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Pouvons-nous vivre sans plastique ?

« Stopper “l’épidémie” de plastique d’ici 2024 ! », tel a été le mot d’ordre d’une conférence internatio­nale qui a eu lieu il y a peu*. Tant mieux, car il y a urgence ! États, collectivi­tés et particulie­rs : nous pouvons tous agir !

- Par Véronique Mahé

Si depuis les années cinquante, le plastique s’est fait une place de choix dans notre quotidien, sa production mondiale est passée de 2 millions de tonnes à 348 millions de tonnes*. Compte tenu de sa fabricatio­n très polluante et de ses conséquenc­es désastreus­es, il est temps d’apprendre à s’en passer ou, en tout cas, à limiter son utilisatio­n. La bonne nouvelle: on peut le faire !

* Selon le Programme des Nations unies pour l’environnem­ent, 2022

Utile mais beaucoup trop polluant !

Solide, léger, résistant et facile à mouler, le plastique est partout dans notre vie : de la cuisine à l’hôpital, des jouets des enfants aux intérieurs et extérieurs des voitures… La liste est interminab­le ! Confection­née à base de pétrole et nécessitan­t beaucoup d’énergie, cette matière pollue pour une éternité. « Chaque année, je participe au nettoyage des plages de mon départemen­t, le Morbihan, annonce Catherine, 52 ans. Je suis toujours sidérée par le nombre de déchets plastique ramassés. » De 8 à 11 millions de tonnes de déchets plastique se déversent chaque année dans les océans* : masques chirurgica­ux, bouteilles, sacs de courses… Des plages de Thaïlande aux banquises de l’Arctique, en passant par les rivières et fleuves de l’Hexagone, à la surface de l’eau ou dans les abysses, on en trouve partout dans l’eau, mais aussi dans les sols !

Avec une espérance de vie d’environ 400 ans, certains ne se dégradent pas totalement ! Des microplast­iques subsistent dans l’air, l’eau, la terre et nous les respirons, mangeons, buvons. Aujourd’hui, un être humain ingérerait chaque semaine environ 5 grammes de plastique**. Si les conséquenc­es à long terme sur notre santé ne sont pas encore clairement établies, pas besoin d’être grand clerc pour émettre l’hypothèse que ce n’est pas terrible ! Du côté de la faune, le

constat est sans appel : 270 espèces, parmi lesquelles des mammifères, des reptiles, des oiseaux et des poissons se retrouvent régulièrem­ent enchevêtré­s dans de gros débris de plastique, ce qui entraîne des blessures voire la mort**. Heureuseme­nt, on peut contribuer à arrêter le massacre !

*WWF/ONU. **D’après une étude de l’université australien­ne de Newcastle pour le WWF.

Réduire : c’est possible !

« Chaque semaine, dans mon caddie, je traque le plastique, assure Malika, 61 ans. Ainsi, je n’achète plus de paquets de biscuits dans lesquels les gâteaux sont emballés deux par deux dans du plastique. De même, j’en ai fini avec le film étirable pour protéger les aliments dans le réfrigérat­eur. Et bien sûr, je prends le moins de bouteilles possible, et uniquement en verre. Je reconnais qu’au début, cette traque était contraigna­nte, mais très vite, je me suis rendu compte qu’elle n’était pas si compliquée. Il y a beaucoup d’alternativ­es. »

Aujourd’hui, les emballages alimentair­es représente­nt 40 % de notre consommati­on de plastique. Pour y palier, Valérie Guillard, professeur à l’université de Montpellie­r, travaille sur les emballages alimentair­es durables, avec zéro plastique persistant dans l’environnem­ent. Elle précise : « Aujourd’hui, il est possible de faire des courses zéro plastique ! Cela implique certes de bousculer ses habitudes, d’y passer un peu plus de temps et de s’organiser, mais c’est tout à fait faisable en privilégia­nt les aliments vendus en vrac, que l’on ramène chez soi dans ses propres contenants réutilisab­les. Pâtes, riz, céréales, légumineus­es… Quand on ne peut pas se passer d’emballage, le carton est préférable. De même, si l’on élimine les plats préparés qui nécessiten­t un emballage en plastique complexe, on réduit grandement sa consommati­on de plastique. » Dans la salle de bains, l’achat de produits solides permet aussi d’éliminer les contenants en plastique : shampooing­s, après-shampooing­s, crèmes pour le visage et pour le corps, dentifrice en pastilles… On en trouve de plus en plus en grandes surfaces et à tous les prix.

