Entreprendre à plusieurs, une solution qui séduit
Très souvent, l’entreprenariat est vu comme une aventure solitaire, où le dirigeant se retrouve quelque peu isolé parmi une multitude de contraintes règlementaires, juridiques et fiscales, tout en devant mener à bien son activité. Pour y remédier, de plus en plus de porteurs de projets se tournent vers la CAE. Décryptage avec Corinne Chung, présidente de Possible.
Stress, épuisement, isolement, polyvalence, etc. Les adjectifs qui s’accordent à la vie d’entrepreneur ne sont pas tous positifs, il s’agit bien souvent d’une vie plus complexe qu’il n’y paraît. Dans ce parcours qui peut s’avérer chaotique pour certains, des solutions existent pour amorcer les coûts et les contraintes. Ainsi, plutôt que de créer sa propre structure, un porteur de projet peut faire le choix de rejoindre une coopérative d’activités et d’emplois (CAE).
PRENDRE LE MEILLEUR, DÉLÉGUER LE PÉNIBLE. “La CAE permet à chacun de créer sa propre activité et de la rendre pérenne” explique Corinne Chung, présidente de Possible, une des deux coopératives d’activité et d’emploi de l’île de La Réunion. La CAE accueille ainsi les futurs dirigeants qui n’ont plus besoin de s’immatriculer. “La structure permet de tester et de pouvoir développer son projet en autonomie au sein d’un réseau” poursuit Corinne Chung. Elle vise également à mutualiser les moyens et déléguer la partie pénible (administrative, juridique et comptabilité).
Dans les faits, le dirigeant signe dans un premier temps un CAPE – Contrat d’Appui au Projet d’Entreprise, et devient par la même entrepreneur-salarié. Si la forme peut s’apparenter au portage salarial, ce n’est pas le cas. La coopérative offre ainsi la possibilité de tester un projet avant de créer l’entreprise, de se concentrer sur le développement commercial, et d’éviter les lourdeurs administratives de la création.
LIMITER LES RISQUES EN SE DÉVELOPPANT. “C’est simple et économique” insiste la présidente de Possible. De cette façon, l’entrepreneur-salarié dispose d’un cadre juridique, d’un contrat avec la CAE, d’une aide administrative importante mais aussi d’un accompagnement proactif individuel et collectif pour la gestion et le développement de son activité. Si l’activité se porte bien, il évolue ensuite vers un CESA – un Contrat D’Entrepreneurs Salarié Associé, dans un délai maximum de trois ans.
“Tout cela limite la prise de risque et offre des avantages certains aux porteurs de projets” reprend Corinne Chung. La CAE initie un nouveau modèle de société, une forme d’organisation qui suit l’air du temps, et invente ainsi le travail de nouvelle génération qui favorise l’initiative individuelle en s’appuyant sur une dynamique collective à son service. Le parcours est sécurisé.
Par ailleurs dans son modèle, la coopérative promeut l’économie sociale et solidaire, porte une mission d’intérêt public et agit sur un mode de gouvernance où une personne est égale à une voix. “L’entreprise appartient aux salariés” insiste la présidente de Possible, et en terme de redistribution, les CAE sont exemplaires puisqu’elles reversent au moins 25% aux salariés.
Préserver, maintenir et développer l’outil de production, telles sont les ambitions des coopératives. Et si leur forme paraît encore modeste, les CAE possèdent un fort potentiel.