Le plastique : la matière indispensable
Bourbon Plastique Emballage produit depuis plus de cinquante ans films, emballages et sacs plastique destinés aux différents secteurs économiques de La Réunion. Jean-Claude Leblanc, Président de la société revient sur le rôle du plastique dans la société
Le plastique reste encore aujourd’hui la matière indispensable à la société contemporaine. Or le plastique est partout et son usage, nécessaire, comme dans le milieu médical les transports, les loisirs notamment. Mais quand on l’évoque, on pense plus souvent au plastique d’emballage, dans l’agroalimentaire. “Les consommateurs n’achètent pas un emballage” explique Jean-Claude Leblanc, “ils achètent un produit emballé”. Si la nuance paraît dérisoire, sa subtilité montre bien le fond du raisonnement.
Sur le plan historique, BPE existe depuis 1967, et crée son premier sac en polyéthylène pour répondre à un besoin de l’époque : trouver un contenant au sucre, vendu en vrac dans le réseau de distribution des “boutiques chinoises”. “L’emballage plastique venait ainsi se substituer au cornet en papier journal” raconte Jean-Claude Leblanc. Le plastique dans l’agroalimentaire répond ici à plusieurs enjeux : sanitaires, conservation, stockage, traçabilité, garantie, etc.
LE PLASTIQUE, ÉCOLOGIQUE ? Le remplacement du plastique par des matériaux alternatifs pourrait être encore pire pour l’environnement. Ce ne sont pas les industriels qui le disent mais le magazine Géo(www. geo.fr) qui titre ainsi un article paru en janvier 2020. Mais l’usage du plastique doit être maîtrisé : il est urgent de lutter plus efficacement contre les déchets sauvages et la pollution marine qui en résulte en améliorant la collecte des déchets à La Réunion. Personne ne présente vraiment d’alternative qui soit aussi écologique et économique que e plastique soutient Jean Claude Leblanc. Il en veut pour preuve la très sérieuse étude de Denkstatt.
Selon ce cabinet autrichien, remplacer le plastique par d’autres matériaux (papier, carton, verre, etc.) dans une fonction équivalente entraînerait une multiplication par 3,6 fois du poids total des emballages et il faudrait plus que doubler l’énergie consommée pour les fabriquer. Conséquence, les gaz à effet de serre seraient 2,7 fois plus élevés. “C’est un impact économique et écologique important” souligne le Président de Bourbon Plastique Emballage.
INCORPORER DU PLASTIQUE RÉGÉNÉRÉ. Ces chiffres s’appuient sur l’analyse du cycle de vie de chacun des matériaux, depuis l’extraction de la matière première jusqu’à sa revalorisation. “L’importance et l’urgence d’aujourd’hui, c’est le développement de la filière recyclage” estime Jean-Claude Leblanc. Et à cet effet, BPE n’a pas attendu une législation contraignante. En effet, depuis son origine l’usine recycle ses chutes de production. Depuis 2 an ans son atelier de régénération s’est étoffé par l’acquisition d’une ligne de recyclage permettant de traiter les films imprimés et donc prête à régénérer les films post consommation propres.
“Aujourd’hui le ratio matière première / plastique régénéré est de l’ordre de 75/25, mais l’objectif est de passer à 20/80” affirme le plasturgiste. Pour cela, Bourbon Plastique Emballage peut compter sur son extrudeuse tricouche qui permet d’absorber de fortes proportions de matériaux régénérés.« Nous revalorisons désormais non seulement les chutes de production internes mais aussi les collectes de déchets propres provenant de nos clients industriels et nous nouons des partenariats avec les filières de collecte locales pour augmenter la récupération et le recyclage des plastiques», poursuit Jean Claude Leblanc.“Si pour l’instant, essentiellement les plastiques générés en interne sont revalorisés, l’usine souhaite nouer des partenariats avec les filières de collecte locale pour augmenter le gisement de plastique” poursuit Jean-Claude Leblanc.
LA RÉVOLUTION EST EN COURS. À ce sujet, BPE travaille actuellement avec l’association Fourmize pour à terme en faire un partenaire qui pourrait lui fournir le plastique d’emballage propre récupéré auprès des particuliers. L’usine de Bras-Panon a également innové en proposant aux agriculteurs de l’île un paillage en film plastique biodégradable pour la culture de l’ananas. Jean-Claude Leblanc en est persuadé : “une révolution du secteur se fera prochainement” et il compte bien en être acteur.
Il ne s’agit pas selon lui, d’affirmer une supériorité globale du plastique, “chaque matériau a ses qualités propres, qui correspondent à des applications précises, selon la technicité, l’esthétique et le prix recherché”. En revanche, il faut éduquer sur la pollution provoquée par les dépôts sauvages, “et c’est de la responsabilité de tous, producteurs, consommateurs et collectivités”.