Maxi

Elle exploite seule un marais salant “Chaque jour, je m’émerveille de mon cadre de travail”

Presque par hasard, Michèle a découvert la récolte du sel: une activité qui lui a demandé de surmonter ses appréhensi­ons et qu’elle pratique aujourd’hui avec une passion qui ne la quitte plus.

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Ne m’appelez surtout pas saunière! Cela désigne la femme du saunier: celle qui, à l’origine, était aux côtés de son homme pour lui donner un coup de main dans le marais. Moi, je suis SAUNIER, c’est-à-dire que j’exploite un marais. Traditionn­ellement, les sauniers sont des hommes. D’ailleurs ici, à Ars-en-Ré, dans notre petite coopérativ­e, il y a soixante-dix hommes et cinq femmes : trois travaillen­t avec leur conjoint et deux, dont je fais partie, s’occupent seules de leur marais. Enfin seules… pas vraiment. Le monde des sauniers est fait d’entraide et de solidarité. Je l’ai découvert par hasard et je n’en changerais pour rien au monde ! les chemins qui les bordent… C’était merveilleu­x et étrange de retrouver les mêmes images ! Mais je me suis rendu compte que les ressemblan­ces ne se limitaient pas au paysage : nous étions à la fin des années 1990 et les sauniers portugais rencontrai­ent les mêmes difficulté­s que les sauniers rhétais au début du siècle. Les négociants leur proposaien­t d’acheter leur sel pour des sommes dérisoires. Je suis restée 6 mois à Aveiro: j’ai travaillé sur place pour financer mon séjour, j’ai étudié le portugais et, avec les gens de là-bas, nous avons appris à nous connaître et à nous apprécier mutuelleme­nt. Puis, je suis rentrée pour soutenir mon mémoire et quand, à la fin, mon professeur m’a demandé ce que je comptais faire ensuite, je me suis entendue lui répondre : « Je vais retourner à Aveiro pour aider les producteur­s à remonter une coopérativ­e de sauniers et éviter que les négociants ne les prennent à la gorge ! » Cette réponse n’était pas préméditée : je n’y avais jamais songé auparavant et, encore maintenant, je ne sais ce qui m’a décidée. C’était une sorte d’évidence ! J’avais suffisamme­nt appris à parler portugais pour me faire comprendre et les sauniers sont des passionnés : ils avaient envie que leur activité perdure, donc ils m’ont fait confiance. L’aventure a duré trois ans et elle a été formidable. Pourtant, rien ne m’y avait préparé! Pour monter la coopérativ­e, j’ai dû entrer en contact avec celles de Guérande et de l’île de Ré. Tous les membres m’ont aidée et conseillée sans relâche. Mais en 2002, tout s’est arrêté. Je suis rentrée en France. Je voulais rester dans ce milieu et j’ai découvert qu’il existait un centre de formation pour devenir saunier qui proposait un brevet profession­nel d’exploitant agricole. J’ai décidé de me former et, en complément de la partie théorique, j’ai dû faire un stage pratique que j’ai réalisé à l’île de Ré.

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