Prendre sa place
Tous les ans, en l’honneur de Julie Mas, la première femme cheffe d’entreprise de La Réunion, l’association EFOIR récompense les femmes dirigeantes. Mais crise sanitaire du COVID-19 oblige, cet évènement n’a pu avoir lieu. Qu’à cela ne tienne, Entreprendre Au Féminin Océan Indien Réunion a tout de même tenu à rencontrer les femmes de l’île. Récit.
Lundi 8 mars 2021. Devant l’ancienne gare routière de Saint-Denis, un bus particulier attire le regard : le VIB – pour Very Important Bus, imposant véhicule long de 12 mètres à la carrosserie noire, qui permet aux entreprises, associations groupes de personnes de se rencontrer de façon inédite. Ce matin-là, le bus est floqué du logo de l’EFOIR – l’association Entreprendre au Féminin Océan Indien Réunion.
UN VOYAGE PLUTÔT QU’UN PRIX. Ici, depuis 8h, des femmes s’agitent, discutent, se rencontrent, prennent le café ensemble. En ce jour international de la lutte pour les droits des femmes, le moment est important. “Tous les ans, l’association remet aux femmes dirigeantes de l’île le prix Julie Mas qui récompense les meilleurs projets de création d’entreprises” raconte la présidente, Élise Cadren, élue en juin 2020 et qui a succédé ainsi à Chaéda Rivière.
Mais la crise sanitaire du COVID-19 qui chamboule le secteur de l’évènementiel, oblige l’EFOIR à valoriser ses actions autrement. “C’est là qu’intervient l’idée du bus” sourit Catherine Cotto, gérante du VIB. En ce jour particulier, cheffes d’entreprises, dirigeantes, cadres et femmes engagées sillonnent la côte ouest de l’île, de Saint-Denis à Saint-Louis afin d‘aller à la rencontre des femmes de La Réunion.
REPRÉSENTATIVITÉ ET ASSERTIVITÉ. Sous le thème “en route pour entreprendre”, l’association fait le choix symbolique de quatre arrêts, un dans que chaque commune du département qui a élu une femme à la mairie, aux dernières élections municipales. “La représentativité de la femme aujourd’hui dans la société, dans les sphères décisionnaires reste un combat important même s’il a évolué ces dernières années” explique Élise Cadren.
Pour la présidente de l’association, le combat serait aujourd’hui celui de l’assertivité, “oser davantage, s’affirmer, prendre sa place et dire les choses sans craindre l’interlocuteur”. Pour EFOIR, les femmes sont capables mais manquent encore de confiance en soi, et l’association se positionne comme l’aide, le conseil, le soutien pour ces femmes qui souhaitent créer leur propre activité mais pas seulement. “On s’adresse également à celles qui cherchent à évoluer dans leur carrière. Et il y a aussi la jeunesse, les lycéennes, les femmes en recherche d’emploi et celles qui sont en galère”.
LOUER DES PARTENARIATS, CRÉER UN RÉSEAU. Dans chaque commune, l’EFOIR et ses adhérentes sont donc allées à la rencontre des femmes de l’île pour échanger et dialoguer sur des thématiques diverses. “Il n’y a pas que l’entreprenariat. C’est aussi décloisonner le discours, dire qu’un réseau de paires existe et de fait, casser l’isolement”. À côté de l’EFOIR, une autre association avait également pris place dans ce bus : Elle’Hit.
L’association qui compte une trentaine d’adhérentes intergénérationnelles, a vu le jour en septembre dernier et a pour but d’offrir aux femmes une mise en réseau et des moments de partage, “un temps pour prendre du temps pour soi”, s’enthousiasme sa vice-présidente Anne-Gaëlle Mourgaud. Chaque adhérente apporte sa pierre à l’édifice, avec un partenariat avec l’EFOIR pour accompagner celles qui souhaiteraient monter leur entreprise et un autre avec Woman Mag, premier magazine audio de La Réunion qui relaie la voix des femmes ambitieuses de l’île.