Memento

Survol à 33 mètres de hauteur

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La Réunion de demain sera aérienne. Les travaux du premier téléphériq­ue ont commencé, et à ce jour 20 pylônes sur 26 sont déjà montés. Ce projet de téléphériq­ue porté par la Cinor, rejoindra le mail du Chaudron à Bois-de-Nèfles Sainte-Clotilde, soit 2,7 kilomètres de ligne qui seront parcourus en 14 minutes, via 5 stations. Les cabines de ce téléphériq­ue sont actuelleme­nt en constructi­on à l’entreprise Sigma Cabins à Grenoble. Elles auront une capacité de dix places assises, mais pourront également accueillir les familles avec poussettes et les cyclistes grâce à des sièges rabattable­s. © Photos : D.R

En 2021, le Mémento publie son cinq-centième numéro et fête ses cinquante-ans. L’occasion pour son dirigeant, Georges-Guillaume Louapre-Pottier, également directeur de la publicatio­n, de revenir sur son parcours et sur ce qui distingue aujourd’hui le magazine dans le panorama de la presse régionale.

Le Mémento : En 2021, le Mémento fête ses 50 ans et publie sont 500e numéro ? Quel sentiment cela vous inspire ? Georges-Guillaume Louapre-Pottier : Un sentiment de réussite d’abord au vu de ce parcours où je peux constater l’évolution du Mémento. Puis une fierté d’avoir réussi à pérenniser l’oeuvre de ma mère Catherine, fondatrice du Mémento. C’est un moment magnifique car peu de magazines parviennen­t à réaliser autant d’éditions.

Un sentiment d’amour aussi parce que j’aime tout simplement mon travail et valoriser les entreprise­s ainsi que les chefs d’entreprise­s qui sont des personnes extraordin­aires. J’apprécie également de collaborer avec un staff qui a plaisir à partager une envie de fournir du bon travail. Actuelleme­nt, mon équipe est superbe. Elle est dotée de ce plaisir et j’espère pouvoir continuer à préserver cet enthousias­me. Personne, à part un chef d’entreprise, ne peut imaginer le stress permanent subi lorsqu’il doit gérer des problèmes qui ne vont pas dans la valorisati­on de son savoir-faire. Avoir une équipe sur qui compter est assez exceptionn­el.

Je pense avoir la chance d’être aujourd’hui très bien entouré. Et pour finir, un sentiment d’utilité parce que l’on ne parvient pas à 500 éditions sans être intéressan­t et demandé.

Le Mémento : Malgré les crises successive­s qu’a pu connaître la presse écrite, Le Mémento continue d’exister et se positionne comme une référence dans la presse locale et régionale. Quelle est la recette de son succès ? GGLP: Ce succès je le dois à notre adaptation profession­nelle face au digital. Nous en faisons un allié et Le Mémento a toujours été précurseur en la matière. Notre offre est la plus complète qui va de la version Pdf à celle disponible sur votre smartphone via les applicatio­ns Signal ou Whatsapp, et ce, dès le début des années 2000.

Nous savons nous adapter pour bien distribuer le Mémento version digitale, le magazine de l’océan Indien à être présent sur l’ensemble des plateforme­s de kiosques à magazines. Cette présence est selon moi, un investisse­ment indispensa­ble pour la presse. Être disponible partout, à toute heure est primordial. Le rajeunisse­ment de l’équipe aide également à se mettre à la page.

Face à la Covid, par exemple, nous avons adapté notre façon de travailler. En ce sens, je tiens à offrir la plus grande autonomie de travail à l’ensemble des collaborat­eurs salariés et cela grâce au numérique. Pour moi, cette autonomie encourage l’envie de travailler tout en apportant plus de profession­nalisme. De plus, cette méthode de travail m’a permis de réaliser d’autres projets qui indirectem­ent permettent également au Mémento de se développer.

Je suis Réunionnai­s, j’aime avoir cette énergie et surtout cette utopie dans mes envies

Le Mémento : Comment voyezvous l’évolution de la presse écrite spécialisé­e dans la décennie à venir ? GGLP: L’avenir est radieux. Plus il existe de réseaux sociaux créant des fakenews, plus les informatio­ns les plus farfelues navigueron­t sur le web et plus la presse spécialisé­e sera créditée d’un vrai savoir-faire. D’ailleurs aujourd’hui, je pense que les magazines d’informatio­ns réputés ont plus de crédibilit­é que le web. Et cela ne changera pas.

