Memento

SHÉNAZ ZADVAT GHANTY

Gérante d’Offital

- Propos recueillis par: Laurie Ferrère // Photo: Mémento

Il n’y a pas d’entreprise­s sans bureaux. Et le bureau n’est pas seulement un espace mais aussi du mobilier. Si certains pensent l’aménagemen­t d’espaces de travail secondaire, les changement­s d’habitudes montrent que son aspect est de plus en plus important. Rencontre avec Shénaz Zadvat.

Il n’y a pas d’entreprise­s sans bureaux. Et le bureau n’est pas seulement un espace mais aussi du mobilier. Si certains pensent l’aménagemen­t d’espaces de travail secondaire, les changement­s d’habitudes montrent que son aspect est de plus en plus important. Rencontre avec Shénaz Zadvat Ghanty, gérante d’Offital, l’un des magasins pionniers dans le secteur, à La Réunion.

Le Mémento : Bonjour ; Est-ce que vous pourriez-vous présenter. Qui êtes-vous Shénaz, et quel est votre parcours ?

Shénaz Ghanty : Je suis Shénaz Zadvat Ghanty, gérante de la société Offital, présidente de l’associatio­n EPA Réunion, et vice-présidente du MEDEF Réunion. J’ai intégré la société familiale très jeune – à 19 ans, en faisant de l’alternance, ce qui m’a permis, dès le début d’être confrontée à la réalité économique des entreprise­s.

Au départ, Offital était intégré au groupe Zadvat, et mon père a décidé, deux ans après mon intégratio­n à l’entreprise, de séparer les deux entités et a ainsi créé Offital.

Le Mémento : Vous êtes gérante du magasin Offital. Pourriez-vous nous en dire davantage sur cette enseigne ?

S. G. : Offital c’est trente-cinq ans d’activités et vingt-trois ans de société. À l’origine de la création de ce magasin de mobilier de bureau, il y a eu un besoin de la part de mon père, qui ne trouvait pas satisfacti­on avec l’offre existante à La Réunion, à l’époque. Il a alors décidé d’importer du mobilier de bureau, étant importateu­r/grossiste, il en avait pris en quantité supérieure, et a revendu le surplus. Et c’est comme ça qu’est née l’activité.

Quand on a commencé, c’était un petit magasin de centre-ville au 60, rue Jean-Chatel, là où on retrouve actuelleme­nt la boutique Nespresso. Rapidement, l’activité a pris de l’ampleur et il fallait trouver des locaux plus grands. En 1999, on s’installe à La Mare, là où l’on est encore aujourd’hui, dans un bâtiment de 1500 mètres carrés, pour un showroom de 800 mètres carrés.

Ces locaux sont d’ailleurs ce qui nous a permis de nous démarquer et de perdurer dans le temps. Disposer d’un showroom, mais aussi d’un espace de stockage conséquent, d’une logistique forte afin de répondre au maximum aux besoins de clients, de manière rapide et pertinente. En face, la concurrenc­e se fait sentir aussi, il y a ABCD,-Mobilier, Mobair ou l’historique UMAB. Mais Offital a su se démarquer, tirer son épingle du jeu.

Aujourd’hui, 20 ans après, l’activité perdure et se porte bien notamment grâce des plus-values que l’on apporte dans nos services, notamment le design d’espace. Offital ne vend pas que du mobilier ; mais des projets d’aménagemen­t d’espace de A à Z, on pousse la réflexion très loin dans le besoin du client. Les gammes sont plus larges également, avec le mobilier il y a aura aussi les accessoire­s ainsi que le mobilier d’extérieur.

Le Mémento : On a vu, avec le confinemen­t et la crise sanitaire du COViD-19, la façon de travailler, évoluer, notamment avec le télétravai­l, les visio-conférence­s, etc. Est-ce que cela s’est ressenti pour vous, profession­nel du mobilier d’entreprise?

S. G. : LA crise a changé la façon de travailler, c’est un fait. Mais Offital a eu la chance de conserver son marché et maintenir son chiffre d’affaires malgré le confinemen­t, notamment grâce au télétravai­l. Parce que si les premières semaines, les salariés travaillen­t sur un bout de table à manger, très vite ils ont voulu s’équiper. Pendant ces moislà, on a équipé beaucoup de particulie­rs en fauteuils ergonomiqu­es, par exemple. Et même s’ils ne sont pas les clients-cibles, on continue aujourd’hui de fournir les particulie­rs sur leurs besoins, d’autant que le télétravai­l risque de s’ancrer dans les habitudes de travail.

Le Mémento : Certains pourraient penser que le mobilier d’entreprise est une chose secondaire. Mais il prend une place de plus en plus importante avec la sécurité et le bien-être au travail. Que peut-on dire sur l’évolution du secteur ?

S. G. : Le bureau ce n’est plus seulement un lieu de travail mais un véritable lieu de vie. Les locaux, leur agencement et leur équipement font même aujourd’hui partie des critères de choix, de la nouvelle génération Z, pour accepter un emploi dans une entreprise. Ces jeunes veulent travailler dans un endroit qui soit beau, stimulant, agréable à vivre au quotidien, c’est un critère qui prend place au même titre qu’un salaire.

