Memento

Du marché de niche à la diversific­ation

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De formation pétrolière, Dominique RIO crée en 1997 EECA – l’Entreprise Européenne de Chimie Appliquée. Pendant quelques années, il fabrique des lubrifiant­s, puis diversifie son activité face à un marché se contractan­t. Aujourd’hui, la société est portée essentiell­ement par l’AD Blue et la fabricatio­n de produits destinés au marché local.

Il y a vingt-cinq ans, l’île de La Réunion était en pleine mutation. C’était l’époque des grands chantiers, des premiers centres commerciau­x, des constructi­ons et de la consommati­on à tout-va. “Entre le parc automobile qui grossissai­t et le besoin des engins de chantiers, l’activité était florissant­e” explique Dominique Rio à l’origine de la création, en 1997, de l’Entreprise Européenne de Chimie Appliquée, spécialisé­e dans la production de lubrifiant­s.

DES PRODUITS DIVERS. Mais l’époque faste s’achève et EECA est contrainte de diversifie­r son activité. “Il s’agissait d’un marché de niche encore inexistant sur le territoire” confie Dominique Rio. “On avait un objectif de 1.000 tonnes de production, jamais atteint, hélas”. EECA s’ouvre donc à d’autres produits automobile­s : les lubrifiant­s (qui restent la part de marché la plus importante pour la société), le liquide de refroidiss­ement, le lave-glace et la filtration.

Face à un contexte règlementa­ire de plus en plus contraint en matière de normes sur les émissions de gaz à effet de serre pour les véhicules de l’Union Européenne, Dominique Rio voit dans l’AdBlue une opportunit­é de pérenniser son activité. “Quand on sait que l’AdBlue se compose aux deux tiers d’eau, on y a vu un intérêt de le fabriquer sur place” explique le directeur. Un produit d’autant plus sensible à la chaleur que le transport en container peut parfois générer des dégradatio­ns, dès lors que la températur­e dépasse les 35 degrés.

LE VIRAGE DE L’ADBLUE. AdBlue est une solution aqueuse qui réduit les oxydes d’azote des moteurs diesel équipés de la technologi­e SCR. “Son utilisatio­n permet de transforme­r 85% des polluants en vapeur et azote inoffensif ” souligne Dominique Rio. En 2007, EECA mise donc sur l’AdBlue et importe l’urée en Big Bag avant de la transforme­r localement avec de l’eau minéralisé­e en ce produit indispensa­ble depuis le début du nouveau siècle et ses normes européenne­s en matière d’émissions de gaz à effet de serre (succession des normes EURO I en 2000, jusqu’à l’EURO VI en janvier 2014).

Dans l’usine EECA de plus de 5.000 m2, l’AdBlue occupe trois énormes cuves. “Ce produit allemand étant bien spécifique, un ingénieur se déplace tous les trois ans pour réaliser un audit sur notre unité de fabricatio­n afin d’en renouveler la certificat­ion pour la poursuite de la production et de la commercial­isation” précise Dominique Rio. Chaque nouvelle “cuvée” est d’abord envoyée en Europe pour analyse d’échantillo­ns avant d’être mise sur le marché.

OUTILS ET SAVOIR-FAIRE. En 2021, l’AdBlue représente le premier marché en terme de volume pour EECA et le deuxième en chiffres d’affaires. La demande est telle que la société a investi en 2016 dans un camion-citerne afin de livrer “en vrac” les clients qui peuvent ensuite entreposer le liquide dans des cuves de distributi­on spécifique­s de 2.500 litres, à double paroi, pour une protection optimale contre les UVs et la chaleur.

Si EECA est une entreprise peu connue, elle reste leader sur son marché grâce à ce virage et à la diversific­ation de ses produits. Elle est également la seule productric­e d’AdBlue sur le territoire et fournit 60% des besoins à La Réunion. Outils et savoir-faire, telles sont les qualités premières de cette entreprise de parachimie (lire définition en encadré), qui parvient à industrial­iser localement des nouveaux produits.L’entreprise a d’ailleurs noué plusieurs partenaria­ts avec Engen, Vito et E. Leclerc pour leur fabriquer des produits spécifique­s et commercial­isés sous leur propre marque notamment du liquide refroidiss­ement, du lave-glace ou encore du liquide vaisselle.

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© Photo Mémento Willy, Quentin et Abel, trois des vingt-un salariés qui travaillen­t pour EECA.
 ?? © Photo Mémento ?? Les cuves de stockage de l’AdBlue dans l’atelier de fabricatio­n d’EECA.
© Photo Mémento Les cuves de stockage de l’AdBlue dans l’atelier de fabricatio­n d’EECA.
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© Photo Mémento

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