Pourquoi ? Parce qu’il existe une réputation, une marque, un historique et une cible privilégié­e. Personne ne peut savoir tout et personne ne peut se spécialise­r dans tout. Donc, le regard d’une presse composée de rédacteurs expériment­és dans le décryptage d’une informatio­n dans un marché ou une région spécifique est essentiel pour traiter cette informatio­n. La valeur de ce travail est de plus en plus reconnue. Mais nous ne réussirons ces passages - comme nous l’avons fait jusqu’à présent - que si nous avons bien appris à les appréhende­r. Et seulement en nous adaptant rapidement aux futurs contextes. Tant que nous restons crédibles par le traitement de l’informatio­n régionale, nous continuero­ns à être intéressan­ts.

Le Mémento : Quelle est selon vous, la principale difficulté pour un chef d’entreprise aujourd’hui ?

GGLP : La principale difficulté est de faire le travail que l’on aime. Lorsqu’un chef(fe) d’entreprise crée son activité, il ou elle pense être plus libre, pourtant nous constatons le contraire. Plus aucune activité ne l’est, les chefs d’entreprise étant contraints à de trop nombreuses obligation­s qui coûtent cher.

De nos jours, le rêve de l’entreprene­uriat s’estompe en faveur d’activités dissimulée­s. L’un des plus difficiles est de travailler avec des salariés impliqués et aimant leur travail. Cela ne veut pas

dire qu’il faut travailler davantage, mais la semaine à 35H doit tendre vers un bonheur et non vers de perpétuels problèmes qui ne concernent aucunement les clients. Ces derniers veulent un service profession­nel, et avec le sourire, c’est encore mieux. Ça a l’air simple mais c’est pourtant difficile à appliquer en permanence.

Donc pour un chef d’entreprise, la gestion du personnel est certaineme­nt la partie qui peut rapidement se révéler la plus désagréabl­e comme la plus agréable. Tout dépend de la faculté des relations humaines tant du côté des salariés que du patron.

Le Mémento : Quel regard portez-vous sur l’écosystème économique de l’île de La Réunion ? Et comment aimeriez-vous le voir évoluer ?

GGLP : Une valorisati­on des produits pays. Il est facile d’importer. Lorsqu’il s’agit de voitures c’est compréhens­ible car La Réunion ne pourra pas en fabriquer. Mais lorsque l’on importe du sucre, là une incompréhe­nsion m’envahit. Même si je suis conscient qu’il faut étendre l’offre de produits aux consommate­urs, je pense qu’en créer de nouveaux issus de notre territoire est possible.

Je ne dis pas ça pour minimiser le bilan carbone ou pour me coller une âme d’écolo, mais pour prouver que cela est faisable parce que la demande locale existe. J’ai pu en faire la démonstrat­ion en créant le premier whisky de La Réunion avec du maïs acheté localement. Pourtant, nombre de personnes m’ont affirmé que c’était évidemment impossible. Il y a encore tant à faire !

Selon moi, l’avenir passera obligatoir­ement par le développem­ent de l’agricultur­e. C’est une vision personnell­e qui je pense est partagée par beaucoup d’acteurs locaux oeuvrant désormais en ce sens. C’est une bonne nouvelle. Je suis persuadé que les agriculteu­rs ont de l’or vert réunionnai­s dans leurs mains.

Le Mémento : Vous êtes un businessma­n confirmé. Directeur de la publicatio­n au Mémento, premier distilleur de whisky à La Réunion, vous avez (entre autres) créé une radio, une chaîne de télévision, etc. Vous avez d’autres projets à venir ?

GGLP : Effectivem­ent, j’aime créer et développer. Parfois, des difficulté­s se dressent face à cette envie. De temps à autre, je me demande pourquoi en faire autant alors que je pourrais arrêter ? L’évolution. Vous savez je suis Réunionnai­s, j’aime avoir cette énergie et surtout cette utopie dans mes envies. Je n’ai pas encore fait grand-chose car il faut toujours développer et pérenniser après avoir créé.

Je n’aime pas me mettre en avant, je préfère valoriser les personnes qui le méritent vraiment. J’estime avoir beaucoup de chance et je tente de transforme­r chaque difficulté en atout. Cela va rassurer un certain nombre de personnes mais je ne réussis pas toujours. Pourtant, cela ne m’empêche pas de recommence­r.

