Le bâti tropical au centre de l’innovation
Au service de la compétitivité des entreprises artisanales, le Centre d’Innovation et de Recherche du Bâti Tropical (CIRBAT) participe au développement de solutions nouvelles destinées à permettre aux acteurs de la construction en milieu tropical d’inscrire leurs techniques et produits dans la démarche de développement durable portée par le territoire, l’État et plus largement l’Europe. Présentations du 21e pôle d’innovation labellisé par le Ministère de l’Économie avec Alçay Mourouvaye, secrétaire général adjoint de la Chambre de Métiers et directeur du CIRBAT.
En dépit de problématiques radicalement différentes de celles des climats tempérés, la construction en milieu tropical est encore régie par des normes et réglementations mondiales qui s’avèrent souvent inadéquates. Pour aller au-delà de la RTAA DOM relative à l’aération et à l’acoustique, et répondre à la question : “quelle est la bonne façon de construire sous les tropiques ?”, le territoire peut compter sur un outil de Recherche et Développement unique: le CIRBAT.
Labellisé “Pôle d’innovation pour l’artisanat et les petites entreprises” depuis 2009, l’outil régional s’affiche comme le premier et unique pôle ultramarin détenteur du label.
“Dès la fin des années 1990, la Chambre des Métiers et de l’Artisanat de La Réunion a eu le flair d’investir dans la Recherche et le Développement appliqués au bâtiment. À l’issue d’une première période où il s’est agi, en parallèle à la démarche de labellisation, d’ancrer le CIRBAT sur le territoire réunionnais, notre ambition se concentre aujourd’hui autour du développement de l’activité du pôle, dans tout l’océan Indien et plus largement sur l’ensemble des territoires ultramarins”, confirme Alçay Mourouvaye, directeur du centre d’innovation et de recherche qui accueillait récemment une délégation guadeloupéenne venue, dans le cadre du programme Horizon 2020, échanger autour de la construction tropicale.
Encouragé dans ce sens par la Région Réunion dans le cadre de sa stratégie d’internationalisation, le CIRBAT peut également compter sur le soutien de la ministre des Outre-mers qui, à l’issue de la visite des installations réunionnaises en octobre 2018, s’était déclarée attachée à ce que l’outil régional puisse profiter à l’ensemble des territoires ultramarins.
Pour relever ses missions, le CIRBAT, intégré à l’Université Régionale des Métiers de Saint-André, mobilise 7 équivalents temps plein au travers de différents laboratoires:
• Un Observatoire Régional de Lutte Anti-Termites (ORLA) dont les activités se développent autour de trois axes: Recherche/développement, expertise/assistance technique, diffusion des connaissances;
• Un Laboratoire d’Essais de Menuiseries (LEM) dédié à la réalisation d’essais de caractérisation et à l’accompagnement des entreprises dans leur démarche de R&D;
• Un Laboratoire de Vieillissement des Matériaux (LVM) qui réalise des essais de vieillissement accéléré au brouillard salin ou encore aux UV.
Outre ces laboratoires, le CIRBAT propose une Mission d’Appui Technique, Recherche, Innovation, Certification et Environnement. Au sein de la cellule MATRICE, sont réalisés dif
férentes études techniques, des travaux de R&D ainsi que des audits de certification, au bénéfice des entreprises artisanales qui rencontrent des besoins de normalisation et de certification, notamment environnementale.
Fertilisation croisée
Intégré à la démarche d’intelligence collective portée par la Région Réunion, l’État et l’Europe, le CIRBAT s’appuie sur un réseau de partenaires financiers, stratégiques, techniques… mobilisés autour de projets innovants dans le domaine du développement durable. Au nombre de ces derniers, le laboratoire PIMENT de l’Université de La Réunion,
À la question: Peut-on fabriquer des isolants à partir de matériaux biosourcés, la réponse est clairement oui
avec lequel le CIRBAT vient de coéditer un guide de pose des isolants thermiques. Un guide papier corrélé à un outil numérique: www.isolation.re, destiné à accompagner les acteurs du bâtiment dans leurs projets de construction, de rénovation comme de réhabilitation.
Plus récemment, le CIRBAT a initié une vaste étude avec Qualitropic, pôle d’innovation fortement orienté “bioéconomie”, autour des matériaux biosourcés. Fruit de ce travail, l’étude ISOBIODOM présentée au Moka en avril dernier, a conclu à la pertinence de l’utilisation de matériaux locaux tels que le vétiver ou encore le bois de goyavier dans le cadre de la construction tropicale.
“À la question: Peut-on fabriquer des isolants à partir de matériaux biosourcés, la réponse est clairement oui”, confirme le directeur du CIRBAT qui poursuit : “Ces premières mesures de performances thermiques et de durabilité des matériaux bruts feront l’objet d’une publication prochaine. L’étape suivante consistera à imaginer des process industriels pour que ces matériaux, disponibles presque gratuitement sur notre territoire, puissent véritablement intégrer l’acte de construire à La Réunion”.
Cette seconde étape, suite logique du projet ISOBIODOM (réalisé dans le cadre du programme PACTE), mobilisera les équipes du CIRBAT durant les mois/ années à venir, d’autant que le pôle innovation vient de se voir désigné lauréat de l’appel à projets “CORTEA” de l’ADEME. Pour l’épauler dans ce vaste travail relatif à la connaissance, à la réduction et au traitement des émissions dans l’air, le CIRBAT mobilisera l’ensemble de ses partenaires historiques: Europe, Région Réunion, CAPEB, Fédération du bâtiment, CSTB, ADIR ou encore EDF “partenaire récent d’autant plus précieux du fait de son engagement en faveur de la transition énergétique du territoire. Cette ambition de transition a été intégrée aux nouveaux objectifs du CIRBAT en termes d’accompagnement des entreprises artisanales, tant au travers du développement de la production d’énergies propres qu’au travers d’une consommation énergétique raisonnée”.
Pour aller plus loin : Fruit de la collaboration CIRBAT/NEXA, le livre vert du bâti tropical à La Réunion (édition 2018) recense les “savoirs-faire réunionnais” destinés à relever les défis de la construction tropicale. L’ouvrage d’une cinquantaine de pages, est disponible en téléchargement depuis le site de l’agence régionale de développement, d’investissement et d’innovation.