C’EST D’ACTUALITÉ Les aides-soignantes, des femmes formidables!
Au coeur de notre système de santé, ces professionnelles dévouées, dont on parle pourtant si peu, oeuvrent inlassablement pour faciliter le quotidien de celles et ceux dont elles ont la charge.
Parmi les 400000 aides-soignants qui s’activent aujourd’hui en France*, 89 % sont des femmes**. La moitié de ces pros se donnent sans compter au sein d’un hôpital public tandis que les autres ne ménagent pas leurs forces pour s’occuper au mieux des patients dans les cliniques, mais aussi des personnes âgées ou handicapées résidant dans des établissements spécialisés ou à domicile. Profession d’avenir : 230 000 postes sont à pourvoir d’ici 2022***. Si l’envie vous dit de rejoindre la grande famille des soignants…
Au quotidien avec les patients
Il suffit d’avoir fait, au moins une fois dans sa vie, un séjour à l’hôpital ou en clinique pour s’en rendre compte : les aides-soignantes sont présentes du matin au soir auprès des malades. « Quand j’ai été hospitalisée pour me faire retirer ma vésicule biliaire, elles étaient celles qui s’occupaient le plus de moi, raconte Josseline, 69 ans. Tous les matins, elles ouvraient les rideaux de la fenêtre de ma chambre, m’apportaient mes repas, m’aidaient à faire ma toilette… Et elles revenaient régulièrement tout au long de la journée pour voir comment j’allais et me demander si j’avais besoin de quelque chose… Elles avaient toujours le sourire aux lèvres! » Ni médecins ni infirmières, les aides-soignantes ne prodiguent pas de soins : elles ne font pas de piqûres, ne donnent pas de médicaments, mais elles n’en sont pas moins un maillon essentiel dans la grande chaîne des soignants car elles nous accompagnent dans tous les gestes de la vie quotidienne dès lors qu’on ne peut plus les effectuer soi-même. « Qu’il s’agisse de patients qui ont du mal à bouger momentanément, suite à une opération, ou de personnes âgées
et/ou handicapées qui ont perdu leur autonomie, notre rôle est de les aider à se laver et à manger, à aller aux toilettes… », explique Jessica, 47 ans, aide-soignante dans une clinique privée. Néanmoins, ces pros peuvent prendre la tension et la température des patients et alerter si besoin. « Nous travaillons main dans la main avec les infirmières », ajoute Jessica. Et Guillaume Gontard, président de la Fédération nationale des associations d’aides-soignants (Fnaas) d’ajouter : « Au contact permanent des malades et des résidents, les aides-soignants assurent un rôle essentiel d’informateur. Si un patient est soudainement fatigué ou que son état change brutalement, ils le signalent tout de suite à l’équipe d’infirmiers et de médecins, ce qui permet d’intervenir rapidement si besoin. »
Une relation privilégiée
Alors que les patients à l’hôpital et les résidents en établissement spécialisés se sentent souvent seuls, attendent avec impatience des visites, parfois très sporadiques, de leur famille et de leurs proches, ils peuvent compter sur les aides-soignants pour avoir des relations sociales. « Aujourd’hui, les infirmiers sont de moins en moins nombreux dans les services, car ils sont accaparés par les soins et les contraintes administratives, confirme Jessica. En nous occupant des patients en permanence pour couvrir leurs besoins physiologiques, nous créons avec eux une relation de confiance : certains nous avouent leurs peurs, nous racontent leur vie, nous parlent de leur famille, nous demandent de les aider à contacter leurs proches… Bref, c’est parfois une réelle intimité qui se met en place. » Alors que certains malades sont impressionnés par les médecins et leur jargon, ils n’osent leur poser des questions quant à leur maladie, leur opération et ses conséquences ou ses effets secondaires: ils se tournent vers les aides-soignants pour obtenir des réponses, s’exprimer, faire connaître leurs besoins…
« Certains d’entre nous passent parfois des années avec leurs patients ou résidents. Cela crée des liens très forts, un véritable attachement, rappelle Florence Braud. D’ailleurs, lors de notre formation, nous apprenons en théorie à ne pas nous attacher, mais c’est difficile. » En effet, dans les hôpitaux comme dans les établissements spécialisés, certains résidents et patients terminent leur vie : il faut apprendre à vivre avec cette idée, mais heureusement, les équipes en parlent entre elles et se remontent le moral quand un membre est particulièrement affecté. « J’ai exercé plusieurs métiers auparavant comme celui d’éducatrice, d’animatrice mais je ne me suis jamais sentie aussi utile qu’en étant aidesoignante. Même si notre métier est parfois mal considéré, il est très gratifiant ! »
Douceur et empathie
Pour devenir aide-soignant, pas question d’être ronchon ni trop
timide! « Les aides-soignantes qui se sont occupées de moi avaient toujours un petit mot gentil en venant dans ma chambre, confie Josseline. Elles avaient repéré que j’étais très anxieuse avant l’opération. Du coup, elles n’avaient de cesse de venir me voir pour m’apaiser et me rassurer. » Incontestablement, il faut aimer prendre soin des autres quand on est aide-soignant !
« Savoir écouter, apprécier les échanges, être curieux des autres pour nouer une relation avec les patients et les résidents… telles sont les qualités indispensables pour occuper un tel emploi », assure Guillaume Gontard. « La douceur, la patience sont également primordiales », ajoute Florence Braud. Mais il faut également faire preuve de respect, notamment face à des personnes malades, en perte d’autonomie, qui n’iront jamais mieux: il ne faut donc pas les infantiliser en les grondant comme des enfants par exemple ou les négliger en leur laissant des vêtements sales sous prétexte qu’ils ne s’en rendent pas vraiment compte. » Il est important de toujours se mettre à la place du patient ou du résident. « L’empathie est essentielle car elle permet d’imaginer ce qu’il ressent, explique Florence Braud. Cela nous évite de tomber dans une certaine routine et d’avoir des gestes mécaniques, comme leur donner à manger sans leur parler, sans chercher à établir un contact avec le regard… »
Le diplôme d’État d’aide-soignant (DEAS), obligatoire pour exercer ce métier, s’obtient à l’issue d’une année de formation où l’on apprend à accompagner au quotidien des personnes malades et fragilisées. Au coeur de notre système de santé, c’est l’humanité qu’il y a en chacun de nous qui peut trouver là, à s’exprimer.