Les entreprises et la formation, l’alternative
Depuis la loi sur la réforme de la formation professionnelle de 2018, les entreprises peuvent créer leur propre école et dispenser des programmes directement connectés à leurs besoins. GBH ouvre la marche à La Réunion, en partenariat avec l’IAE, avec le lancement de la première licence Distrisup de l’île.
Ce lundi 18 janvier, c’est jour de rentrée pour la première dizaine d’élèves de la licence Distrisup de l’IAE. Un retour sur les bancs marqué par la présence de la presse pour un évènement quelque peu inédit. L’entreprise et Groupe Bernard Hayot étant en effet à l’origine de la création de cette formation sur l’île.
Une réforme opportune. Depuis 2018 et la loi sur la “Liberté de choisir son avenir professionnel” il est possible aux entreprises de créer leur propre école et de dispenser des programmes directement connectés à leur besoins. Face aux nombreuses problématiques récurrentes sur le marché local - secteur en tension, pénurie de main-d’oeuvre, compétences introuvables ou disparues - cette solution s’impose comme une évidence.
Les entreprises profitent ainsi d’un volet du texte porté par Muriel Pénicaud, la ministre du Travail de l’époque, dont l’objectif est de permettre de se former tout au long de sa vie et d’encourager l’apprentissage. Pour faire face à l ’évolution de 50% des métiers d’ici dix ans, on peut désormais être apprenti jusqu’à l’âge de 30 ans au lieu de 26, auparavant.
FORMER ET RECRUTER. Pour autant, l’instauration de ces nouvelles formations a un coût qui oblige les entreprises à faire appel à des structures partenaires. Afin de répondre à son besoin de manager de rayon et/ou de département, GBH a donc fait appel à l’IAE, l’école universitaire du management de La Réunion. “Il s’agit d’une licence Distrisup” précise Pascal Picard, directeur de l’établissement. “Et c’est une belle réussite qui montre le partenariat entre le tissu économique de l’île et le secteur de la formation”.
Onze apprenants ont donc entamé leur formation en alternance, sur douze mois, dans un rythme partagé entre cours à l’Université et temps de travail dans les filiales de GBH, à savoir Carrefour et Décathlon. “L’objectif de cette
licence est de former tant les professionnels déjà en poste que des jeunes en poursuite d’études autour de trois compétences essentielles : le management, le commerce et la gestion”, ajoute Pascal Picard.
DE NOMBREUSES OPPORTUNITÉS. Cette licence est la première formation de l’île à bénéficier du label DistriSup (lire encadré) et la deuxième de l’Outre-Mer. Une promotion composée de 9 salariés et de 3 nouveaux recrutés. “La prochaine cohorte de septembre 2021 recevra également des salariés et des tuteurs des autres enseignes de la grande distribution de La Réunion”, précise Pascal Chavignat, directeur des ressources humaines de GBH. Car, cette licence initiée certes, par le groupe de Bernard Hayot, a également pour finalité de répondre à l’ensemble des besoins du secteur.
En effet, la grande distribution tient une place prépondérante dans le département en termes de dynamisme économique et de nombre d’emplois avec plus de 5.000 salariés. “Ainsi, celui ou celle intéressé (e) par ce secteur d’activité y trouverait de nombreuses opportunités et des métiers diversifiés” insiste Pascal Chavignat. Par ailleurs, cette licence DistriSup correspond aux valeurs véhiculées par le groupe, dont la principale est de “favoriser l’emploi”, poursuit le directeur des ressources humaines. Et de chiffrer : “¾ des salariés de GBH à La Réunion sont recrutés localement”.
SOLUTION 100% PÉI. Amaury de Lavigne, directeur de Carrefour Réunion, également présent pour le lancement officiel de DistriSup a pour sa part rappelé l’importance pour l’enseigne de grande distribution “de proposer ces formations à leurs salariés qui très souvent entrent sans diplôme”. “Il paraît important de professionnaliser les métiers du secteur, qui sont appelés à évoluer et seront demain, plus pointus, plus exigeants”.
GBH et l’IAE en sont convaincus, cette nouvelle formation qui vise à intégrer le secteur de la grande distribution locale (et nationale) façonne l’élite de demain. François Haquin, directeur régional de l’OPCO “Akto”, opérateurs de compétences et l’un des financeurs de la formation se réjouit “qu’il existe enfin une solution locale qui réponde aux besoins du secteur de la GD, trop souvent en tension et qui se heurte à une pénurie de compétences, de manière récurrente”.