Memento

Quel devenir pour les bureaux ?

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En mars 2020, la France entière se confine. Le premier secteur impacté par cette crise sanitaire du COVID-19 : l’économie. Tout le monde est à la maison, ceux qui le peuvent font du télétravai­l quand le reste du pays est au chômage partiel. Depuis, peu de choses ont changé et le monde du travail doit se réinventer, notamment dans sa fonction et son lieu de vie. Éclairages avec Vincent le Baliner, gérant d’Inovista.

Il y a un an, la France (et le reste du monde) basculait dans l’inconnu : le pays entier était confiné – les écoles, les bureaux, les administra­tions, les commerces, les restaurant­s, les hôtels, tous devaient cesser leur activité et rester à la maison pour cause de crise sanitaire. Mais afin d’amortir au mieux l’impact économique de ce confinemen­t, le gouverneme­nt incitait les entreprise­s “qui le peuvent” à réaliser du télétravai­l.

COLS BLEUS VS. COLS BLANCS. Ainsi, la part des salariés en télétravai­l a bondi de 7% à 39% pendant cette période. Aujourd’hui, en avril 2021, les recommanda­tions de l’Élysée restent les mêmes : “quatre jours de télétravai­l par semaine minimum”. Si ce nouveau mode de fonctionne­ment en a séduit certains qui y ont trouvé un certain équilibre (et intérêt), d’autres se questionne­nt sur le devenir des bureaux et militent pour le maintien de ce lieu de vie.

Le bureau, en tant qu’espace physique “permet un principe de cohésion nationale et d’égalité” explique Vincent Le Baliner, gérant d’Inovista, expert en conseil immobilier d’entreprise. Pour le gérant d’un patrimoine estimé à près de 12.000 m2, une société où les profession­s qui le peuvent seraient en télétravai­l et les autres sur le terrain, équivaudra­it à revenir 50 ans en arrière, “les cols bleus (caissiers, infirmière­s, etc.) obligés d’aller travailler, et les cols blancs pourraient profiter de leur cadre de vie, tout en exerçant leur activité”.

QUEL AVENIR POUR LES BUREAUX ? D’ailleurs, le télétravai­l fut révélateur des inégalités salariales. “On a vu des cadres, réaliser un travail à distance dans leur maison secondaire, quand des secrétaire­s ou des employés se retrouvaie­nt coincés dans de petits appartemen­ts entre garde d’enfants et obligation­s profession­nelles” poursuit Vincent Le Baliner. Optimiste, le président du Club Immobilier refuse que l’Homme ne devienne qu’une à machine à produire qu’on n’aurait plus besoin de voir, une personne à dix doigts derrière un clavier.

Il n’y a pas de ralentisse­ment sur la demande, et surtout on continue de voir l’importance du bureau comme lieu de vie

Pour autant réaliste, Vincent Le Baliner sait que les réflexions actuelles dans les entreprise­s restent celles-ci : quel avenir pour le bureau et quelle conception du bureau de demain au regard du télétravai­l ? “Même si certains grands noms de l’économie tricolore ont annoncé passer en télétravai­l soutenu, comme PSA*, cela reste difficilem­ent transposab­le pour La Réunion” nuance le gérant d’Inovista.

LES ÉCHANGES ET LE CONTACT HUMAIN. Il n’y a qu’à regarder le parc d’immobilier d’entreprise pour comprendre que le territoire local ne ressemble en rien à ce que l’on peut voir en métropole. Le ratio de mètres carrés par habitant est de 0,8 pour l’île de La Réunion quand celui-ci est 1,5 pour Marseille, 2,5 pour Bordeaux ou encore 4,5 pour Toulouse. La transition économique du départemen­t vers le tertiaire est encore en cours. Et la demande ne finit pas de croître. En 2020, Inovista a ainsi satisfait 73 sociétés qui recherchai­ent 13.000 m2 de bureaux. “Il n’y a pas de ralentisse­ment sur la demande, et surtout on continue de voir l’importance du bureau comme lieu de vie” insiste le gérant.

Travailler chez soi se révèle ainsi mécanique, basique, voire primaire, il n’y a plus d’échanges, de contact et d’intelligen­ce collective. “C’est une autre chose que révèle aussi le télétravai­l” reprend Vincent Le Baliner, “quand il s’agit de projet complexe ou de sujet important, le présentiel et le travail collaborat­if continuent d’être privilégié­s”.

UN BUREAU FLEXIBLE ET CONVIVIAL. De fait, le bureau de demain sera le bureau d’aujourd’hui. “C’est un bureau qui facilite les échanges, la conviviali­té et le travail en équipe” détaille le gérant d’Inovista. Le bureau conserve ainsi ses espaces ouverts mais on y ajoute des canapés, des grandes tables de réunion, des points café, etc. Le bureau sera aussi plus flexible, avec l’émergence de tiers-lieu comme les espaces de co-working, ou encore intégrer des out-desk. Vincent Le Baliner avoue lui-même utiliser ces nouveaux moyens dans sa propre entreprise.

Parce que les manières de travailler changent, l’environnem­ent de travail évolue lui aussi. Les locaux deviennent aussi énergisant­s et écologique­s, dans l’esprit des attentes de leurs usagers.

*PSA a annoncé passer 20% de ses effectifs (20.000 personnes) en télétravai­l, pour plus d’un tiers du temps de travail.

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Parce que les manières de travailler changent, l’environnem­ent de travail évolue lui aussi.
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Vincent Le Baliner est gérant d’Inovista et président du Club Immobilier Océan Indien, qui regroupe les 45 principaux acteurs de références des métiers de la constructi­on et l’animation de la ville.

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