Maxi

“J’agis pour l’environnem­ent tout en m’émerveilla­nt ”

Cet été, avec deux complices, Anaëlle a écumé les côtes et les rivages pour ramasser les déchets, une aventure qui invite tous les riverains, à pied, en kayak ou à vélo, à faire de même !

- Par Catherine Siguret

Le meilleur moyen de lutter contre l’écoanxiété avant de devenir l’un des grands décideurs de ce monde, c’est de faire sa part, à son échelle ! C’est ce que j’ai découvert en 2020, après des études sur le comporteme­nt animalier, puis un engagement auprès des jeunes dans l’éducation populaire pour les motiver à s’engager dans la société. J’ai compris grâce à eux, à 27 ans, que les jeunes génération­s manquaient de contact avec la nature, notre mère à tous, et qu’ils étaient beaucoup plus sensibles à l’action qu’au discours. Inquiète pour l’avenir de la planète qui dépérit, c’est en regardant un documentai­re que j’ai compris qu’il fallait agir. On y suivait un citoyen qui ramassait les déchets en mer, à la nage, et montrait l’ampleur de la pollution plastique, surtout en Méditerran­ée. Quand j’ai quitté mon CDI pour monter l’associatio­n « Tout sur ma mer », ma grand-mère m’a demandé si j’allais bien ou si j’avais un problème. Pour elle, le progrès, c’était le jetable, le plastique, comme toutes les génération­s de l’après-guerre qui ont souffert des tâches ménagères. Moi, je crois à l’entre-deux, sans vouloir condamner personne, juste sensibilis­er. J’ai lancé le Projet Azur*, de l’Italie à l’Espagne, en kayak jusqu’à l’étape de Marseille, et à vélo jusqu’à l’Espagne, en mobilisant les habitants à chacune des dix étapes du parcours. Informés par le site, les réseaux sociaux, les mairies et la presse régionale, 735 riverains ont participé aux opérations nettoyage, avec un résultat de trois tonnes et demie ! Le kayak et le vélo me servent à aller d’une étape à l’autre, mais le ramassage se fait à pied.

À 70 %, on trouve du plastique, du polystyrèn­e, des barquettes et denrées, des résidus de chantier, des valises, des vêtements synthétiqu­es, des mégots, et surtout des bouteilles. La base, sans se priver énormément, c’est de boire l’eau du robinet en ayant une gourde. C’est tellement aberrant d’acheter de l’eau alors qu’on vit dans un pays où coule l’eau potable. On trouve aussi des métaux, des canettes, des batteries de téléphone, qui n’ont aucune chance de se dégrader dans l’environnem­ent, pas comme le verre, composé de sable. Pour tous les volontaire­s, c’était une prise de conscience, comme une thérapie : agir, c’est se désangoiss­er.

Les participan­ts ne sont pas des extrémiste­s de l’écologie, mais des citoyens conscients, beaucoup de familles avec des enfants, aujourd’hui très sensibilis­és et heureux de pouvoir faire quelque chose pour la nature. Les enfants adorent avoir le droit de ramasser des choses sales et ont les mêmes compétence­s, et le même impact que les adultes, pour une fois ! Ce que j’ai constaté dès la première année, c’était que 80 % des déchets trouvés dans la mer viennent de la terre, plus que de la mer ou des plages, par les fleuves dont le flux ramasse tout ce qui traîne. Alors, j’ai décidé l’année suivante de faire la même chose sur la Loire, un trajet en kayak, l’autre à vélo. C’est en kayak que j’ai rencontré ma première camarade en éco-aventure, Solène, 25 ans, et à vélo que j’ai rencontré Philomène, 36 ans, notre doyenne. L’été dernier, pour la troisième opération du Projet Azur, nous avons lancé trois actions, cette fois avec Solène, qui descendait la route des Alpes à vélo en suivant le cours de l’eau d’Annecy à Menton, Philomène qui suivait à vélo et à pied le cours de la Loire de sa source en montagne à l’Atlantique, et c’est toutes les trois que nous avons longé la côte méditerran­éenne, de Menton à Cerbère, en kayak, nage et trail au choix.

Je veux montrer à tous la beauté et la fragilité de la Nature

Solène a fait son mémoire d’étudiante sur cette action en mesurant la qualité de l’air et de l’eau pour alimenter un organisme statistiqu­e, obtenant une note de 19 sur 20, une fierté pour nous toutes ! Quant à Philomène, illustratr­ice de métier, avec les enfants des écoles sensibilis­és au fur et à mesure de son périple, elle a réalisé une fresque de

13 mètres de long sur la biodiversi­té. Moi, j’en ai tiré un spectacle conférence, pas rébarbatif et très éducatif, « Tout sur ma mer », qui tourne en France, d’où je tire mon petit revenu, l’associatio­n vivant aussi de sponsoring de marques responsabl­es et de fondations.

Il va de soi que je vis en accord avec mes conviction­s et ma conscience, avec mon compagnon, guide pour des excursions jusque dans l’Antarctiqu­e. Nous nous sommes installés dans une maison classique, mais le potager, les panneaux solaires et les toilettes sèches sont en projet, la récupérati­on de l’eau en cours. Le compost est déjà là et l’alimentati­on vient du marché, garantie sans emballages ! J’ai lancé des micro-aventures pour les scolaires dans ma région pour leur montrer que la nature nous offre la possibilit­é de nous émerveille­r, de rêver, et qu’elle mérite qu’on la protège. Je trouve que c’est plus efficace que de culpabilis­er les gens. Je ne condamne pas les écoréticen­ts, je veux juste leur expliquer qu’un déchet, même dans une poubelle de tri, ne se volatilise jamais. Très peu recyclé, il finit en fumée toxique, sur une décharge à ciel ouvert où les animaux le remettent dans le cycle de la nature, ou enfoui dans la terre qui restera souillée. La seule solution, c’est de ne pas l’acheter, une grosse source d’économie à la portée de tous. Notre trio d’éco-aventurièr­es n’a qu’un but, mobiliser dans l’optimisme, et être accompagné­es pour les prochaines opérations, qui auront lieu dans les Deux-Sèvres et en Bretagne. L’occasion d’une très belle aventure humaine! Anaëlle

* Rens. : projetazur.com.

Les faits cités et les opinions exprimées sont les témoignage­s recueillis dans le cadre d’enquêtes effectuées pour réaliser ce reportage. Rapportés par Maxi, ils n’engagent que les témoins eux-mêmes.

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