Des industriels, solidaires
Très souvent, lorsque l’on parle de production locale et d’industrie agroalimentaire, la notion de juste prix vient souvent s’y accoler, en oubliant que de nombreux Réunionnais encore en 2020 vivent sous le seuil de pauvreté et que les prix bas ne suffisent pas pour qu’ils puissent se nourrir. La Banque Alimentaire des Mascareignes est là pour eux, soutenue par les collectivités et les industriels de l’île.
Si le confinement a mis à mal l’économie de façon générale, et certaines TPME en particulier, elle aura fait souffrir également les Réunionnais vivant sous le seuil de pauvreté. Ces derniers déjà en difficulté en période normale ont subi cette phase encore plus durement. “Mais surtout le confinement aura fait naître de nouveaux pauvres, de nouvelles personnes fragiles” explique Bruno Prochasson, secrétaire général de la Banque Alimentaire des Mascareignes.
RÉACTIFS ET GÉNÉREUX.
La BAM mieux que personne sait à quel point cette période inédite que vit La France et La Réunion a causé des dégâts socio-économiques. “À la fin du confinement, les dépôts de la banque alimentaire étaient vides, reprend le secrétaire général, on a dû lancer un appel aux dons sur tout le territoire afin de renflouer les stocks”. De jour en jour, la BAM voyait ses denrées diminuer alors que la demande, elle, se multipliait par trois.
“On n’avait jamais vu les stocks aussi maigres”, assure Marcel Técher, président de la Banque Alimentaire des Mascareignes. “Il a fallu se montrer réactif pour ne pas arriver à une pénurie”. Les industriels se sont alors montrés solidaires et n’ont pas hésité à faire don de leur marchandise : Téréos, Carrefour, E. Leclerc, Vindemia, Soboriz, Cilam, Royal Bourbon et Unilever ont spontanément livré leur contribution.
32.000 COLIS DISTRIBUÉS.
Ses denrées sont ensuite dispatchées entre la trentaine d’associations habilitées par l’État qui fonctionnent avec une dizaine de CCAS sur l’île, et ce sont elles qui donnent les colis alimentaires. En 2019, la BAM aura distribué pas moins de 32.454 colis qui auront bénéficié à 86.000 personnes.
Des chiffres qui, audelà de la crise actuelle, ne devraient cesser d’augmenter : la France a franchi la barre des 10 millions de pauvres en 2020. L’action des Banques Alimentaires devient plus que nécessaire, elle est vitale. La BAM a d’ailleurs lancé plusieurs projets afin de pouvoir continuer à répondre aux besoins de la population réunionnaise.
DES PROJETS EN COURS.
Le plus notable, et à court terme : l’ouverture d’une unité de transformation des fruits et légumes invendus de l’île, en partenariat avec la Chambre d’Agriculture. “On a constaté qu’il y avait un certain nombre d’agriculteurs qui ne parvenaient pas à vendre leur production”, reprend Marcel Técher en estimant cette part de perte à 20% de la production qui ne partent pas dans les circuits de distribution.
L’objectif est double : permettre à la BAM de multiplier ses capacités de transformation (actuellement via son petit atelier de Mont Vert, la banque alimentaire transforme 3 tonnes de fruits et légumes par an), et “offrir aux agriculteurs du sud de valoriser leurs produits et d’augmenter leur revenu” ajoute Bruno Prochasson.
La BAM travaille également à la création d’une plateforme qui mettrait en lien les GMS et les associations pour lutter contre le gaspillage alimentaire grâce à une collecte plus intelligente et à la construction d’un nouvel entrepôt. La Banque Alimentaire des Mascareignes a déjà préparé le monde d’après, et elle démontre encore une fois sa résilience et sa capacité à répondre aux urgences socioéconomiques du territoire.
On n’avait jamais vu les stocks aussi maigres