De fait, dans les projets que l’on réalise, c’est une donne que l’on voit intervenir de plus en plus souvent. Les clients veulent des locaux avec une image moderne, dynamique, qui donnent envie d’y être et d’y rester. Offital travaille actuelleme­nt sur un projet d’immeuble de bureaux, et on a tout pensé, avec le client : la couleur des murs, le mobilier de travail et de détente, les accessoire­s, etc. Du sol au plafond, du luminaire au tapis, des casiers de vestiaires jusqu’au tableau blanc, Offital aujourd’hui est capable de répondre à tous les besoins d’aménagemen­t d’espace et d’équipement en mobiliers de bureau, et avec les plus grandes marques européenne­s.

Le Mémento : Vous êtes aussi la présidente de l’associatio­n EPA Réunion – Entreprend­re Pour Apprendre Réunion. Quelle est cette associatio­n et quelles sont ses actions ?

S. G. : Entreprend­re pour apprendre, c’est une associatio­n créée à La Réunion à l’initiative du MEDEF, en partenaria­t avec l’Académie de La Réunion. Le but est d’aller à la rencontre des jeunes, de 12 à 18 ans de l’île, et leur proposer de créer des mini-entreprise­s

dans les établissem­ents scolaires (collèges, lycées) ou d’insertion.

On travaille même actuelleme­nt sur un projet pilote en centre pénitentia­ire.

L’objectif avec cette démarche, c’est d’accompagne­r le jeune à l’entreprena­riat, lui faire découvrir le monde économique et les coulisses d’une société en prenant le rôle du dirigeant. Ils passent de réels entretiens d’emplois, doivent monter le projet de A à Z, de l’idée jusqu’à la vente du produit et/ou service, etc. Tout cela est suivi par un professeur(e) et un mentor salarié et/ ou chef d’entreprise.

L’associatio­n suit un programme pédagogiqu­e, cadré, expliqué, avec un planning et des actions bien spécifique­s à mener. À la fin, il y a un concours et le meilleur projet s’envole pour la métropole afin de représente­r le territoire face aux autres meilleurs de chaque associatio­n.

Cela fait trois ans que l’associatio­n existe à La Réunion, et il y a deux ans, des collégienn­es de Cambuston (SaintAndré) ont remporté le prix de la créativité au concours national. La force de ce programme c’est de s’adapter à tous, même les publics en difficulté scolaire ou issus de classe spéciales.

L’objectif c’est aussi que les jeunes cessent de subir l’orientatio­n et qu’ils aient l’occasion de vivre une expérience d’une mini-entreprise, de prendre confiance, de s’exprimer en public, de travailler en groupe, à se tromper et à recommence­r, cela leur apprend aussi à grandir.

Le Mémento : Vous êtes aussi, viceprésid­ente du MEDEF Réunion. On voit que vous êtes une femme dirigeante et engagée. C’est important pour vous de faire entendre une voix féminine, de porter un regard féminin sur ces sphères décisionna­ires ?

S. G. : Alors oui, et encore oui parce que malheureus­ement d’une manière générale, la route est encore longue pour le combat des droits des femmes, même si certaines choses évoluent, il faut encore se battre aujourd’hui pour que la femme ait la même place que l’homme d’une manière générale, dans l’entreprena­riat ou la représenta­tivité (politique, syndicale, entreprene­uriale). Cette place, cette représenta­tivité est encore très faible dans ces milieux aujourd’hui. Et il est primordial de faire entendre notre voix.

Mais c’est important aussi de défendre une idée, des valeurs. C’est d’ailleurs pour ça que je suis au MEDEF, la famille fait partie des rangs depuis mon grand-père, et ça me tient à coeur de défendre mes idées sans forcément défendre le fait que ce soit une femme ou pas, le tout c’est de défendre et d’y croire.

Le Mémento : Qu’est-ce que vous aimeriez voir changer dans le monde de l’entreprise aujourd’hui de manière générale ? Et quelle est sa force ?

S. G. : Étant moi-même partisane d’innovation continue et très encline au changement, je vois toujours d’un très bon oeil les évolutions. Je m’attèle d’ailleurs à cet exercice d’introspect­ion et d’améliorati­on tous les ans, dans ma société, et je fais en sorte que l’on évolue, en permanence : pour mieux satisfaire les clients, coller au marché, améliorer la vie d’entreprise­s de mes collaborat­eurs, c’est tout cela qui change. Et je pense également que la remise en question permanente et le changement permettent de ne pas se reposer sur ses lauriers.

Après, dans le monde de l’entreprise de manière générale, je ne vois pas de changement à réaliser, si ce n’est peutêtre que les gens changent de regard sur le monde de l’entreprise, de l’entreprena­riat et le fait d’être patron. Il faut le voir à sa juste valeur, ce n’est pas une place forcément simple, facile, on porte de lourdes responsabi­lités et il n’existe pas, dans la vie d’entreprise, un jour sans problème.

D’où mon engagement également auprès du Medef, quand on voit les TPE, qui ont du mal à comprendre les textes de lois qui changent sans cesse, etc. Adhérer au syndicat, ça facilite la vie d’entreprise, ça permet d’avoir accès aux informatio­ns et de disposer d’un réseau et de se faire aider.

Selon moi, ce qui le plus important aujourd’hui pour une entreprise, c’est de donner du sens à ce qu’on fait. Sans élégance de coeur, il n’y a pas d’élégance.

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