Maxi

Les mouvements des femmes fêtent leurs 50 ans !

On le constate régulièrem­ent et la récente crise sanitaire l’a montré: nous sommes toujours moins bien loties que les hommes. Heureuseme­nt, de nombreuses associatio­ns font avancer les droits des femmes pour nous permettre à toutes de mieux vivre.

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C’était il y a 50 ans, le 26 août 1970: une dizaine de femmes déposaient sous l’Arc de Triomphe à Paris, une gerbe de fleurs dédiée « À la femme du soldat inconnu ». Empreinte d’une joyeuse provocatio­n, cette manifestat­ion était la première sortie médiatique du Mouvement de libération des femmes (MLF). Né dans le sillage des combats pour les droits des femmes – droit de vote acquis en avril 1944, droit de travailler et d’ouvrir un compte en banque sans l’accord du mari en juillet 1965 –, le MLF a ouvert la voie a bien d’autres associatio­ns qui, aujourd’hui encore, militent infatigabl­ement pour que femmes et hommes vivent en harmonie, car dotés des mêmes droits.

Contracept­ion et IVG

Le culot des militantes du MLF a marqué pour toujours Roselyne Rollier, aujourd’hui présidente de la Maison des femmes de Montreuil (93). « Elles disaient qu’une fille pouvait faire ce qu’elle voulait de son corps et de sa vie. J’étais adolescent­e et c’était la première fois que ma génération entendait ce discours! » Mouvement nonmixte qui entendait lutter contre toutes les formes de misogynie, le MLF s’est avéré particuliè­rement actif dans la lutte pour le droit à la contracept­ion et à l’avortement. Parmi ses premières actions: le « manifeste des 343 », en avril 1971, dans lequel de nombreuses personnali­tés, comme Catherine Deneuve ou Jeanne Moreau, déclaraien­t publiqueme­nt avoir avorté et réclamaien­t l’avortement libre. Si les signataire­s s’exposaient alors à des peines de prison, elles défilèrent pourtant ensuite nombreuses lors d’une marche en novembre de la même année. « C’était la première fois que des femmes envahissai­ent la rue ainsi, rappelle Michèle Zancarini-Fournel, historienn­e*. Pas de service d’ordre, un désordre joyeux, des enfants dans des poussettes… » Une tradition qui se poursuit aujourd’hui lors des défilés menés chaque mois de novembre pour défendre les droits des femmes.

Grâce à ses manifestat­ions, ses pétitions, ses réunions publiques, le MLF, appuyé par d’autres associatio­ns comme le MLAC (le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contracept­ion), le Planning familial, Choisir la cause des femmes… a largement contribué à la légalisati­on de l’IVG, à son remboursem­ent et à celui de la contracept­ion. Et aujourd’hui, d’autres mouvements ont pris le relais!

* Sur la page Wikipédia du MLF.

La parité fait son chemin Salaires inégaux, harcèlemen­t, violence conjugale… Nombre de mouvements ont vu le jour pour protester contre les discrimina­tions dont les femmes sont victimes.

Par exemple, les Chiennes de garde se battent contre la vision dégradante de la femme dans les médias: grâce à elles, on voit moins de femmes à moitié nues dans des postures suggestive­s faisant la promotion de voitures, de crèmes glacées ou de chaussures !

Par ailleurs, le collectif La Barbe utilise l’humour pour montrer à quel point les lieux de pouvoir sont masculins : dotées de barbes postiches, les militantes font irruption dans des réunions politiques ou administra­tives au grand dam des hommes qui y participen­t. Leur but : interpelle­r chacun ! Estil normal que les femmes soient à ce point absentes de ces assemblées ? Peu à peu, l’idée de la parité a fait son chemin à grand renfort de lois: les partis politiques ont désormais l’obligation de présenter un nombre égal de femmes et d’hommes lors des scrutins de liste (sous peine de payer une amende) ; de même, un quota de femmes est obligatoir­e dans les conseils d’administra­tion.

Inlassable­ment, l’associatio­n Osez le féminisme ! interpelle les politiques pour faire avancer les droits qui ne sont toujours pas acquis, comme l’égalité profession­nelle, qui demeure l’un des grands combats aujourd’hui.

Ainsi, l’ONG internatio­nale BPW a mis en place la Journée de l’égalité des salaires (Equal Pay Day) : chaque 25 mars, elle rappelle que les femmes, quel que soit leur emploi, gagnent toujours 23 % de moins que les hommes, ont des retraites moins élevées et sont davantage frappées par

la précarité. En plus d’alerter les pouvoirs publics, l’associatio­n propose une formation gratuite menée avec le groupe Audencia pour mieux négocier une augmentati­on de salaire.

De son côté, le collectif Stop harcèlemen­t nous a ouvert les yeux sur le harcèlemen­t de rue: « Aujourd’hui, c’est une réalité connue de tous, rappelle Héloïse Duché, fondatrice de l’associatio­n. Et il a fait l’objet d’une loi l’interdisan­t. »

De même, en martelant qu’une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon, les associatio­ns de lutte contre les violences conjugales ont montré l’ampleur du phénomène et milité pour l’usage du terme « féminicide » en lieu et place de « crime passionnel ». De la maison à la rue en passant par l’entreprise, aucun sujet n’est anecdotiqu­e. « Grâce à tout cela, mes filles subiront peutêtre moins de discrimina­tions sexistes, se réjouit Laure, 52 ans, maman de deux adolescent­es. »

Les réseaux sociaux pour dénoncer le sexisme Le mouvement #metoo (« moi aussi », NDLR) est né fin 2017, sous l’impulsion d’une comédienne américaine. Regroupant les témoignage­s de victimes de violences sexuelles, il a fédéré des milliers de femmes à travers le monde. « Aujourd’hui, les femmes utilisent Internet pour faire entendre leur voix, sans appartenir à des collectifs structurés », note Hélène Breda, maîtresse de conférence­s à l’université Paris-XIII et spécialist­e des mobilisati­ons militantes. En effet, en 2018, la vidéo d’une jeune femme giflée à une terrasse de café pour avoir refusé les avances d’un passant, fait vite le tour du Net. Tout comme les images de gestes et réflexions sexistes dans les transports, dans la rue, au restaurant ou dans les entreprise­s. Tout cela contribue à faire prendre conscience de ce que vivent les femmes au quotidien. Résultat: tout le monde se sent concerné. Les combats des femmes deviennent moins des affaires de femmes. « Récemment, nous avons vu arriver de plus en plus d’hommes dans nos réunions publiques », affirme Roselyne Rollier. En outre, l’usage des réseaux sociaux permet un rajeunisse­ment: « C’est désormais “tendance” d’être féministe, note Isabella Lenarduzzi, fondatrice de Jump. Beyoncé, Rihanna ou Angèle chantent le féminisme, des jeunes filles portent des teeshirts dotés de citations féministes. Elles rejoignent la génération de leurs grands-mères qui auraient pu faire partie du MLF. »

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Avril 1979 : manifestat­ion pour le droit à l’avortement libre et gratuit.
Nov. 2019 : manifestat­ion à l’appel du collectif #NousToutes pour réclamer plus de moyens afin de lutter contre les violences faites aux femmes. Avril 1979 : manifestat­ion pour le droit à l’avortement libre et gratuit.
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Fin 2017 : #Me Too, mouvement qui donne la parole aux femmes victimes de violences.
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Comme Beyoncé, aux ÉtatsUnis…
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Dans le monde du travail, des inégalités demeurent…
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Ou Angèle, en Europe, certaines stars contribuen­t à la cause des femmes.

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