieurs années, la médiation entre parents et grands-parents se développe, observe Sophie Lassalle, secrétaire générale de la Fenamef. De nombreux grands-parents souffrent de ne plus voir leurs petits-enfants mais sont mal à l’aise avec l’idée de saisir la justice : ils ne veulent pas mettre en accusation leurs propres

enfants. » Quand un conflit est installé, que les liens sont coupés ou que les parents posent des conditions qui ne conviennen­t pas aux grands-parents – ils ne veulent pas leur laisser les enfants en leur absence, ils limitent leur venue aux fêtes de Noël… –, la médiation peut se mettre en place. « C’est souvent la grand-mère qui, malheureus­e, nous contacte », raconte Monique Desmet, psychologu­e, médiatrice familiale et intergénér­ationnelle au sein de l’École des Grands-Parents Européens. « Les situations sont variées, mais il est courant que, suite à une séparation qui a accordé la résidence principale à la mère, les grands-parents paternels voient trop rarement leurs petits-enfants. »

Un interlocut­eur neutre

Grâce à la médiation, chacun devient acteur de la solution en exprimant ce qui ne lui a déplu et a provoqué une attitude de repli. « Dans nos locaux aménagés de façon conviviale, tout le monde est réuni en terrain neutre », assure Sophie Lassalle. Profession­nel diplômé, le médiateur, impartial, écoute sans jugement les deux parties, leurs arguments, leurs souffrance­s, leurs colères… Il reprend les paroles des uns et des autres, par exemple : « Votre mère dit que vous ne lui confiez jamais les enfants, qu’en pensez-vous ? » ou « Votre

belle-fille ne veut pas vous laisser les enfants car vous fumez dans la maison, pourriez-vous la rassurer ? ». En reformulan­t ce qui est dit et en invitant chacun à s’écouter, le médiateur permet de lever des malentendu­s. « J’ai apprécié sa neutralité, sa bienveilla­nce », se souvient Christiane, 72 ans, qui a résolu son problème grâce à un médiateur. « Il m’a permis d’exprimer ma souffrance de ne plus voir ma petite-fille après le décès de sa mère, ma fille. J’ai compris que mon ex-gendre, qui avait refait sa vie, manquait de temps pour venir me voir. Nous avons pleuré en évoquant ma fille et cela nous a rapprochés. Aujourd’hui, j’appelle souvent ma petite-fille et elle vient me voir au moins deux fois par an. »

Parfois, un conflit plus ancien resurgit et les petits-enfants sont comme pris en otage dans une situation qui les dépasse. « Ils sont utilisés par les parents pour punir les grands-parents quand ces derniers ont rejeté le (ou la) conjoint(e) dont ils n’ont pas accepté la religion ou la culture différente, par exemple. Parfois aussi, l’un des parents nourrit une rancoeur qui date de sa propre enfance, regrette Monique Desmet. Après avoir créé un climat de confiance entre les parties, le médiateur rappelle l’importance du lien entre grands-parents et petits-enfants et, à mesure que les paroles se libèrent, chacun peut faire des propositio­ns pour améliorer les relations, chercher des solutions concrètes satisfaisa­ntes pour tous et surtout bénéfiques pour les enfants. » Cela peut être de se retrouver une fois par trimestre, dans un lieu neutre (parc, restaurant…), plutôt que se retrouver dans la maison d’une des parties. La plupart du temps, la confiance se rétablit progressiv­ement et l’on peut augmenter la fréquence et le temps de visite.

Une victoire quand le dialogue est rétabli

Si la médiation n’aboutit pas toujours à une solution, elle permet au moins que les grands-parents et leurs enfants bénéficien­t d’un

moment d’échange. « Il arrive que certaines personnes ne s’étaient pas adressé la parole depuis des années, affirme Sophie Lassalle. C’est déjà une victoire s’ils ont pu se parler et s’expliquer ! » Une solution qu’il est important de privilégie­r pour pouvoir renouer des liens avec ses petits-enfants, car à l’inverse, saisir la justice d’emblée est le meilleur moyen d’envenimer le conflit alors même que le résultat est incertain. « Parfois, même si le jugement rendu autorise des droits de visite aux grands-parents, les parents font en sorte que les décisions ne soient pas appliquées : ils prétendent que l’enfant est malade lors du rendez-vous, qu’il n’a pas envie de venir… », met en garde Sophie Lassalle. C’est donc rarement une solution miracle ! « D’autant que le juge n’octroie souvent qu’un droit de s’échanger des courriers ou de se voir quelques heures dans l’année », rappelle Monique Desmet.

Et Sophie Lassalle de conclure : « Il n’est jamais trop tard pour régler un conflit. Certaines rancoeurs très anciennes peuvent être tempérées, voire effacées, et les liens s’en retrouvent apaisés. »

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Selon la loi, un enfant a des droits, dont celui « d’entretenir des relations personnell­es avec ses ascendants ».
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Souvent, la voie de la médiation donne de meilleurs résultats que celle de la justice.
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Pour rétablir la relation, il faut accepter de mettre à plat les conflits avec les parents…

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