Tine Poppy

Tine Poppy, artiste musicale péi est en concert au mois d’avril au Teat Plein Air de Saint-Gilles. Et c’est un réel plaisir que d’aller l’applaudir (en ces temps incertains).

Quel enchantement, de voir un concert programmé. Les politiques auront beau dire qu’il n’y a là rien d’essentiel, c’est faux. Se retrouver dans une foule, envahis, tous et chacun, de la même énergie, de la même envie, être en osmose avec un artiste et sa musique, les uns les autres, dans une même volonté de purger ses passions par la catharsis, laisser le spectacle enlever le poids du quotidien ; c’est tout cela un concert, la musique, la culture. Et c’est essentiel.

“Simple et compliqué”

Et l’île de La Réunion a la chance, en ce sens, d’être un cas à part. Ici, les spectacles sont reprogrammés, reportés mais pas annulés. Ainsi Tine Poppy, prévue en concert début avril, sera en représentation le 30 avril prochain au Teat Plein Air de Saint-Gilles ; un moment attendu avec impatience qui se fera à guichet fermé – d’une part parce que le public saisit chaque occasion de culture, et d’autre part (et surtout) pour le talent de l’artiste.

“Simple et compliqué”, c’est le titre de son dernier EP, sorti en 2020. Et ce sont aussi les adjectifs qui vont avec l’exercice de parler de Tite Poppy, artiste musicale péi, dont aucune comparaison n’est possible tant la talentueuse et pétillante Portoise vogue entre plusieurs styles : une pop aux sonorités traditionnelles du séga/maloya. Le titre le plus représentatif de son univers ne serait-il d’ailleurs pas la reprise de “Freed From Desire” de Gala, dans laquelle le refrain se chante en kayamb ?

Une musique en paroles

Tine Poppy – Caroline Maillot de son état civil –, a commencé la musique, par hasard, par une envie irrépressible, en passant devant une école de musique à Paris, elle décide de s’y inscrire. Elle persiste et persévère, de retour à La Réunion, puis se met à “gratter”, ce qui lui permet de composer ses premiers textes. En 2014, elle n’est encore personne et pourtant le Kabardock, déjà conquis par le talent certain, décide de lui offrir la première partie de Sandra Nkaké.

Son style ? Elle n’en a pas, elle n’en définit les contours d’aucun, elle les prend tous. Elle écrit et chante en créole, pour le reste, la musique, les sons, cela s’impose, comme une envie irrépressible, là encore. Moins musicienne que parolière, ses textes sont intimes, personnels, revendicatifs, nostalgiques, oniriques aussi.

Un voyage des genres

Son nom de scène aussi est “simple et compliqué”. Tine pour le petit nom gâté et Poppy pour le rappel à la “pop”. “C’est un nom maillé” avoue-t-elle dans l’une de ses interviews. “Artiste Pop” avec elle n’a rien de péjoratif, au contraire. On retrouve dans la musique de Tine Poppy toute la fraîcheur, la simplicité, le côté électrifiant et énergisant de ce genre musical. Trop mainstream pour certain (le genre, pas l’artiste), il permet au contraire de réunir les gens dans le beau et le simple, l’essentiel. Tine Poppy rend la pop, encore plus pop, grâce à son univers.

Un concert avec elle, c’est un voyage des genres, un voyage de style, d’époque. Styliste dans la vie, elle a su créer à la scène un univers bien à elle, qui mêle musique et stand-up, fédérer des musiciens qui comptent parmi les meilleurs de l’île et séduire un public à la recherche de nouvelles sonorités. Elle a également remporté le prix des Voix de l’Océan Indien dans la catégorie meilleur artiste Pop-Rock Électro/ Reggae.