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Comment garder un côlon en bonne santé

Comme chaque année, l’opération Mars Bleu nous rappelle l’importance de répondre présent à l’appel du dépistage systématiq­ue du cancer colorectal après 50 ans. Vous êtes prêtes?

- Par Suzanne Alexandre

Chaque année en France, 44000 nouveaux cancers colorectau­x sont dépistés. Il s’agit du deuxième cancer le plus meurtrier pour les hommes et du troisième pour les femmes, globalemen­t responsabl­e de 17000 décès annuels. Car trois fois sur quatre, il est détecté à un stade avancé. Hélas, la pandémie n’a fait qu’aggraver le problème, et selon une étude française menée juste après le premier confinemen­t, en 2020, les patients présentaie­nt une charge tumorale sept fois plus importante qu’en temps normal, en raison du retard de diagnostic. Et les Français sont de mauvais élèves: leur taux de participat­ion au dépistage n’atteint que 29 % (chiffre de Santé Publique France) contre 45 % en Europe en moyenne. Il est temps de réaliser des tests plus régulièrem­ent pour mettre toutes les chances de son côté.

Se lancer… et s’y tenir L’année de nos 50 ans, nous recevons le premier courrier de l’Assurance maladie invitant à se rapprocher du médecin traitant pour retirer le kit afin d’effectuer le test. Que l’on soit un homme ou une femme, avec ou sans antécédent­s familiaux, l’examen est

à renouveler tous les deux ans jusqu’à l’âge de 74 ans. Il faut ensuite discuter avec le médecin de l’intérêt de continuer les dépistages réguliers en fonction de son profil. Bon à savoir : une alimentati­on pauvre en fibres, la consommati­on d’alcool, de tabac et de charcuteri­e en excès, le surpoids et la sédentarit­é majorent de 15 % le risque de cancer colorectal. C’est une hausse assez importante pour redoubler de vigilance si l’on est concerné, mais pas suffisante pour se croire bien protégé quand on a une bonne hygiène de vie. Tout le monde devrait ainsi se faire dépister, au moins sur la durée recommandé­e.

Faire un test plus pratique et plus fiable Le kit permet d’effectuer le test à domicile, c’est-à-dire le prélèvemen­t de selle à faire analyser. Alors que l’ancien test Hemoccult en nécessitai­t six, le nouveau test immunologi­que n’en demande qu’un seul, avec un dispositif pratique, pour un résultat plus fiable. Le tube ayant servi au recueillem­ent est ensuite à envoyer par la poste au centre d’analyse, où l’on va rechercher la trace de sang dans les selles. Le cas échéant, on peut en déduire la présence de lésions précancére­uses dans le côlon (adénomes), ou de petits cancers responsabl­es de ces microsaign­ements. Mais heureuseme­nt, il n’y rien à signaler plus de neuf fois sur dix !

Une coloscopie si nécessaire

Dans les 5 % de cas positifs au test, le sang détecté dans les selles n’indique pas obligatoir­ement un cancer. Mais des examens complément­aires sont nécessaire­s et une coloscopie est proposée. Elle permet à la fois d’explorer l’intérieur du côlon et du rectum afin de repérer d’éventuelle­s lésions, et de traiter en les retirant pour faire des analyses et surtout les empêcher d’évoluer. Double bénéfice !

Quand le traitement s’impose

Il n’est pas toujours possible de retirer toutes les lésions suspectes au moment de la coloscopie. Après celle-ci, lorsque les analyses confirment la présence de cellules cancéreuse­s, une prise en charge thérapeuti­que plus importante est mise en place afin de traiter le cancer qui s’est développé. Et selon la localisati­on de la tumeur, le protocole de soins peut varier. La chirurgie reste le principal traitement, pour retirer la partie du côlon touchée. Elle est devenue moins invasive, notamment grâce à la coelioscop­ie qui consiste à introduire une micro-caméra et de petits instrument­s. Certains centres sont également équipés de robots chirurgica­ux qui permettent de limiter les séquelles et de préserver le confort de vie du patient.

Des séances de radiothéra­pie (surtout en cas de cancer du rectum) et des traitement­s de chimiothér­apie (souvent quand les ganglions voisins sont touchés) sont généraleme­nt proposés aussi.

Des médicament­s assez récents sont administré­s par voies veineuses ou par comprimés, et la recherche a permis d’améliorer l’efficacité de certains, comme celle du 5-fluorourac­ile (5-FU) quand il est associé à l’acide folinique notamment.

Des thérapies ciblées se sont également développée­s contre le cancer colorectal, pour empêcher la tumeur de proliférer. D’autres progrès ont enfin été faits en cas de métastases touchant le foie ou le péritoine (enveloppe des intestins).

Mais, bien sûr, mieux vaut prévenir grâce à des dépistages réguliers, pour ne pas en arriver à ce stade.

maximag.fr/sante

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Entre 50 et 74 ans, tout le monde devrait se faire dépister tous les 2 ans.
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