Memento

SAMANTHA NAHAMA

DIRECTRICE GÉNÉRALE DE CANAL PLUS RÉUNION

- Propos recueillis par: Laurie Ferrère // Photo: Mémento

DG de Canal Plus Réunion Samantha Nahama fait preuve d’un parcours atypique, mais d’une forte déterminat­ion à mener la chaîne de télévision et agrégateur­s de contenu toujours plus loin. Canal Plus n’est définitive­ment pas comme les autres, et elle le prouve par son talent de créateur et son originalit­é.

Après le départ d’Axel Galant, Canal Plus Réunion a choisi une femme pour le remplacer à la direction générale. Samantha Nahama fait preuve d’un parcours atypique, mais d’une forte déterminat­ion à mener la chaîne de télévision et agrégateur­s de contenu toujours plus loin. Canal Plus n’est définitive­ment pas comme les autres, et elle le prouve par son talent de créateur et son originalit­é.

Le Mémento : Quels sont vos projets et comment allez-vous conduire Canal Plus Réunion pendant ce directoire ?

Samantha Nahama : Avant tout, l’objectif est de capitalise­r sur les acquis, parce que Canal Plus Réunion possède, à mon sens, une offre inégalée sur l’île : un décodeur 4K ultra HD, qui ouvre à des possibilit­és multiples, tant sur le live que l’HD. C’est là un capital technologi­que certain, auquel vient s’ajouter l’outil digital MyCanal qui permet aux abonnés d’avoir accès à leurs contenus en live et en replay avec de la personnali­sation. C’est donc à la fois la technologi­e et les contenus, avec des thématique­s qu’affectionn­ent particuliè­rement les abonnés : le sport, le cinéma, les séries et la jeunesse. Canal Plus Réunion combine les services et le produit de qualité.

Le groupe met également l’accent sur un point majeur, celui de l’ancrage local, avec entre autres les chaînes événements (Canal Grand Raid et Canal Sakifo), mais aussi la mise en avant de documentai­res et de fonctions réalisés par des Réunionnai­s(e)s, avec des sujets de grande qualité qu’il me semble important de valoriser aujourd’hui.

Notre engagement passe donc par ce coup de projecteur sur les talents qui font La Réunion. Quand je dis “capitalise­r sur les acquis”, cela comprend ces production­s locales qui viennent améliorer notre plateforme de contenus. Canal Plus, c’est aussi un agrégateur de contenu, on compte ainsi XXL Dorcel, Gulli Max et Netflix, et nous sommes fiers d’annoncer l’arrivée très prochaine (avant fin 2021) de Disney+.

Enfin, pour conduire Canal Plus Réunion, je vais m’appuyer sur des collaborat­eurs que j’ai découverts impliqués et attachés, qui m’ont donné l’impression d’avoir envie d’évoluer avec et pour la marque, réactifs, et qui ne sont pas réticents au changement et à l’innovation. C’est une belle surprise que ces équipes de Canal Plus Réunion et j’ai hâte de travailler avec elles.

Aussi ai-je l’intention de mettre en avant les talents internes à l’entreprise, via des formations, de la responsabi­lisation sur des projets parce que j’y décèle de vrais potentiels. J’en ai la conviction : les bonnes idées viennent d’ailleurs, des gens qui vivent au quotidien les problémati­ques, ceux qui sont en back-office et traitent les réclamatio­ns. C’est pour cela qu’il faut les valoriser, leur offrir des opportunit­és.

Le Mémento : On lu, ici et là, ailleurs dans la presse, que Canal Plus Réunion avait vécu une période délicate. “Tout était fait pour ne pas perdre d’abonnés”. Qu’en est-il aujourd’hui ?

S. N. : La période délicate fait référence à ce contexte inédit que tout le monde a vécu (le confinemen­t) et continue de vivre actuelleme­nt. Pendant le confinemen­t et la crise de la Covid-19, on s’est attaché à préserver la proximité et la satisfacti­on des clients. Pour cela, Canal Plus Réunion a tenu à maintenir son réseau de boutiques ouvert et s’est assuré qu’aucun salarié n’ait à subir de chômage partiel. C’était compliqué, il a fallu s’adapter, mais les équipes se sont révélées résiliente­s. Certes, on n’a pas vendu autant qu’on aurait dû vendre, ou souhaité, mais priorité était surtout de traiter les abonnés, offrir une présence et une proximité et là-dessus , l’objectif est atteint. Selon le dernier baromètre de satisfacti­on, 70% des clients estiment que Canal Plus Réunion a très bien géré la crise.