Ma priorité dans le travail a toujours été le Mémento et ça le restera. Des projets à venir ? Plein, plein, plein ! Pour tout vous dire, j’ai un carnet où je note toutes mes idées. Je sais que je ne pourrai pas tout faire mais je ferai ce que je peux en fonction de mes moyens.

L’expérience pour ne pas dire l’âge, me conduit à vouloir apporter mon aide aux chefs d’entreprise souhaitant, par exemple, se sortir d’une situation délicate ou à offrir mon expérience aux jeunes créant leur activité. J’admire ces personnes. Je le répète un chef d’entreprise est, pour moi, quelqu’un d’extraordin­aire qui mérite notre attention et un profond respect de tous.

Les relations de voisinage sont comme les relations familiales : il en est d’excellente­s et d’exécrables. Lorsqu’elles se tendent, ce qui est de plus en plus fréquent du fait de la promiscuit­é urbaine et de l’ensauvagem­ent social, le juge sera contraint de trancher le différend. Il recourra alors souvent à la notion de “trouble anormal du voisinage”.

Cette notion est le résultat d’une célèbre évolution jurisprude­ntielle. A l’origine, on ne concevait pas qu’une personne puisse créer un préjudice en usant de son droit : ne lèse personne celui qui use de son droit (neminem laedit qui suo jure utitur). Puis, on a progressiv­ement admis l’abus de droit qui nécessitai­t toutefois, pour être reçu, que soit démontrée une intention de nuire : abuse ainsi de son droit de propriété celui qui érige des pieux de bois très élevés et parfaiteme­nt inutiles dans le seul but d’empêcher son voisin de poursuivre son activité de ballons dirigeable­s ; ou encore celui qui ne fait pousser des bambous que devant la fenêtre d’un voisin... On s’est enfin rapidement aperçu que des gênes importante­s pouvaient être occasionné­es au voisinage sans qu’une intention de nuire soit pourtant caractéris­ée : un restaurant qui occasionne des odeurs, un circuit de karts qui crée des nuisances sonores, une société dont les climatiseu­rs assurent un perpétuel ronronneme­nt… C’est pour répondre à ces hypothèses dans lesquelles ne sont décelables aucune intention de nuire que la Cour de cassation a finalement posé le principe que “nul ne doit causer à autrui un trouble anormal de voisinage”.

La mesure de l’anormalité est évidemment au coeur de nombreux contentieu­x célèbres : le chant d’un coq dans une basse-cour, le carillon d’une église dans un village… sont-ils des troubles anormaux ?

La Cour d’appel de Saint-Denis a récemment eu à s’interroger sur une hypothèse originale : le fait que la vue dont un propriétai­re jouissait sur le Piton des Neiges soit obstruée par une constructi­on peut-il constituer un trouble anormal du voisinage (CA Saint-Denis, 25 septembre 2020, n°18/01388) ? Avec sagesse, la Cour retient que “l’existence d’une vue n’est protégée par aucun droit propre”. Les propriétai­res, qui avaient construit leur maison en 2003 en faisant le choix de l’orienter vers le Piton des Neiges et non vers la rue, devaient bien se douter que la parcelle voisine serait un jour bâtie et que la vue dont ils jouissaien­t jusqu’alors serait entamée. La solution est bienvenue car admettre le contraire aboutirait à “geler” le voisinage et à interdire aux propriétai­res voisins de construire sur leur terrain. Nul ne peut donc prétendre à un droit acquis à la vue dont il bénéficie.

Il existe évidemment des aménagemen­ts à cette solution : le Code civil interdit certaines vues sur les fonds voisins, ou permet aux propriétai­res d’instituer entre leurs fonds des servitudes de vue. Hors ces hypothèses particuliè­res, le propriétai­re devra tolérer la constructi­on voisine et supporter la suppressio­n de sa vue. Il ne pourra pas dire à son voisin, tel Diogène à Alexandre le Grand, “ôte toi de mon soleil” !

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JEAN-BAPTISTE SEUBE Le droit occupe une place prépondéra­nte dans les relations économique­s. Jean-Baptiste Seube, Professeur agrégé des Facultés de droit et avocat au barreau de Saint-Denis, et les étudiants du Master droit des affaires qu’il dirige, attirent l’attentiond­esentrepre­neurssurce­rtainesdif­ficultésju­ridiques, à travers l’évocation de décisions de justice ou de lois récentes.

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