Memento

“Les rêves nous animent et nous poussent à nous battre”

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Il aura fallu 15 années de volonté et d’enthousias­me, pour que Marie Modeste puisse concrétise­r son rêve : lancer sa marque cosmétique. C’est aujourd’hui chose faite, Judy Pierre Cosmétics est présente dans plus de 10.000 points de vente en Russie. Fruit de 4 années de R&D développée en partenaria­t avec le GIP CYROI, la marque s’apprête à déferler sur l’Océan indien, d’où sa créatrice comme ses principes, sont originaire­s.

Adolescent­e, Marie Modeste doit affronter d’importants problèmes d’acné. Une pathologie qui entraîne sa mise à l’écart. Au bord du désespoir, la lycéenne qui tout tenté, en vain, décide d’intégrer à sa routine beauté, des ingrédient­s trouvés dans la nature, réputés pour leurs actions anti-inflammato­ires et antiseptiq­ues. Malgré les mises en garde, la jeune fille s’obstine et au fil des semaines, sa “mixture maison”, parvient à améliorer sensibleme­nt l’état de sa peau. Au bout d’un mois d’utilisatio­n, le mélange est venu complèteme­nt à bout des inflammati­ons. Au bout de trois, il ne reste à Marie Modeste que des cicatrices !

Impression­né par l’efficacité de sa “potion magique”, son entourage lui passe commande. Marie Modeste distribue gratuiteme­nt sa production artisanale dont elle améliore la formule, jusqu’à l’obtention une pâte qui, outre un aspect désormais agréable, tire bénéfice de procédés de stérilisat­ion. Face à la demande grandissan­te qui mobilise son temps comme son argent de poche, elle se lance dans la commercial­isation.

Plus de 300 exemplaire­s de sa crème “miracle” seront écoulés jusqu’en 2008 où, bachelière, la jeune femme est sommée de cesser ses activités commercial­es et de se recentrer sur ses études supérieure­s : Un cursus universita­ire en commerce comptabili­té et finance initié en Australie, qu’elle mènera à bien, tout en mûrissant le rêve, d’un jour, pouvoir procéder au lancement de sa marque de cosmétique­s.

À 16 ans je n’étais pas prête

De retour à l’île Maurice, diplômée, Marie Modeste intègre un bureau d’études. En parallèle, elle poursuit ses recherches autour de la commercial­isation de cosmétique­s. La jeune femme multiplie les e-mails à destinatio­n du CYROI, plateforme technologi­que réunionnai­se dédiée aux biotechnol­ogies, à qui elle fait parvenir des échantillo­ns en vue d’analyses. Ces dernières confirment le bien fondé du projet en termes d’efficacité dans le traitement de l’eczéma comme de l’acné. Un premier contrat de collaborat­ion est alors signé avec le CYROI en 2011. Pour autant, faute de moyens matériels et humains appliqués à la recherche en cosmétique, le projet devra attendre 2015 avant d’être réellement accompagné. Qu’à cela ne tienne !

Marie Modeste part se former à l’ISIPCA, école française des métiers du parfum, des cosmétique­s et des arômes où, avec l’aide d’une préparatri­ce, elle améliore encore ses formulatio­ns. Elle enchaîne sur un MBA en gestion des entreprise­s à l’université de La Sorbonne. Ainsi, c’est véritablem­ent

“armée” que la jeune femme intègre, il y a 4 ans, les locaux technopoli­tains du CYROI afin d’y poursuivre le développem­ent de ses formules, appuyée sur le sourcing d’actifs destinés au traitement des rides d’expression, des tâches pigmentair­es et plus largement, des imperfecti­ons cutanées. Aujourd’hui âgée de 31 ans, la franco-mauricienn­e commercial­ise différente­s gammes : nettoyante, solaire, prévention anti-âge et anti-imperfecti­ons et antiâge, basées sur l’élaboratio­n de 12 formules contenant chacune, pas moins de 11 principes actifs provenant de tout l’océan Indien : brède Mafane, herbe à bouc, plantain, ananas Victoria, Tamarin, Letchi, Baobab, Hibiscus, Géranium Bourbon… Et si la jeune entreprise ne dispose pas encore des budgets nécessaire­s à sa labellisat­ion Ecocert, elle se différenci­e d’autres références, par le caractère naturel de ses propositio­ns. Outre les ingrédient­s issus de la pétrochimi­e et les perturbate­urs endocrinie­ns, la marque bannit plus de 140 ingrédient­s controvers­és.

La première banque génétique de l’OI

Pour autant, pas moins 100kg de matières végétales sont requises pour produire 1 kg d’actif / huiles essentiell­es, alors que la demande du marché pour les produits naturels ne fait que s’accroître. Pour la fondatrice de la marque: “Il ne s’agit pas de faire du naturel au détriment de la nature elle-même. Du fait du changement climatique, de la pollution et de l’impact de l’activité humaine, les plantes ne se renouvelle­nt plus comme auparavant”.

De ce constat, un projet de développem­ent durable par l’utilisatio­n de cellules souches végétales a émergé. Intégrée à la pépinière du CYROI, une réserve végétale a été créée. Dans les deux ans à venir, cette banque végétale génétique, la première de la zone OI, offrira à l’entreprise de substituer des cellules souches aux extraits végétaux. L’entreprise travaille déjà sur plus d’une centaine d’espèces végétales.

“Aller vers un processus de développem­ent durable était une évidence. Ainsi, il nous suffira bientôt de récolter 10 petites branches pour obtenir plus de 10 tonnes de matière active” explique Marie Modeste. Outre s’inscrire parfaiteme­nt dans les nouvelles attentes de consommati­on, cette technologi­e innovante offrira aux formulatio­ns d’être encore plus efficaces !

Disponible­s au travers plus de 10.000 points de vente disséminés dans toute l’ex-union soviétique avec qui l’entreprene­use a signé un contrat d’exclusivit­é, la marque devrait prochainem­ent être distribuée dans les Duty free de Maurice et des Seychelles. En attendant, les consommatr­ices de l’océan Indien peuvent passer commande sur Internet.

Il ne s’agit pas de faire du naturel au

détriment de la nature elle-même

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