“NOS DÉCHETS CORPORELS SONT DES RESSOURCES ! ”
La chercheuse nous invite à considérer l’intérêt des toilettes sèches pour l’environnement.
Quel enjeu représentent les déchets corporels ?
Nos excréments contiennent de la matière organique, de l’azote et du phosphore qui sont essentiels à la vie. Aujourd’hui, quand on tire la chasse d’eau, ces nutriments sont envoyés dans les eaux usées qui doivent ensuite être « nettoyées ». Et il en reste toujours une partie qui part dans les rivières et les mers. Azote et phosphore nourrissent alors les algues qui prolifèrent et sont responsables des marées vertes. La gestion de nos excréments pose donc deux enjeux environnementaux : celui de l’eau potable, car plus de 30 % de l’utilisation de l’eau domestique passe dans la cuvette des toilettes, et l’usage de l’azote et du phosphore qui, au lieu de polluer le milieu aquatique, pourraient être valorisés en engrais naturels.
On pourrait donc les réutiliser ?
Oui ! Ce sont des ressources pour l’agriculture. Avant l’existence de la chasse d’eau,
on collectait ces matières pour les mettre dans les champs, à l’instar des fumiers animaux. Aujourd’hui, il faudrait collecter séparément les urines et les matières fécales. Techniquement, c’est possible sans relents d’odeurs, sans problème d’hygiène et sans risques sanitaires. Mais cela implique aussi et surtout de considérer autrement nos toilettes et nos excréments.
Y a-t-il déjà des expérimentations ?
Oui. À Paris, Bordeaux et Troyes, plusieurs bâtiments ont été équipés de toilettes sèches séparatives, afin d’assurer une meilleure gestion des excreta (substance excrétée par un organisme vivant) qui sont traités sur place ou régulièrement collectés par des professionnels. Les retours des habitants sont satisfaisants. Et, si l’on en juge par l’augmentation du nombre d’adhérents aux groupes Facebook dédiés, les toilettes sèches intéressent de plus en plus de personnes.
Pour en savoir plus : leesu.fr/ocapi.