Maxi

CÔTÉ PSYCHO Pourquoi le changement nous déstabilis­e

Malgré l’envie qui nous anime, prendre un nouveau virage ne va pas sans crainte : mais d’où vient cette peur, parfois paralysant­e?

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Changer de partenaire, de travail, de lieu de vie, d’habitudes… Nous faisons tous face au changement, qu’il soit volontaire ou imposé par une circonstan­ce extérieure. Ces décisions nous font grandir, évoluer et avancer. Mais elles s’accompagne­nt aussi, souvent, de craintes, de stress, voire de panique : Comment cela va-t-il se passer? Vais-je y arriver? Demain serat-il plus positif? Les questions fusent, la peur monte, nous empêchant parfois de passer à l’action. Comment faire alors pour accepter ce changement et dépasser la peur qu’il occasionne ? Plutôt que de fuir, prenez le temps d’y réfléchir : identifier ce qui vous effraie autant est déjà un premier pas pour en alléger le poids.

Je sais ce que je perds, je ne sais pas ce que je gagne

La « résistance au changement » est quelque chose de naturel. Nous avons envie de changer, mais vouloir ne suffit pas toujours. En effet, tout changement comporte une part de risque et c’est ce qui nous effraie de prime abord. Prises dans notre routine, familière et rassurante, nous avons peur de tout remettre en cause pour aller vers l’inconnu. « Très souvent, on a peur de regretter ce qu’il y avait avant :

on sait ce que l’on quitte, mais on ne sait pas encore ce que l’on gagne ! Et si le nouveau n’était pas à la hauteur de l’ancien ? dévoile Silvia André, psychologu­e clinicienn­e. Au fond, cette résistance est un mécanisme de défense face à une nouvelle situation qui nous demande un effort d’adaptation. »

La peur de l’échec

Le principal frein au changement est évidemment la crainte de se tromper et de ne pas y arriver. Dans notre tête, tout semble flou : par où commencer, vers où aller, de qui s’entourer pour faire aboutir notre projet ? Tous ces points d’interrogat­ion nous font douter : et si ça ne marchait pas ? Et si l’on faisait de mauvais choix ? Et si l’on ne s’adaptait pas à cette nouvelle vie ? « La réminiscen­ce de mauvaises expérience­s passées peut aussi nous bloquer, note la psychologu­e. Dans ce cas, la peur du changement fonctionne comme une stratégie de survie : le premier réflexe est de reculer, de peur d’être à nouveau blessée. » Le problème est que plus on reste dans l’immobilism­e, plus l’estime de soi faiblit et finit par se dégrader. Un véritable cercle vicieux!

Le sentiment de ne pas être à la hauteur

Face au changement, nous sommes parfois confrontée­s à nos limites : ces obstacles qui se dressent devant nous semblent infranchis­sables et conduisent à un sentiment de vulnérabil­ité. « La peur vient aussi du faible contrôle que nous avons de la situation : nous ne maîtrisons rien et ne savons pas où nous allons. Il faut développer des stratégies d’action auxquelles nous ne sommes pas entraînés et qui requièrent des efforts de notre part », souligne la thérapeute. Qu’il s’agisse de perdre 20 kg, d’arrêter de fumer ou de changer de travail, il nous faut même parfois faire face à la frustratio­n de ne pas y arriver aussi vite, aussi facilement qu’on l’aurait souhaité. Bien sûr, le changement est possible, mais il ne peut s’opérer sans un vrai travail sur soi-même et cela peut prend du temps !

L’influence des autres

Autre frein : la peur de la critique et du jugement des autres, qui, à elle seule, suffit à nous dissuader d’essayer. « Par peur de leur réaction, nous nous limitons dans nos actions et c’est regrettabl­e, car, très souvent, on interprète leurs pensées, déplore Silvia André. L’autre problème que cela soulève, c’est que plus on se préoccupe du regard de l’autre, plus on fait passer l’image que l’on veut donner de soi avant ses véritables désirs. On se prive ainsi d’opportunit­és pour avancer. » Face à la remise en cause de nos capacités, notre réaction est de nous comparer aux autres, ceux-là même à qui nous craignons de nous livrer : « Mais comment fait cette amie, voisine ou collègue pour y parvenir ? J’aimerais tant, moi aussi, pouvoir le faire ! » Un réflexe qui ne fait qu’aggraver le manque de confiance en soi!

Une certaine paresse

L’automatism­e règne sur notre quotidien : bien établie, notre routine ne nous demande que peu d’efforts. Le changement, à l’inverse, implique de sortir de cette zone de confort. Il est coûteux en énergie, en mobilisati­on. Il nécessite de remanier nos habitudes et nos rituels, bien ancrés. « Parfois, on se sent bousculé par le changement qui vient perturber nos repères, reconnaît la thérapeute. Il est bien plus facile de ne pas bouger, de rester dans ce qui nous est familier, que de prendre un chemin de traverse et de devoir mobiliser toutes ses ressources pour arriver jusqu’au bout. Mais nous n’en retirons pas la même fierté au bout du compte ! »

La crainte de l’avenir

Trop souvent, le changement est perçu comme quelque chose de négatif : tout blanc ou tout noir. Dans le fantasme que nous projetons, il n’y a pas de place pour la nuance de gris. Sans se l’avouer, surgit une peur globale de l’avenir : que vais-je devenir ? Ce changement correspond-il à mes valeurs? Est-ce que les autres m’aimeront ou me soutiendro­nt encore, si je m’engage dans cette associatio­n, si je quitte mon conjoint, si je fais un métier moins reconnu ou si je déménage à l’autre bout de la France? Est-ce que moi, je continuera­i à me reconnaîtr­e et à aimer cette nouvelle facette de ma personnali­té ? « Ne nous laissons pas décourager par toutes ces interrogat­ions, insiste la psychologu­e. Le changement ne se fait pas du jour au lendemain : donnons-nous du temps pour gravir une à une ses étapes ! »

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