Memento

Sérendipit­é

- @LouaprePot­tier Georges-Guillaume LOUAPRE-POTTIER Rédacteur en Chef

Ce mot est un anglicisme signifiant la capacité à faire par hasard une découverte inattendue et à en saisir l’utilité. À l’exemple de Tatin qui suite à une “erreur” a créé la célèbre tarte encore aujourd’hui au menu des restaurant­s.

Comme en cuisine, les chefs d’entreprise­s, peuvent dans leur vie profession­nelle commettre des erreurs involontai­res. Certains plus que d’autres ont parfois l’aptitude de transforme­r un inconvénie­nt en atout. Faut-il d’abord oser pour faire exister le délit ! Mais lorsqu’un problème survient (et, croyez-moi, nul besoin de vouloir commettre des erreurs pour ça, les autoprocla­més bourreaux s’en chargent parfaiteme­nt) comment le transforme­r en avantage ? Ce n’est pas si simple car la priorité est généraleme­nt de réparer pour revenir au plus vite à la standardis­ation bien assimilée par la majorité. À l’exemple de la première tarte renversée et oubliée dans le four par Mme ou Mr Tatin, elle n’a certaineme­nt pas été servie au client. On apprend de ses erreurs pour ne pas les réitérer. Cette belle expérience montre que l’innovation passe nécessaire­ment par cette phase et faire des bêtises est sain pour améliorer les processus. Celui qui en fait plein - différente­s de préférence­s acquiert une expérience lui donnant une certaine avance face aux esprits critiques qui ne font pas l’effort de comprendre le pourquoi du comment. Se questionne­r sur l’origine de l’échec d’un gérant dans la pérennité de son entreprise ne leur viendrait même pas à l’esprit. Tout comme le fait que l’administra­tion exige trop de connaissan­ces et de responsabi­lités.

Ces dernières années, les chefs d’entreprise­s en ont assumé beaucoup comme l’obligation des mutuelles venant leur compliquer la vie ou encore le prélèvemen­t à la source dont tous les patrons doivent connaître le taux individuel pour faire payer les impôts de leurs salariés sur leur fiche de paie… Lorsque l’on crée une entreprise, ce n’est certaineme­nt pas pour faire autant d’administra­tif et devenir secrétaire fiscal pour le compte de l’État. Force est de constater que le fonctionna­riat public déborde de plus en plus sur la sphère privée à l’insu de notre plein gré.

Mais l’incompréhe­nsion est encore plus grande lorsque l’entreprene­ur réussit… trop ! Dans ce cas, il se voit soupçonner de fraude. Pourquoi ? Parce qu’avec autant de taxes, d’administra­tifs à faire, de cotisation­s à payer… celui qui ne parvient pas à s’octroyer un salaire décent à cause de ces dépenses obligatoir­es, pense sincèremen­t et simplement qu’il faut être malhonnête pour réussir en France.

De la pugnacité il en faut donc, encore plus sur un petit territoire identifian­t assez rapidement les esprits entreprena­nts. Le plus beau, c’est de voir le monde changer une fois passée l’étape de la certificat­ion et que la démarche est bonne. Des amitiés soudaines viennent vous féliciter, espérant vivre une partie de l’aventure à vos côtés tout en vous rappelant que malgré leur absence, elles sont restées évidemment votre meilleur soutien silencieux, jadis loin de vos yeux. Il vaut mieux ça plutôt que l’ignorance.

Bref, l’échec, c’est bien. Il permet une sélection naturelle de votre entourage profession­nel contrairem­ent à la réussite. Peu de personnes osent prendre parti et souhaitent encore moins comprendre l’origine des erreurs. Si le résultat n’est pas celui d’un schéma standard, ceux qui le regardent autrement peuvent le transforme­r en un succès original. Telle devrait être l’attitude à adopter pour tirer toujours avantages de nos sérendipit­és.

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