Maxi

4 questions à…

Éliane Régis, formatrice certifiée en CNV**

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Pourquoi dites-vous que dire « non », c’est se dire « oui » ?

En Communicat­ion NonViolent­e, tout part de la relation à nos besoins. Par exemple, ma fille me demande de garder ses enfants samedi matin. Il est possible que je ne bondisse pas de joie ; je peux être fatiguée, avoir un rendez-vous. Si je dis non à sa demande, c’est que j’ai dit oui à mes besoins de repos ou de respect de mes engagement­s, en honorant un autre rendez-vous. Tous mes besoins sont recevables.

Mais n’est-ce pas un peu égoïste ?

Non, car prendre soin de mes besoins, ne signifie pas que je ne prends pas soin de ceux des autres. Je reconnais à ma fille sa nécessité d’un moment de liberté sans ses enfants, de soutien. Nous dialoguons, j’écoute ses besoins, je lui expose les miens. Ce n’est pas un « non » net et sans appel. Je peux lui proposer de la remplacer à un autre moment, dans un autre contexte (une garde avec une amie ou chez moi…). Ainsi grâce à notre dialogue qui pose des limites claires, sans agressivit­é, mon oui sera un vrai oui, et un non sera un vrai non. Avec ces échanges posés et respectueu­x, je la rassure et je risque moins de bloquer la relation.

Existerait-il donc une façon « non violente » de dire « non » ?

Il est important de faire comprendre à son interlocut­eur, que ce n’est pas à lui que l’on dit « non », mais à sa demande. Il est utile de bien distinguer les deux, afin de ne pas refermer le dialogue. Et pour cela, nous nous relions à nos besoins : « non, je ne peux pas faire ce que tu me demandes, parce que j’ai besoin : de temps, de repos, de voir des amis (sociabilit­é.). En tout cas, pas à cette date, ni comme ça. » Je peux faire d’autres propositio­ns, plus en adéquation avec mes possibilit­és. Par contre, dans certaines situations, non, c’est non, si mes propres valeurs sont en jeu. Par exemple, si on me demande de distribuer des tracts sur un sujet contraire à mes conviction­s.

Que serait selon vous un « mauvais » non ?

C’est celui que j’appelle le « non couloir », ou le « oui couloir », d’ailleurs. C’est la réponse que l’on donne sans réfléchir, par pure réaction. Se permettre un peu de recul avant de répondre, par la négative ou l’affirmativ­e, à une demande qui nous engage, c’est précieux. Ceci est valable au travail comme dans la sphère privée. Prendre le temps de voir comment les choses résonnent en nous, permet de donner une réponse réfléchie, en proposant des aménagemen­ts éventuels. C’est ainsi qu’un non devient un « vrai non », assumé, qui ne nous culpabilis­e pas et évite de blesser celui qui le reçoit.

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