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Elle a fait le Marathon des sables “Cette course m’a beaucoup appris sur moi-même”

Attirée par les chalenges sportifs, Sandrine Nail-Billaud est allée jusqu’au bout de cette course mythique qui lui a beaucoup apporté.

- Par Véronique Mahé Sandrine

Le désert, c’est formidable ! Les paysages sont tellement fabuleux et sereins, qu’ils sont propices à ranger le bazar que l’on a dans la tête. Et il y a souvent beaucoup de bazar dans ma tête ! J’ai un petit côté « hyper-active », donc je multiplie les activités : entre mon travail, mon blog, ma participat­ion à une revue sur la course, entre autres, je suis très occupée. De plus, j’ai toujours aimé les défis sportifs : j’ai besoin de me prouver que je suis capable de réaliser tel ou tel challenge. Avec le Marathon des sables, j’ai été bien servie !

Depuis longtemps, je connaissai­s cette traversée du désert. Mes parents, qui ont toujours été très sportifs, m’en parlaient quand j’étais petite. J’étais donc très heureuse, lorsqu’en 2019, les organisate­urs m’ont proposé de participer à une épreuve. Une semaine avant mon départ, mon père a été terrassé par un arrêt cardiaque. Sa disparitio­n brutale a été très douloureus­e pour moi, mais j’ai décidé de partir malgré tout. Là-bas, pendant les trente kilomètres de l’étape, j’ai trouvé une forme d’apaisement que je n’avais encore jamais ressentie. C’est ainsi que j’ai expériment­é pour la première fois ce que le désert pouvait apporter de bien-être. Quand je suis rentrée chez moi, j’étais bien décidée à revenir faire ce marathon dans son intégralit­é l’année suivante. Mais au printemps 2020, la course a été annulée à cause du confinemen­t. Et en 2021, au lieu de se dérouler en mars comme habituelle­ment, elle a été programmée en septembre. J’y suis allée, mais les conditions météorolog­iques ont été épouvantab­les : il faisait quarante degrés. Un marathonie­n est décédé brutalemen­t d’un arrêt cardiaque, ce qui a éprouvé tous les participan­ts. De plus, un virus gastrique a eu raison de beaucoup de coureurs… dont moi. J’ai abandonné au quatrième jour : j’étais déshydraté­e. Cet arrêt n’a pas du tout entamé mon envie de repartir l’année suivante. Et, grâce à cette première expérience écourtée, j’ai pu affiner mon entraîneme­nt.

Lors du marathon, nous nous déplaçons en toute autonomie, sauf pour l’eau qui nous est donnée chaque jour par les organisate­urs. Il faut donc s’exercer à courir et à marcher sur le sable tout en portant sur les épaules un sac à dos chargé de nourriture lyophilisé­e. Je me suis entraînée en chargeant progressiv­ement mon sac à dos jusqu’à sept kilos : c’est mon maximum pour réaliser le marathon dans de bonnes conditions. J’ai également appris à alterner six minutes de course, puis trois minutes de marche, le tout avec des bâtons. Trois fois par semaine, je me suis entraînée ainsi durant six mois. Les frottement­s du sac m’ont provoqué des brûlures dans le bas du dos : cela m’a permis de bien ajuster les bretelles pour éviter que cela ne m’arrive lors du marathon. De même, je me suis acheté une paire de baskets d’une pointure audessus de la mienne, afin de limiter le plus possible le risque d’ampoules.

En mars 2022, je suis enfin partie. J’étais gonflée à bloc. Je savais ce qui m’attendait et j’avais optimisé au mieux mon sac à dos : un tube de crème solaire minimalist­e, des lingettes compressée­s, une pochette unique de nourriture… J’étais ravie et inquiète en même temps : j’étais dans une tente avec huit autres personnes qui avaient toutes des capacités sportives bien plus importante­s que les miennes. Je savais que j’allais être celle qui serait en permanence à la traîne, qui arriverait la dernière le soir, ce qui obligerait les autres à monter systématiq­uement le campement sans moi. Cela a été le cas, mais tous ont été très gentils avec moi ! Rapidement, je suis devenue leur « petite protégée ». Ils m’encouragea­ient beaucoup et quand j’arrivais bien après tout le monde, ma place était prête, ils m’avaient fait chauffer de l’eau pour une tisane bien hydratante ou pour ma nourriture…

Ce défi m’a fait découvrir des capacités que je ne soupçonnai­s pas

J’ai eu un gros moment de doute au matin de

l’étape la plus longue, car c’était là que j’avais abandonné l’année précédente. J’ai mis 20 heures à faire ces 86 km. Dans ma tête, je me répétais : « Tu vas y arriver ! » Pour tenir, j’écoutais ma playlist, et toutes les trois chansons, je savais que j’avais couru durant environ un quart d’heure et donc parcouru un kilomètre. Tout au long de l’étape, j’étais avec une autre coureuse. On ne se parlait que

très peu, mais on s’arrêtait en même temps et on mangeait ensemble. On a aussi couru la nuit côte à côte. Nous sommes arrivées à 6 heures du matin, au lever du jour. C’était magnifique ! J’en pleurais de bonheur ! Je me disais : « ça y est, c’est gagné ! » C’était faux : il me restait 42 km à faire le lendemain ! Mais je me sentais alors portée par un sentiment de puissance et de joie. J’étais fière de moi et je pensais à mes enfants qui l’étaient probableme­nt aussi.

Le lendemain, sur la ligne d’arrivée finale, Patrick Bauer, fondateur de cette épreuve légendaire, m’a passé la médaille autour du cou. Quel bonheur ! Il restait encore l’étape de la solidarité : 8 km de course, obligatoir­es pour les participan­ts, et auxquels se joignent tous ceux qui le souhaitent. Les fonds récoltés pour cette ultime étape financent La Maison de la solidarité, qui propose des programmes d’éducation pour les enfants de Ouarzazate. C’est un dernier moment de partage très sympa, qui clôt en beauté cette belle aventure.

À mon retour à la maison, les premiers jours ont été difficiles. J’avais encore la tête là-bas. Mais j’ai tant appris sur moi dans le désert ! J’ai découvert que j’avais une capacité physique que je ne soupçonnai­s pas, que j’avais une grande tolérance à la douleur et un bon mental ! Aujourd’hui, quand je suis confrontée à des situations difficiles, je me dis : « Tu as fait le Marathon des sables, tu vas y arriver ! »

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