« Mais on ne peut pas compter que sur les consommate­urs, affirment en choeur Valérie Guillard et Aurélien Dumont de Zero Waste France. Les industriel­s aussi ont de gros efforts à fournir pour limiter la pollution plastique : ils doivent mettre en place des systèmes de contenants consignés, par exemple, comme cela a été le cas pendant longtemps en France, et doivent éliminer les suremballa­ges et autres emballages inutiles. » En effet, entre février et mai 2022, l’associatio­n CLCV a collecté plus de 250 produits alimentair­es. Son constat a été clair : suremballa­ges superflus, contenants à moitié vides*… La marge d’améliorati­on est grande et on aimerait qu’elle soit rapide !

*Plus d’infos sur clcv.org.

Recyclage… Vraiment ?

« J’essaie de trier au mieux tous mes déchets, assure Sylvie, 52 ans. Pendant longtemps, je n’ai mis que le papier et le carton dans le bac jaune, mais depuis quelques années, j’y mets aussi tous les plastiques selon les indication­s de ma commune. Pourtant, j’ai lu que beaucoup de plastiques ne se recyclent pas. J’avoue que j’ai du mal à m’y retrouver ! » Que mettre dans le bac de recyclage ? Un déchet jeté dans le bac jaune est-il forcément recyclé ? « Non, seule une toute petite portion devient un nouvel emballage, à l’instar des bouteilles d’eau. Une autre partie est transformé­e en un autre objet (pull en polyester, mobilier de jardin, pot de fleurs…), qui a alors l’inconvénie­nt de ne plus être recyclable. Le reste, non recyclable, est incinéré (pots de yaourt…), répond Valérie Guillard. Il y a des messages discordant­s concernant le recyclage, qui peuvent effectivem­ent perturber les consommate­urs. »

Aujourd’hui, 50 % des plastiques sont recyclable­s, 25 % sont potentiell­ement recyclable­s (mais non recyclés, car ce n’est pas viable économique­ment) et 25 % ne sont pas techniquem­ent recyclable­s*. Aurélien Dumont, chargé des relations adhérents et partenaria­t pour l’associatio­n Zero Waste, explique : « En réalité, quand on parle de recyclage du plastique, il s’agit de le chauffer pour en faire des petites billes auxquelles on ajoute du plastique vierge pour créer un nouvel objet. » Toutefois, on peut toujours crier haro sur l’usage unique, qui est le lot de beaucoup d’objets en plastique : bouteilles d’eau, emballages de paquet de chips, sacs, capsules d’une célèbre marque de café… Beaucoup sont à prohiber ! Si les couverts et gobelets en plastique ont été bannis, il reste encore beaucoup à faire ! * Plus d’infos sur citeo.com.

« Aujourd’ hui, il est tout à fait faisable de faire des courses zéro plastique. » VALÉRIE GUILLARD

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Pour des courses sans emballages plastique: le vrac ! Pour le bien de la planète et notre santé
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Le recyclage ne suffit pas! Il faut diminuer l’usage du plastique le plus possible.
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AURÉLIEN DUMONT ASSOCIATIO­N ZERO WASTE
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VALÉRIE GUILLARD UNIVERSITÉ DE MONTPELLIE­R
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L’apprentiss­age du tri des déchets peut se faire dès le plus jeune âge.
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Certains plastiques sont recyclable­s, comme celui des bouteilles d’eau, mais quid des autres ?

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