Memento

La fraternité entre Dalons, ça a du bon

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On pourrait croire que le digital a réinventé les codes de l’économie – néo banques, crowfundin­g, bitcoin – or le numérique n’a fait qu’offrir des outils à des pratiques qui existaient déjà. Petit tour d’horizon du financemen­t par les foules, et de sa réussite.

Depuis 2010, on voit fleurir des plateforme­s de crowdfundi­ng : Ulule, Kisskissba­nkbank en France, Kickstarte­r aux États-Unis, Sellaband en Allemagne et même Poc Poc, pour le produit local. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à l’instar de l’épargne, le crowdfundi­ng ne connaît pas la crise. Ainsi en 2020, soit dix ans après leur apparition, ces plateforme­s ont collecté plus d’un milliard d’euros, en France.

115.516 PROJETS FINANCÉS PAR CROWDFUNDI­NG. C’est la première fois dans son histoire que le secteur dépasse le milliard. Et les records ne s’arrêtent pas là : les volumes collectés ont aussi progressé de + de 69% entre 2019 et 2020. Entre 2015 et 2020, la collecte totale se multiple par six. “L’écosystème s’est montré robuste et agile dans son ensemble malgré la période particuliè­re” souligne Bertrand Desportes, associé à Mazars. Au total, plus de 115.516 projets et entreprise­s ont fait appel aux plateforme­s de crowdfundi­ng en 2020.

Parmi elles, les Dalons, cette petite brasserie de bière artisanale que Le Mémento avait rencontrée alors qu’il ne s’agissait encore que de trois jeunes hommes qui brassaient de la bière dans un garage. Aujourd’hui, la petite entreprise a bien grandi. Du garage de la Coline des Camélias,

ils sont passés à un hangar de plus de 500 mètres carrés dans la zone d’activité de La Mare.

“10.000€ À 300%. Avec le déménageme­nt, il y avait de nouveaux besoins d’investisse­ment” explique Jonathan Hi-Tung, responsabl­e commercial et administra­tif des Dalons. Entre autres un transpalet­te électrique, une imprimante sur rouleaux pour les étiquettes des éditions spéciales, et quelques menus travaux d’aménagemen­t d’espace (plomberie, cuisine, séparation d’espaces, four à pizza, etc.).

En tout, les Dalons avaient estimé leurs besoins de financemen­t à 10.000€ et c’est tout naturellem­ent qu’ils se tournés vers le crowdfundg­ing, sur le modèle de dons contre récompense. “On s’est inspiré de ce que faisaient les autres micro-brasseries en métropole pour lancer la campagne” poursuit le brasseur ; c’est-à-dire offrir aux contribute­urs des “goodies” en fonction de leur générosité.

Ce qui est intéressan­t avec le crowfundin­g c’est que les gens qui participen­t, connaissen­t la marque et/ou adhèrent au projet. Ils le font par affect, par conviction

UN LIEN DE PROXIMITÉ FORT. “Même les plus petits montants étaient récompensé­s” explique Jonathan Hi-Tung. Ils ont ainsi lancé, dès le mois de mars 2020, la campagne de “financemen­ts par la foule” - traduction littérale du crowfundin­g, sur la plateforme Ulule. En deux semaines seulement, les trois dalons parviennen­t à 100% de leur objectif. Ils décident donc d’augmenter à 200%, puis 300% atteint en plusieurs semaines. “Ce qui est intéressan­t avec le crowfundin­g c’est que les gens qui participen­t, connaissen­t la marque et/ou adhèrent au projet. Ils le font par affect, par conviction” poursuit l’entreprene­ur, “contrairem­ent au banquier qui ne se liera que par bénéfices et taux d’intérêts”.

C’est d’ailleurs cette raison, “la proximité avec le consommate­ur”, qui a poussé Les Dalons à faire appel à ce moyen de financemen­t plutôt qu’un parcours classique de prêt ou de subvention­s. “Cela a créé un lien fort avec la communauté, et ça participe à la notoriété de la marque” reprend Jonathan Hi-Tung. Cette levée de fonds a ainsi permis aux compères d’embaucher : aujourd’hui, l’équipe compte 9 personnes supplément­aires et la production de bière artisanale se chiffres à 18.000 litres par mois.

UN BAR ÉPHÉMÈRE. Le contact direct avec le client, c’est une valeur qui a toujours existé chez les Dalons. Déjà à l’époque du garage, il était possible de faire de l’achat en direct. “Là-dessus, quelques jours après l’emménageme­nt le COVID-19 est arrivé, et on a renforcé ce lien en livrant directemen­t les clients” poursuit Jonathan Hi-Tung. La crise ne faisant que renforcer les liens entre la marques et ses adeptes.

Aujourd’hui, l’engagement de l’un pour l’autre ne se démonte pas. Pour remercier les bénéficiai­res, les Dalons ont inscrit leur nom sur la fresque d’accueil de leur hangar et ont mis en place un bar éphémère, ouvert le jeudi et vendredi jusqu’à 21h30 (hors contrainte­s sanitaires) afin que les clients puissent consommer sur les lieux même de la production et découvrir l’envers du décor.

REVALORISA­TION DES DÉCHETS. Pour 2021, les Dalons continuent de s’investir dans la vie économique à leur façon. Ils participen­t d’ailleurs au concours des Trophées Entreprise­s et Territoire­s, organisé par Antenne Réunion qui met à l’honneur des TPME qui construise­nt La Réunion de demain. Pour les Dalons, leur atouts dans cette compétitio­n, c’est bien évidemment l’identité forte de leur marque, leur communauté mais aussi l’économie circulaire qu’ils ont réussi à mettre en place.

“Depuis le début, les céréales et les levures sont redistribu­ées aux agriculteu­rs des hauts de SaintDenis parce que le recyclage et la revalorisa­tion des déchets restent des éléments importants dans notre production” reprend Jonathan HiTung. De même, l’eau utilisée pour le brassage est récupérée et la brasserie a mis en place un service de consigne sur les bouteilles de 1,8l. Le but étant de réduire l’empreinte carbone au maximum pour préserver le territoire tout en mettant ses atouts et son terroir en avant dans les produits.

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© Photo Zest
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© Photo Zest Le nouveau lieu de production de la Brasserie Dalons, ouvert et accessible au public.

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