Memento

Pénurie de granulats dans l’Ouest

- S.D

D’ici la fin de l’année, les cinq carrières d’extraction de granulats implantés sur la zone Ouest arriveront en fin d’exploitati­on. Une situation qui inquiète fortement l’Union Nationale des Industries des Carrières et Matériaux de constructi­on de La Réunion, qui a tiré la sonnette l’alarme.

“Les ressources existantes de granulats, surtout dans la zone Ouest, sont en pénurie”. C’est un réel cri d’alarme qu’a lancé l’UNICEM de La Réunion qui espère bien sensibilis­er tous les acteurs du secteur sur le prochain schéma régional des carrières. Créée en 2017, l’Union Nationale des Industries des Carrières et Matériaux de constructi­on de La Réunion, répartis en quatre filières (granulat, le BPE ou béton prêt à l’emploi, la préfabrica­tion et les adjuvants), riche de 40 sites et de 14 entreprise­s adhérentes, est aujourd’hui inquiète quant à l’avenir du granulat dont 5 millions de tonnes sont chaque année nécessaire­s à la constructi­on des 2.000 logements individuel­s et 4.000 logements sociaux, ainsi que des réseaux routiers et autres infrastruc­tures du territoire.

À La Réunion, ces granulats sont extraits des différente­s carrières alluvionna­ires situées dans la Rivière des galets, la Rivière Saint Etienne, La Rivière du Mat et la Rivière de l’Est. Or, les cinq carrières de la zone Ouest arriveront au terme de leur exploitati­on fin 2021. La solution à cet épineux problème serait la création de nouveaux sites d’extraction : “Nous avons été interpellé­s par un appel à projets du Départemen­t paru en fin d’année dernière concernant des implantati­ons logistique­s ou à vocation agricole sur une parcelle lui appartenan­t, située à proximité de la zone des buttes du

Port”, explique Pascal Leandri, président de L’UNICEM de La Réunion.

“Cette parcelle appartient cependant à un espace carrière répertorié dans le schéma départemen­tal des carrières de 2010. Si des entrepôts de stockage y sont construits, toute la ressource présente en dessous sera perdue. Il est primordial d’exploiter les ressources minérales dans les zones intéressan­tes avant de les urbaniser. Elles représente­nt tout de même deux années d’exploitati­on dans l’Ouest”. Un enjeu important pour l’UNICEM, car sans carrières dans l’Ouest, les matières premières devront être récupérées dans celles de l’Est et du Sud, ce qui aura inévitable­ment pour conséquenc­es de les appauvrir prématurém­ent, d’augmenter le trafic routier et par la même la pollution et de modifier grandement le coût du transport des matériaux sur les chantiers.

Une pierre de plus au schéma régional des carrières

L’UNICEM s’est d’ores et déjà lancée dans une course contre la montre pour sanctuaris­er les zones de gisements afin de déposer des dossiers d’autorisati­on préfectora­le. Pour prévoir et gérer les ressources à long terme, le schéma régional des carrières est un outil précieux. Schéma auquel l’UNICEM compte bien apporter sa pierre : “Le législateu­r a prévu une portée de ce schéma beaucoup plus puissante qu’auparavant”, poursuit Pascal Leandri. “Il va être opposable aux documents d’urbanismes locaux. Cela permettra d’éviter le gaspillage du gisement par une urbanisati­on trop rapide”.

Autre travail à mener : avoir une visibilité sur au moins 40 ans sur les gisements existants alors qu’elle est actuelleme­nt de 8 à 10 ans dans l’Est et le Sud, et d’un an dans l’Ouest. Pour augmenter les réserves en granulats, des solutions autres que l’exploitati­on de carrière subsistent. Si en France le code de l’environnen­t interdit le prélèvemen­t dans le lit des rivières, une dérogation existe dans les cas où l’excédent de matériaux entraînera­it des risques en terme de sécurité pour les habitation­s en aval.

À La Réunion, c’est le cas de la Rivière des Remparts à Saint-Joseph. “En nettoyant ces rivières, nous pouvons atteindre les 5 millions de tonnes de gravats dont l’île a besoin chaque année”, explique Fabrice D’Ascoli, président du collège préfa. “Au-delà des gisements que l’on connaît, c’est une source potentiell­e de matériaux”. Autre possibilit­é pour augmenter les réserves : les granulats recyclés. “Lors des chantiers de constructi­on, il est possible de recycler les déchets pour produire des granulats recyclés”. Si cette filière n’en est qu’à ses débuts à La Réunion, elle tend néanmoins à se profession­naliser. Affaire à suivre...

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© Photo Mémento Samuel Perot, président du collège granulats, Pascal Leandri, président de L’UNICEM La Réunion et Fabrice D’Ascoli, président du collège préfa.

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