De la parole aux actes
Bien malin qui pourra prédire l’avenir en ces temps incertains. La CPME Réunion a donc choisi cette année de ne pas rédiger de feuille stratégique pour les prochaines années, mais des poser des actes.
“2020 a été une année compliquée pour tout un chacun, et nul ne sait de quoi demain sera fait”, voilà qui explique la volonté de la CPME Réunion de ne pas rédiger de feuille stratégique pour les prochaines années. “Notre économie a été perturbée”, explique Éric Leung, président de le CPME Réunion. “Lors de la période de confinement, notre activité économique a baissé de 28%, ce qui n’était jamais arrivé. Le premier bilan de l’INSEE, notamment sur la partie touristique, estime à 48% les pertes subies dans ce secteur. Malgré tout, nous constatons que le chômage n’a pas progressé, il a même diminué”, relativise Éric Leung, qui a salué au passage, le rôle important joué par l’État et les collectivités locales dans le soutien aux entreprises et à la population.
En ce début d’année, l’heure est au bilan, et la CPME se réjouit d’avoir été présente aux côtés de ses 660 adhérents. “Nous avons à la fois été au rendez vous pour décortiquer les mesures nationales et régionales et avons été un relais entre nos entrepreneurs et les collectivités. Notre volonté à ce jour est d’être agile et réactif. Nous avons réussi à positionner les idées que nous prônons depuis 50 ans, dont l’encrage territorial, dans des structures telles que le Haut-Conseil à la Commande publique, au CESER, au comité exécutif national de la CPME, etc”.
Fort de ses 50 ans d’expérience, et afin de mieux accompagner ses entreprises en ces temps troublés, la CPME souhaite passer des paroles aux actes. A.C.T.E. S, cinq piliers sur lesquels elle souhaite concentrer ses forces en 2021 : A pour activité, C pour compétences, T pour trésorerie et territoire, E pour engagement et enfin S pour solidarité.
“L’activité reposera sur la consommation des ménages et la commande publique qui favoriseront l’investissement des entreprises” explique Pascal Plante, vice-président service de la CPME. Laquelle pour ce faire, propose la mise en place de deux types de chèques. Le chèque artisanat, à l’instar du chèque tourisme, donnerait aux Réunionnais la possibilité d’acheter des produits artisanaux ou d’améliorer leur cadre de vie en faisant appel à des entreprises artisanales. Quant au chèque service, il permettrait la prise en charge partielle des coûts de prestations de service pour les entreprises.
Un prêt de consolidation pour être prêt pour la relance
S’agissant du volet compétences, la CPME souhaite travailler à rendre les dispositifs d’accompagnement aux formations plus accessibles aux chefs d’entreprise et aux salariés afin de leur permettre de monter en compétence et en performance. Lors de la crise sanitaire, de nombreuses entreprises ont pu maintenir leur activité grâce aux dispositifs d’aides mis en place par l’État. Afin d’assurer leur présence au moment de la relance, avoir de la trésorerie est nécessaire. Or, pour survivre, certaines se sont endettées au point de se retrouver aujourd’hui sur la corde raide. Raison pour laquelle la CPME a proposé au Conseil régional la mise en place d’un prêt de consolidation. “C’est un prêt qui concentrerait l’ensemble des dettes accumulées par l’entreprise”, explique Éric Leung. “Cette dette pourrait être étalée sur 5, 7 ou dix ans, pour préserver l’entreprise et lui permettre d’être au rendez-vous au moment de la relance.”
Le quatrième pilier concerne l’engagement, “Depuis des années, nos entrepreneurs se sont engagés pour leur territoire”, poursuit le président de la CPME. “En contrepartie, les collectivités locales et la population doivent s’engager à les soutenir”, ce qui pourrait être fait à travers la création d’un comité de développement économique communal ou intercommunal qui réunirait des mondes qui ne se connaissent pas pour leur permettre de travailler ensemble.
Enfin, la solidarité étant dans l’ADN de ses entreprises, la CPME souhaite leur proposer d’échanger entre elles, mais également étendre ces échanges aux producteurs, distributeurs et consommateurs de manière à promouvoir les actes d’achat citoyen.