LE RÉUNION N’A RIEN D’UNE EXCEPTION

En France, les colonies pénitentiaires pour enfants se sont développées au 19è siècle. L’une des plus célèbres, la colonie pénitentiaire agricole de Mettray, est restée en fonction de 1850 à 1950 et a abrité un pensionnaire célèbre : Jean Genet qui, à l’âge de 16 ans, s’y est vu enfermé pour une durée de trois ans. Dans son ouvrage : “Le Miracle de la Rose”, l’auteur livre une parfaite description de cette expérience traumatisante. Autre lieu, même ambiance : La colonie maritime de Belle île en Mer (1848 puis maison d’éducation surveillée jusqu’en 1977) a également beaucoup fait parler d’elle suite à une évasion de ses pensionnaires. Des enfants qui avaient oublié qu’ils étaient sur une île et ne savaient pas qu’une prime serait offerte à quiconque ramènerait l’un d’entre eux. L’épisode tragique a inspiré à Jacques Prévert son célèbre poème “La chasse à l’enfant”.

À Sainte-Anne, sur l’île du levant, entre 1871 et 1876, une centaine d’enfants sont morts dont une dizaine, brûlés vifs suite à une révolte. “Mais la plus abominable reste la colonie horticole de Castelluccio. Entre 1855 et 1866 pas moins de 160 enfants y ont péri. Le cimetière où ces enfants sont enterrés n’a été nettoyé et réhabilité qu’en 2016” s’insurge Pascale Moignoux. Dans son ouvrage, “Graine de Bagnard” publié aux éditions Surya, l’auteure s’engage dans la lutte contre l’amnésie qui s’est emparé des esprits sur ce volet sordide de l’histoire de France et de La Réunion.