TRAVAUX (ET DENIERS) PUBLICS
La vérité par les faits et rien que les faits
Ce qu’il y a de bien avec l’administration en France, c’est que tout y est consigné, parfois même plusieurs fois. Alors quand Didier Robert, président de la Région Réunion, subit les attaques de ces adversaires au sujet de la NRL, il riposte par des faits et rien que les faits, ou plutôt les écrits. La NRL? Ni son projet ni son idée.
Le Mémento : Le 8 septembre, les élus du Conseil Régional réunis en commission permanente ont voté en faveur du protocole de poursuite des travaux de la NRL. Que contient ce document ? Didier Robert : L’approbation du protocole NRL par la commission permanente est l’aboutissement d’une recherche de la solution la plus équilibrée possible pour achever la partie digue du chantier, avec les principaux acteurs concernés - le groupement et les partenaires tel que l’Etat et la Région. Une solution qui s’inscrit naturellement dans le respect du cadre juridique des marchés publiques et d’une enveloppe financière soutenable pour la collectivité.
Concrètement, le protocole prévoit la résiliation à l’amiable du marché initial et le lancement d’un nouvel appel d’offres. D’ici à ce que ce dernier aboutisse, le groupement actuel finalisera le marché MT5-1 et la dernière portion du MT5-2. C’est-à-dire qu’il fera sortir de mer deux tronçons de digues sur un peu plus de 200 mètres.
En parallèle, un raccordement à la Grande Chaloupe permettra dès 2021 de circuler sur 80% du linéaire, jusqu’à la mise en service de la route complète en 2023.
Le Mémento : La suspension des travaux sur la partie digue aura entraîné un retard sur le calendrier initial du chantier. Pensez-vous qu’il était évitable ?
D. R. : Au-delà des aléas inhérents à ce type de chantier de grande ampleur, j’observe un acharnement à son encontre qui ne sert pas la sécurité ni Les Réunionnais, mais uniquement des intérêts purement politiciens et électoralistes. Certains ont adopté depuis le départ des postures jusqu’auboutistes, incohérentes et dangereuses, visant à freiner coûte que coûte ce chantier majeur pour notre territoire.
À ce jour, 89 recours en justice ont été portés, notamment par des élus de l’opposition. Des recours incompréhensibles pour certains, qui ont d’ailleurs
été rejetés par le Tribunal, mais qui sont révélateurs des objectifs de blocage de leurs auteurs. L’ouverture de carrières en particulier est devenu un sujet exagérément politisé. Pourtant, la raréfaction des matériaux à La Réunion, déjà génératrice de surcoûts importants dans le domaine de la construction, nécessitera que l’on apporte tôt ou tard des solutions.
Le Mémento : Un grand pas a été franchi avec l’accord sur la poursuite des travaux. Avez-vous craint à un moment donné de ne pas pouvoir achever cette route ?
D. R. : Je suis et resterai un défenseur engagé de la sécurisation de cette route empruntée chaque jour par plus de 80 000 usagers. Les Réunionnais m’on élu pour cette réalisation et je m’y emploie avec une équipe de techniciens et d’élus extrêmement sérieux et impliqués. La tâche n’est pas facile. Nous affrontons les difficultés depuis 2010 avec beaucoup de volonté, et avec le soutien des partenaires que sont l’Etat et l’Europe.Cela étant, nous terminerons la NRL dans le délai le plus resserré possible, dans le respect des équilibres financiers, et avec des matériaux locaux, en faisant appel pour l’essentiel aux andains sur les champs agricoles. L’achèvement de ce chantier demeure depuis 2010 bien plus qu’une certitude, c’est une évidence.
Le Mémento : Vous évoquez le soutien de l’État. Lors de sa visite à La Réunion au mois d’août, le Ministre des Outremer, Sébastien LECORNU, a annoncé que le chantier NRL serait intégré au Plan de relance, à hauteur d’un montant qui reste inconnu à ce stade. Quelles sont vos attentes ?
D. R. : Le Gouvernement et les services de l’État considèrent comme urgente et prioritaire la fin des travaux de la NRL et se sont engagés sur le dossier. C’est une décision que naturellement je salue. Le montant sollicité dans ce cadre est de l’ordre de 100 millions d’euros, un investissement qui serait relativement significatif pour un tel chantier, mais aussi supportable au regard du milliard et demi d’euros du Plan de relance.
Dans l’intervalle de la mise en oeuvre pleine et entière du Plan, d’ici avril 2021, nous allons pouvoir relancer la commande publique et donner de la visibilité aux entreprises. Cela étant, il faut rester réaliste. L’avenir de cette crise sanitaire demeure très incertain. Au cours des 6 prochains mois, il sera nécessaire que les solidarités continuent à s’exercer au plan local. Cette période doit aussi permettre aux acteurs réunionnais de se préparer à se porter candidats sur les futurs appels à projet qui pourront être lancés.
Aujourd’hui, en tant que Président de la Région Réunion, je reste naturellement vigilant sur la suite, mais je suis à ce stade beaucoup plus confiant.