Slow design : La démarche déco éthique
Le slow design invite à prendre le temps nécessaire pour concevoir des objets de qualité, en incluant dans sa démarche des valeurs humaines et de développement durable. Ces ambitions trouvent aujourd’hui traduction dans les méthodologies de travail des pr
Christelle Sauger est ce qu’il convient d’appeler une esthète. “Dans le choix d’un objet, l’esthétique est mon critère n°1. C’est simple, je ne peux pas acheter quelque chose que je trouve laid, même si j’en ai besoin. Comme mon ordinateur, mon presse-ail se doit d’être design, tout comme le classeur qui renferme ma comptabilité, qui doit faire joli sur mon étagère”.
À la tête de l’agence Tohana, la décoratrice formée au sein de la prestigieuse école Boulle, intervient auprès d’une clientèle de particuliers et de professionnels autour de deux axes principaux : l’aménagement intérieur et le conseil décoratif. Comme nombre d’entre nous ces dernières années, la Réunionnaise a pris conscience de son impact écologique sur la planète, et initié une réflexion autour de ses habitudes de consommation. Après avoir banni la vaisselle jetable, privilégié les légumes bio et tenté d’éviter le maximum de molécules controversées, la quadragénaire s’est interrogée sur la possible traduction de ses considérations sur un plan professionnel.
DE L’ESTHÉTIQUE À L’ÉTHIQUE. Dans le sillage de la slow food apparue dans les années 2000 (en opposition à la restauration rapide), rapidement suivie des déclinaisons (slow travel, slow life…) au sein d’un concept large dit “du mouvement lent”, le slow design ambitionne de repenser le design d’objets et par extension l’habitat, en rupture avec la logique consumériste. “Il a quelques années, nous consommions la décoration comme les vêtements. Poussées par les industriels et les distributeurs, les tendances changeaient ainsi tous les ans, invitant les consommateurs à renouveler leur intérieur à ce rythme. Or, le beau, ce n’est pas forcément ce qui est à la mode”
rappelle Christelle Sauger, avant d’inviter les adeptes de la décoration d’intérieur à changer de paradigme et à intégrer à leurs projets les notions de qualité et de durabilité “d’autant qu’un temps élitiste, le slow design s’est démocratisé en suivant l’évolution des modes de vie et des esprits. L’un des maîtres en la matière, le designer Piet Hein Eck, a même conçu une collection pour le géant suédois Ikea” explique Christelle Sauger, insistant sur un autre pilier fondamental de la slow attitude : la satisfaction des besoins réels.
Les cuisines américaines par exemple ont connu un tel succès qu’aujourd’hui, 3 intérieurs sur 4 en comptent une… pour le meilleur et pour le pire, le parti-pris invitant odeurs et bruits de cuisine à se disperser au sein de l’espace salon. “Le désagrément est tel qu’il conduit aujourd’hui nombre de mes clients à trouver de nouvelles solutions : le cloisonnement à l’aide d’une verrière en est une”.