La formation pour relancer l’économie
Afin de limiter au maximum les effets de la crise sanitaire et économique du Covid-19, la Région Réunion et le Pôle Emploi ont décidé de miser sur la formation. La nouvelle directrice régionale du Pôle Emploi Réunion, Angélique Goodall qui a pris ses fonctions au 1er février 2021, fait le point sur ces chiffres.
Voilà maintenant quatre ans qu’Angélique Goodall, Réunionnaise d’origine, est revenue sur ses terres natales. Travaillant jusqu’à présent dans l’ombre en tant que directrice adjointe du Pôle Emploi Réunion, elle a depuis le 1er février 2021 pris ses fonctions de directrice régionale en succédant à Michel Swieton, muté en région Bourgogne-Franche Comté, après 5 ans à la tête de l’établissement public.
10% DE FORMATION EN DISTANCIEL. Fait notable : c’est la première fois qu’une femme occupe ce poste à La Réunion. Et gare à celui qui pourrait croire qu’il ne s’agit que d’apparat. Angélique Goodall s’appuie sur un parcours éclectique et une connaissance pointue du territoire et de l’écosystème réunionnais. Lors de son premier entretien accordé au Mémento, la nouvelle directrice régionale a montré son attachement à l’île mais surtout son désir de la faire évoluer, notamment dans le secteur de la formation.
“La crise COVID et le confinement ont révélé le retard des organismes de formation sur la digitalisation de leurs services” explique Angélique Goodall. “En métropole, 70% des formations ont pu se poursuivre en distanciel, quand ce chiffre chutait à 10% pour La Réunion” regrette-telle. Un chiffre qui s’explique par le fait que les organismes n’étaient certes pas en capacité de proposer des formations à distance, mais aussi par un fort taux de chômeurs qui n’étaient pas équipés et/ou suffisamment familiarisés à l’environnement numérique.
DES FINANCES ENRICHIES. De fait, la formation à distance et le numérique prennent une place prépondérante dans la stratégie du Pôle Emploi Réunion en 2021. Pour ce faire, l’établissement public peut compter sur la Région Réunion qui a “doublé la force de frappe financière sur le PIC – Plan d’Investissement Compétences” précise Angélique Goodall. Des fonds plus conséquents pour des places en formation également plus nombreuses.
“À titre d’exemple, en 2020, le Pôle Emploi a dispensé 630 formations autour du numérique contre seulement 280 en 2019” reprend la directrice régionale. Une cadence qui montre l’urgence mais aussi la nécessité de former. La ministre du Travail, Élisabeth Borne l’a d’ailleurs rappelé dans ses derniers discours : “La priorité des prochains mois est de faire repartir l’activité, de sauver un maximum d’emplois, et d’en créer de nouveaux à travers le plan de relance économique” (lire par ailleurs).
La crise COVID et le confinement ont révélé le retard des organismes de formation sur la digitalisation de leurs services
DES FORMATIONS IN SITU. “Et pour cela l’accent est mis sur la formation” répète Angélique Goodall. Même s’il faut avouer que La Réunion reste quelque peu épargnée par la crise sanitaire du Covid-19. Pour autant, certains secteurs sont en tension comme les services à la personne, la santé, le commerce et la grande distribution, mais c’est une tendance de fond observée depuis plusieurs saisons déjà. Ailleurs, les entreprises ont davantage embauché en 2020 qu’en 2019 (selon les chiffres de DPAE – déclaration préalable à l’embauche).
“L’île n’a pas subi la crise de la même façon” analyse Angélique Goodall. Les chiffres en témoignent encore une fois à l’image du taux de chômage qui atteint les 5% à La Réunion contre 15% dans l’Hexagone. Quant aux profils des demandeurs d’emploi, ils ne sont pas les mêmes non plus, avec un fort taux d’illettrisme et d’absence de qualifications. Pour ce public, les formations sont d’autant plus importantes.
L’île n’a pas subi la crise de la même façon, en termes de cessation d’activités et de chômage
AIDER AU RECRUTEMENT. Des formations qui intègrent à la fois le savoir-faire et le savoir-être. Grâce à des dispositifs comme l’AFPR (Action de Formation Préalable à l’Embauche) ou le POE (Préparation Opérationnelle par l’Emploi), les entreprises sont aujourd’hui en capacité de former in situ, mais elles doivent être accompagnées. C’est le rôle du Pôle Emploi.
“Un autre pan considérable de la stratégie de Pôle Emploi Réunion en 2021 sera d’axer les forces sur les entreprises, les aider à recruter davantage et différemment” poursuit Angélique Goodall. Pour clarifier son propos, la directrice utilise l’image des recruteurs souvent à la recherche d’un mouton à 5 pattes. Le rôle de l’établissement public est d’offrir un mouton à quatre pattes et de financer la cinquième grâce à une formation. “Les potentiels sont là, il suffit de les voir sous un autre angle, et de leur donner une chance” conclut-elle.
RENFORCER LES COMPÉTENCES. Quoi qu’il en soit, les Réunionnais semblent prêts à cette transition numérique. La première Semaine de l’Emploi a d’ailleurs pris une forme digitale, un Webinaire (séminaire dont les participants communiquent à distance de façon virtuelle). Plus de 5.000 participants ont répondu présents à cette manifestation qui a recensé les formations en distanciel disponibles, les modalités et les organismes de la place qui les proposent.
Pour autant, si la FOA (formation ouverte à distance) semble l’avenir, “cela permettra également de réduire les inégalités des territoires enclavés de l’île”, des formations de formateurs sont nécessaires. “C’est une autre façon d’enseigner et il faut renforcer cette compétence dans l’île” soutient Angélique Goodall. A voir maintenant si le secteur de la formation et ses acteurs pourront faire preuve eux-aussi de résilience.