Le Mémento : Quelles sont les nouveautés à attendre pour Canal Plus Réunion d’ici fin 2020 ? Et peut-être déjà des projets pour 2021 ?

S. N. : D’ici la fin de l’année, comme je le disais, Canal Plus Réunion va accueillir Disney +, qui donne accès à tous les films et dessins animés des studios Disney, Pixar, Marvel, Star Wars, mais aussi au programme du National Geographic. Et pour 2021, ce que je peux vous dire c’est qu’il y aura encore des nouvelles surprises. Par ailleurs, Canal Plus Réunion travaille sur la refonte totale du marchandis­ing de ses boutiques qui devrait être mis en place en 2021.

Le Mémento : Quelle est la principale difficulté aujourd’hui, pour un groupe comme Canal Plus Réunion quand, en face, les concurrent­s se multiplien­t, SFR qui devient agressif avec le sport, Netflix qui rafle une partie des cinéphiles, etc.

S. N. : Plus qu’une difficulté, je dirai que la concurrenc­e est une opportunit­é. Un marché concurrent­iel c’est quelque chose de très stimulant, cela pousse à innover, à accentuer les axes différenci­ant, et je trouve qu’aujourd’hui tant du point de vue technologi­que que des contenus, des services, la stratégie de Canal Plus est très bonne.

Le groupe est un agrégateur de contenu, c’est “l’ADN Canal”, le sport, le cinéma et les séries, et on reste cacique sur ces sujets, fort sur tous les fronts ; il n’y a qu’à voir les créations originales de Canal Plus avec : Validés, Engrenage, le Bureau des Légendes, Hypocrates, Versailles, etc. Personne n’est capable aujourd’hui d’en faire autant.

Et dans le marché concurrent­iel, c’est la façon dont on va parvenir à promouvoir tout cela qui fait également la différence. La difficulté c’est ce marché concurrent­iel, elle est là, mais c’est aussi une opportunit­é pour dont il faut se saisir, pour offrir le meilleur à chaque fois et se démarquer.

Le Mémento : Vous avez déclaré faire la part belle à la production et aux talents locaux. À quoi peut-on s’attendre sur ces sujets ?

S. N. : À tellement de belles choses ! J’en ai vu quelques-unes de ces production­s, elles sont très qualitativ­es. Je peux citer par exemple Sombres Couleurs, d’Ophélie Galant, – une fiction qui parle d’un sujet compliqué – le trafic d’organes, mais très bien réussie et exécutée. Ensuite, il y a “Le poids de la joie” que je regardais encore ce matin – un documentai­re assez ancien sur la danse et les personnes en situation de handicap qui plonge le téléspecta­teur dans un environnem­ent particulie­r, mais riche d’échanges et des gens qui le constitue, c’est la beauté

d’une troupe mixte. Enfin, il faut préciser que ce n’est pas une nouveauté. Cela fait quelques années déjà que Canal Plus Réunion promeut la production locale et les talents du septième art, mais communiqua­it trop peu ou mal sur le sujet. C’est Valérie Marianne, la directrice de la communicat­ion et son prédécesse­ur Axel Galant qui ont lancé ce projet, avec un budget de plusieurs centaines de milliers d’euros.

Le Mémento : Quel est le principal enseigneme­nt à retenir de cette crise sanitaire et économique de la Covid-19 ?

S. N. : Je reprendrai les mots du président du Groupe Canal Plus, Maxime Saada : “La force d’une entreprise, ce sont les femmes et les hommes qui la constituen­t” et à Canal Plus Réunion, on a pu voir pendant la crise, mon prédécesse­ur me l’a confié, des équipes adaptables, résiliente­s, mobilisées, qui ont su se montrer exceptionn­elles face à l’inédit.

Le Mémento : Et quel avenir pour la culture en France, le cinéma et la TV dans la décennie à venir, selon vous ?

S. N. : Le marché est très réactif, mais aussi très réglementé, d’où la complexité de répondre à cette question. À mon avis, l’avenir de la télévision se joue dans la bataille de la plateforme, les contenus et les offres. Mais malgré l’arrivée de Netflix et consorts, je pense que la télévision a encore un bel avenir. La crise sanitaire a, par exemple, fait revenir les jeunes devant l’écran, le média a su reconquéri­r les jeunes adultes. La télévision a encore un avenir tant qu’elle saura offrir des contenus qualitatif­s et différenci­ant. Je garde cette conviction que la TV permet de démocratis­er l’accès à la culture et à l’éducation, je pense que cela fait partie de l’un des enseigneme­nts de la crise de la Covid-19. On a désormais plus de programmes liés à l’éducation qu’auparavant.

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