INTERVIEW : LAURENT RAKOTOMALALA
Directeur Général de l’ARTEC
Comme dans bon nombre de pays membres de l’Union Internationale des Télécommunications, la 5G est encore en phase d’expérimentation à Madagascar. Aucune autorisation d’exploitation définitive ou de commercialisation n’a été délivrée. Le Directeur Général de l’Autorité de Régulation des Technologies de Communication (ARTEC), Laurent Rakotomalala, apporte des explications.
Le Mémento : Comment a évolué la situation de Telma ?
Laurent Rakotomalala : Cet opérateur continue de déployer ses services sur le territoire malgache comme tous les autres. En tant que régulateur du secteur des télécommunications, l’ARTEC collabore avec chaque opérateur de téléphonie mobile.
Elle accompagne les activités de recherches et encourage les expérimentations de nouveautés technologiques, sous réserve que ces dernières se fassent dans le respect de la réglementation en vigueur. L’autorisation d’expérimentation délivrée à Telma pour la technologie 5G a expiré vers la fin du mois de juillet 2020.
Le Mémento : Quels sont les blocages ne permettant pas de procéder à la commercialisation?
L. R. : D’une part, avant toute commercialisation, l’utilisation d’une nouvelle technologie doit répondre à des critères spécifiques déterminés suite à son expérimentation. A l’heure actuelle, pour Madagascar et certains pays Africains, la bande de fréquences destinée à la
5G est également utilisée par d’autres services déjà existants, entre autres les services satellitaires. Ceci explique la nécessité d’une phase d’expérimentation afin d’éviter d’éventuels problèmes comme des brouillages.
D’autre part, les chiffres montrent que les couvertures en 3G et 4G sont encore à encourager pour qu’aucune région du pays ne soit lésée. En effet, en 2019, il a été constaté que 61% des régions à Madagascar sont couvertes par le réseau 3G et que seulement 21% le sont par la 4G. C’est donc dans ce sens que les opérateurs de téléphonie mobile devraient déployer leurs efforts pour un meilleur accès à l’internet et une meilleure qualité de service.
La 5G sera principalement utilisée dans les grandes villes
Le Mémento : Quels avantages procurent l’introduction de la 5G notamment sur le développement économique?
L. R. : Cette nouvelle technologie donne accès à des débits dépassant de 2 ordres la grandeur de la 4G avec des temps de latence très courts, il s’agit donc ici du très haut débit. La 5G sera principalement utilisée dans les grandes villes pour des activités telles que la télémédecine, le téléenseignement, …
L’arrivée de la 5G ne profitera cependant qu’à un nombre limité d’utilisateurs à Madagascar. En effet, les statistiques nous indiquent que bien que 99% des utilisateurs d’internet à Madagascar sont via mobile, ce pourcentage ne représente que 11% de la population totale malgache en 2018. Ainsi, force est de constater que ce taux de pénétration de l’internet Mobile est encore faible sur la Grande île, même avec les technologies 2G/3G/4G déjà en place.
Ainsi, en attendant les dispositions finales au niveau international sur les fréquences et les planifications prévues, on estime qu’il est encore recommandé de prioriser les efforts pour améliorer la couverture des réseaux existants afin de fournir la qualité de service satisfaisante aux utilisateurs finaux.
L’ARTEC incite chaque opérateur à prioriser toutes les mesures possibles dans l’extension de la couverture et l’amélioration de la qualité de service des technologies mobiles déjà en place pour la satisfaction des utilisateurs finaux.
Le Mémento : Devrait-on s’inquiéter des conséquences de l’exposition aux ondes radio?
L. R. : Une des missions principales de l’ARTEC est de veiller à la bonne utilisation des technologies à Madagascar, notamment en effectuant des mesures du champ électromagnétique. Nos techniciens font régulièrement des descentes sur terrain pour s’assurer que la réglementation en vigueur concernant le champ électromagnétique est respectée par tout utilisateur de fréquence.
A part cela, l’ARTEC dispose d’équipements spécifiques pour la mesure de ces ondes et veille à ce qu’aucune violation des textes ne soit commise.