Vous détenez un lourd secret
Souffrances et non-dits… Vous vous demandez à qui parler et s’il faut briser le tabou.
Viol, inceste, adoption, avortement, suicide, adultère, enfant illégitime… Le secret de famille est aussi lourd à porter qu’à recevoir. Il concerne la plupart des familles ou presque. Les anciennes générations avaient en effet tendance à cacher beaucoup de choses par pudeur, par volonté de protéger. « Le problème, c’est que le secret empoisonne : il se sent, il se sait et se transmet aux générations suivantes chez qui cela a parfois de lourdes conséquences », explique Catherine Pierrat, psychologue*. Mal-être inexpliqué, répétition de drames vécus par nos parents ou grands-parents, douleurs, maladies : le seul moyen d’en sortir est de briser le tabou. « Pour soi, mais aussi pour les autres, souligne la thérapeute. Si le secret perdure, il va s’enkyster. La révélation peut être un choc, mais elle sera profitable à tous sur le long terme. »
Lever le secret ne se fait pas à la légère. Pour cela, vous devez interroger avec délicatesse les membres de votre famille. Parlez de votre ressenti et évoquez les quelques preuves recueillies. « Beaucoup de gens savent mais ne veulent trahir personne, poursuit la thérapeute. Si vous vous heurtez à un mur, allez voir vos tantes ou vos cousines plus éloignées : elles peuvent parler plus facilement. » Prenez votre mal en patience : parfois la parole ne se libère pas instantanément, mais ces questions remuent et amènent tôt ou tard un changement. « Parfois, les choses se débloquent deux ou trois ans après. Dans tous les cas, dire ce que l’on a sur le coeur décharge déjà d’un grand fardeau. »
S’il est impossible d’en parler autour de vous, si les personnes concernées sont décédées, livrezvous à un thérapeute. Celui-ci pourra vous aider à effectuer un acte symbolique (par exemple, aller porter une plante sur la tombe de la personne qui a été blessée), pour vous décharger de ce secret qui n’est pas le vôtre.