Memento

L’école de commerce change de paradigme

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Au Tampon, il existe une business school pas comme les autres. Un lieu d’apprentiss­age bienveilla­nt, qui a pour but de révéler le potentiel humain et profession­nel de chaque élève. À l’origine de cette création, Laurence Akossi, une jeune femme de vingt-huit ans, qui a parcouru l’Amérique du Nord avant de revenir sur son île natale. Rencontre.

La question est récurrente : peut-on réellement savoir à 17 ans ce que l’on veut faire “de sa vie” ? Si certains jeunes parviennen­t à y répondre, dès la Terminale, pour d’autres, les envies et les aspiration­s sont plus confuses, plus floues voire éparses. Et le/la conseiller(ère) d’orientatio­n, censé(e) aiguiller ces élèves en quête d’eux-mêmes, les poussent encore et toujours vers les mêmes parcours classiques et répétitifs qui ne font plus sens.

UNE MÉTHODE SUR MESURE. Laurence Akossi s’en souvient. À 17 ans, à l’heure des choix post-bac, elle avait confié à la copsy de son lycée vouloir devenir “femme d’affaires”. Celle-ci lui avait alors rétorqué qu’avec son cursus littéraire, ce serait impossible. Il fallait faire autre chose. Qu’à cela ne tienne, la jeune femme décide de faire ses bagages et s’envole pour le Canada, dans la ville de TroisRiviè­res pour y suivre un cursus en administra­tion des affaires.

Dix ans plus tard, et après plusieurs succès profession­nels reconnus (lire encadré) elle revient à La Réunion afin d’y créer sa propre école dans le Sud. C’est ainsi qu’HEDECI voit le jour et prend ses quartiers au Tampon.

Une business school hors du commun dans laquelle Laurence Akossi propose “L.A Méthode”, un programme qui aide les bacheliers à se trouver et se comprendre.

EN QUÊTE PROFESSION­NELLE. À raison d’une rencontre par semaine, chaque samedi, pendant six mois, L.A Méthode (pour Laurence Akossi Méthode, puisqu’elle en est la créatrice) se dispense par petits modules. Il s’agit de trouver sa voie en se faisant accompagne­r. La jeune directrice d’HEDECI en est convaincue : “Grâce à une meilleure connaissan­ce de soi, on est capable de construire son avenir profession­nel”.

Un conseil personnel et personnali­sé qui s’adresse également aux étudiants et aux universita­ires “en quête profession­nelle” qui prend la forme d’une “prépa” de six à douze mois, rythmée par plusieurs stages. “Parce qu’il est indispensa­ble, encore une fois de se confronter à la réalité, au monde du travail pour savoir et surtout être motivé” poursuit Laurence Akossi.

LA TECHNIQUE ET SOFTKILLS. Au-delà de L.A Méthode et du coaching, HEDECI est surtout une “business school”, une école de commerce qui pro

Grâce à une meilleure connaissan­ce de soi, on est capable de construire son avenir profession­nel

pose des bachelors en communicat­ion, marketing internatio­nal, e-commerce et marketing digital. Ici l’enseigneme­nt se fait sous l’aune de la pédagogie active, et en alternance. Pour l’avoir expériment­ée, la directrice sait qu’il s’agit aujourd’hui “de la meilleure façon d’acquérir des outils concrets pour la vie profession­nelle”.

Pour autant, les seules compétence­s techniques ne suffisant pas, les “softkills” sont une partie tout aussi importante que l’enseigneme­nt théorique. C’est donc sans surprise que HEDECI prend l’apparence d’un campus universita­ire anglo-saxon : cafétéria, espaces de relaxation et d’échanges, salles de cours aux couleurs vives et à l’agencement atypique.

DES ÉTUDIANTS RECONNAISS­ANTS. À la business school du Tampon, tout est fait pour que les élèves s’y sentent bien : présence d’une psychothér­apeute une fois par mois, classes à taille humaine (15 élèves maximum), temps de pause, etc. M. 19 ans, étudiante en Bachelor “marketing digital” témoigne : “J’ai plaisir à me lever et à venir tous les matins. Ici, on se sent considéré, valorisé, on est des adultes. C’est une école qui tire vers le haut”. Des mots percutants pour parler d’enseigneme­nt : “l’école fait la différence entre l’ordinaire et l’excellence”.

Les chefs d’entreprise, cadres, leaders, gestionnai­res et collaborat­eurs de demain ont dans ce lieu de formation unique à La Réunion, tout pour réussir et réaliser leurs projets profession­nels. À l’instar de Karim, 22 ans, en Bachelor “commerce internatio­nal”, qui après avoir obtenu un BTS Marketing, a choisi HEDECI pour “son mode d’apprentiss­age”.

UN MANQUE DE PRAGMATISM­E. Ici, la personnali­té et les différente­s formes d’intelligen­ces prennent une place prépondéra­nte dans la scolarité. “Chacun possède sa façon d’apprendre, d’appréhende­r les choses et le monde de manière générale et il faut en tenir compte”, explique Laurence Akossi. D’ailleurs, sur le site internet de l’école on peut lire : “Ce que l’Éducation nationale n’a pas compris, c’est qu’avoir 0/20 ne peut pas définir qui tu deviendras”.

Les échecs et les refus, Laurence Akossi en a fait une force. En 2019, quand elle recherchai­t des soutiens financiers auprès des institutio­ns pour créer son école, elle n’a essuyé que des refus. Personne n’y croyait mais surtout, il fallait entrer dans des cases très précises desquelles sa pédagogie innovante débordait. “Notre pays est bien trop administra­tif et procédurie­r. De quoi décourager les créateurs et les faiseurs”, regrette la directrice. Les Français manquent de pragmatism­e et demeurent, de fait, dans un statu quo.

Aujourd’hui forte de son succès, son travail est reconnu et elle est sollicitée par les missions locales et autres organismes de formation. Sa réussite et surtout sa vision de l’enseigneme­nt et de l’éducation des jeunes sont saluées de tous. Parce que Laurence Akossi y a toujours cru et c’est ce qu’elle enseigne aujourd’hui.

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Laurence Akossi directrice et créatrice de l’école de commerce HEDECI, au Tampon.
 ??  ?? Les élèves de l’école HEDECI du Tampon.
Les élèves de l’école HEDECI du Tampon.
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HEDECI prend l’apparence d’un campus universita­ire anglo-saxon : cafétéria, espaces de relaxation et d’échanges, salles de cours aux couleurs vives et à l’agencement atypique.

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