HISTOIRE
Paul Guery (1830-1867)
Depuis près d’un quart de siècle, la Confrérie des Gens de La Mer, oeuvre à la valorisation du patrimoine maritime réunionnais. Au-delà des recherches qu’elle mène autour des épaves, des marines, des débarcadères… l’association s’attache à honorer la mémoire de marins dont elle réhabilite les tombes, le plus souvent à l’abandon. L’occasion d’en apprendre plus sur leur vie et les circonstances de leur décès.
C’est par une pierre tombale que l’aventure commence. Eric Venner de Bernady de Sigoyer, Président de la Confrérie des Gens de la Mer découvre en 2008 dans le cimetière du Lazaret de La Grande Chaloupe, l’existence d’une pierre en mauvais état dont il parvient néanmoins à tirer les informations suivantes : L’identité du défunt : Paul Guéry, un patronyme peu courant dans ce cimetière. Son grade : Lieutenant de vaisseau.
Son titre : Chef d’État-Major de la Division Navale des côtes Orientales d’Afrique. L’enquête peut alors commencer.
L’entreprise mobilisera l’association qui travaillera sur deux axes : La réhabilitation de la sépulture, au plus proche des techniques de l’époque, sous le pilotage de Laurent Hoarau, et la recherche généalogique conduite par Cendrine Molina dont une des missions était de retrouver un descendant vivant.
Qui était Paul Guéry ?
Né à Fontenay-le-Conte (85) le 11 avril 1830, Paul Guéry intègre à l’âge de 16 ans, l’École Navale de Brest. Il est nommé Aspirant 2ème classe en 1848, Aspirant 1ère classe en 1950 et Enseigne de Vaisseau en 1853.
1861 semble avoir été une belle année pour Paul Guéry qui devient Lieutenant de vaisseau en mars, Chevalier de la Légion d’Honneur en aout et se marie en septembre avec Laure Virginie Lacroix dont il aura 3 enfants, deux filles et un garçon.
Embarqué sur la frégate de guerre La Minerve en 1866
dans le cadre de la Campagne de Chine, il décède à La Réunion le 4 septembre 1867, à l’âge de 37 ans, de la Variole. Le journal du Dr Pierre Bouvet, médecin du Lazaret, relatant une mort intervenue dans une grande souffrance.
La Minerve poursuivra son chemin sans Paul Guéry. On retrouvera traces du navire à Pondichery en décembre de la même année, ainsi qu’à Ceylan, Trincomalé et Karibal, sous le commandement de Capitaine de Vaisseau Hugueteau de Chalié.
Lorsque généalogie rime avec émotion
Initiée sur la base des éléments sur Paul Guéry, sa femme laure Virginie Lacroix (1837-1901), ses trois enfants et l’identité de ses parents, la recherche généalogique conduite par Cendrine Molina a tiré profit de l’acquisition d’outils spécialistes (Hérédis, Genéanet) qui permirent à l’apprentie généalogiste d’alors, d’identifier les quatre frères et soeurs de Paul Guéry ainsi que son grand-père, orfèvre, et son épouse.
L’arbre généalogique s’étoffe sans faire émerger d’éléments vraiment importants. En parallèle, la Confrérie a arrêté la date officielle de l’hommage qu’elle souhaite faire au marin, décédé jeune et si loin de chez lui.
Après d’ardentes recherches généalogiques, la chercheuse parvient à mettre à jour la trace d’une descendante vivante prénommée Eudoxie. Cette dernière avait entendu son père parler d’un parent officier de marine. Elle avait entamé des recherches et pensait que son ancêtre avait été enterré à Saint-Denis en région parisienne, mais n’en savait pas plus. En revanche, elle possédait des photos.
Un hommage officiel en présence de la descendante du marin
Tout au long de ses investigations, la Confrérie des Gens de la Mer poursuivait un rêve : rendre un hommage officiel à Paul Guéry en présence de la Marine nationale et si possible, d’un descendant. Le 20 septembre 2014, lors des journées européennes du patrimoine, le rêve devint réalité. En présence d’Eudoxie Caillaud, arrière-arrière petite-fille de Paul Guéry, la cérémonie officielle organisée sous l’égide du Conseil Général, a été marquée par la remise au patrimoine réunionnais, de la longue vue, conservée par la famille et transmise de génération en génération.
La Marine nationale, représentée par le Capitaine de Frégate, Commandant de la base navale du Port de la Pointe des Galets, tout comme l’association centrale d’officiers mariniers et des Marins de La Réserve avaient également répondu présents. “La sonnerie au mort laissera une émotion forte aux nombreuses personnes présentes” confirme la Confrérie des Gens de La Mer.
ÉPIDÉMIE DE VARIOLE Le 26 aout 1867 au matin et après autorisation, une chaloupe débarque 20 “varioleux”, dont le Chef d’ÉtatMajor de la division navale des côtes orientales d’Afrique, le Lieutenant de Vaisseau Paul Guéry de la Frégate à hélice La Minerve.