Maxi

Une étonnante renaissanc­e après un traumatism­e “Grâce à lui, je suis redevenue une femme”

Après avoir été violée, Pascale s’est sentie privée d’une vie intime épanouie. Mais quand elle a divorcé, elle a croisé la route d’un « accompagna­nt » qui a changé sa vie.

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Si vous me demandez si cela va « sur ce plan-là », oui, tout va bien, merci. Je n’ai pas encore retrouvé le grand amour et j’aspire toujours à revivre une belle histoire. Mais, au moins, je ne suis pas complèteme­nt seule. Je vis des histoires sans engagement, certes. Les plus jeunes appellerai­ent sans doute ces compagnons des « sex friends ». Et alors, pourquoi une femme de 50 ans n’aurait-elle pas le droit au plaisir ? Quand on sait d’où je viens, c’est une révolution. Désormais, je me sens pleinement femme et vivante depuis qu’une rencontre a changé ma vie.

Une partie de moi était morte l’année de mes 12 ans. Cette année-là, je prends des cours de couture avec une copine. Je suis censée rentrer chez moi à pied avec une camarade mais son père arrive et nous raccompagn­e. À un moment, je me retrouve seule avec lui dans son garage. C’est là qu’a lieu mon premier viol. Il me plaque contre un mur, je me débats, je le mords. Sa peau a un goût infect. J’ai 12 ans, lui en a environ 40. Je ne hurle pas : sa famille est juste au-dessus et mon frère aussi. Je ne veux pas que ses enfants découvrent que leur père est un agresseur et un violeur, ni sa femme d’ailleurs. Alors, je continue de lutter et finis par lui échapper. J’en parle immédiatem­ent à ma mère qui me dit que je dois oublier et me conjure de ne surtout rien dire à mon père. Je ne la juge pas, car c’était une autre époque.

Cependant, les conséquenc­es seront terribles pour ma future vie intime. Je n’avais encore jamais flirté, alors autant dire que ce crime ne me facilitera pas mon futur épanouisse­ment personnel. Sans compter que j’ai été victime d’une seconde agression sexuelle, pendant mon adolescenc­e, après avoir été droguée. Dès lors, je vais lutter contre mes peurs et mes terreurs quand il faudra échanger un premier baiser et avoir mes premières vraies relations sexuelles. Ces agresseurs m’ont volé mon innocence et une bonne partie de ma vie d’adulte. J’ai été privée de mon corps, d’une sexualité épanouie et de la légitimité à ressentir du désir et du plaisir. Mais pas pour toujours…

J’ai croisé le chemin d’Alex, il y a deux ans, à une conférence. Il est arrivé au bon moment dans ma vie alors que j’étais en plein divorce. Après 20 ans de mariage et une vie intime très terne, notre union a pris fin lorsque mon mari m’a annoncé qu’il avait trouvé quelqu’un d’autre. À 50 ans, ma vie de femme était-elle finie ? Ou, surtout, avait-elle seulement commencé ? Sans rien en attendre de particulie­r, et surtout poussée par mes amis, je me suis rendue à une conférence sur le thème « Sortir de sa zone de confort ». J’ai été servie ! Un certain Alex y participai­t aussi. En discutant avec lui lors d’un atelier, j’ai appris qu’il voulait développer une activité d’assistant sexuel. Alors que cela n’existe théoriquem­ent que pour les personnes en situation de handicap, il souhaitait élargir cette activité à des femmes ayant subi des traumatism­es. Il parlait avec beaucoup de bienveilla­nce et d’empathie de femmes violées qu’il avait connues et aidées. Il m’a proposé ses services, j’ai réfléchi, et accepté. Nous avons commencé doucement par des messages tantriques très chastes. Si je voulais retrouver mon corps, il fallait que je me prenne en main. Malgré mes complexes, j’ai réussi à me déshabille­r devant lui. Dès notre première séance, j’ai été très étonnée de ressentir du désir. Il m’a dit : « Je veux t’emmener vers la femme pleinement épanouie que tu dois être ». Et il a réussi. Notre « relation » a duré neuf mois. À la fin, j’ai même réussi à mettre fin

Mon corps est devenu un territoire pacifié, plaisant, sans murs

à la psychothér­apie que je suivais depuis des années. J’étais enfin prête à vivre.

Si je partage mon histoire aujourd’hui, c’est pour que mon expérience serve à d’autres. Grâce à Alex, mon corps est devenu un territoire pacifié, plaisant, sans murs. C’est un magnifique cadeau qu’il m’a fait. Grâce à lui, je suis redevenue une femme. Après l’avoir « quitté », j’ai réussi à faire des rencontres. Le premier homme que j’ai fréquenté avait près de vingt ans de moins que moi! J’étais tétanisée, mais il fallait vraiment que je me lance car j’avais peur de revenir en arrière. Mais tout s’est bien passé et cette relation a été une jolie parenthèse dans ma nouvelle vie. J’ai enfin pu m’inscrire sur des sites de rencontre et envisager de nouvelles relations. J’ai aussi écrit un livre* pour aider d’autres femmes. En effet, nos difficulté­s intimes et nos entraves peuvent être de natures tellement différente­s. Certaines ont subi une agression sexuelle, d’autres des relations abusives dans leur couple ou souffrent de complexes suite à une maladie ou une opération. Pourquoi ne pas se faire aider avec un accompagne­ment approprié? Je suis persuadée que cette forme de thérapie devrait être un droit pour nous, les femmes. Pour creuser la question, j’ai même entamé une reconversi­on pour devenir sexothérap­eute. Nous avons toutes le droit d’être heureuses et épanouies… Pascale

* J’ai suivi un accompagne­ment sexuel, de Pascale Causier, éd. Dunod.

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