COÛT DE LA VIE ÉTUDIANTE
La crise accentue les inégalités
Pour la 16è année consécutive, l’UNEF publie une étude relative à l’évolution du coût de la vie étudiante. Si sans surprise, la crise Covid a aggravé la situation des étudiant.e.s, la précarité semble toucher plus particulièrement les filles, les étrangers et les étudiants ultramarins.
L’année universitaire 2020 a été marquée par la crise sanitaire et ses conséquences économiques et sociales. En plus de devoir faire face aux traditionnelles hausses de prix et à l’arrivée de nouvelles dépenses parmi lesquelles l’obligation du port du masque et son surcoût évalué à 230€ par an, la population d’étudiants-travailleurs a vu ses revenus fondre comme neige au soleil du fait de la rupture ou du non-renouvellement des contrats de travail et de stage. “Pour rappel, en France, un étudiant sur deux travaille pour compenser des aides sociales qui, en plus de ne pas répondre aux besoins, sont en constante diminution, à l’image des APL” rappelle l’UNEF.
Tandis que le premier confinement allait contribuer à ralentir l’inflation (+0,2% en juin 2020), le coût de la vie étudiante allait, de son côté, exploser pour s’établir à 3,60%. C’est 18,5 fois plus que pour le reste de la population ! La conséquence d’une crise qui touche davantage les jeunes mais surtout “d’une précarité étudiante qui n’a de cesse de s’accroître depuis plusieurs années, en l’absence de véritables réponses à cette problématique” analyse l’UNEF.
Un coût de la vie qui explose
À travers son enquête annuelle, la principale organisation étudiante de France revient sur les raisons de cette augmentation, avec en première ligne les augmentations de loyer, premier poste de dépense représentant 69% du budget étudiant. En partie freinée par la stagnation des loyers en résidence CROUS, l’évolution moyenne du coût du loyer étudiant (public et privé) a atteint, en 2020, 2,41 %, avec de fortes disparités relevées entre Paris et la Province, également fonction de la taille des villes mais avec une constante cependant : une augmentation spécifique des petites surfaces, justement celles privilégiées par le public étudiant.
Des inégalités qui se creusent
Déjà en 2019, l’UNEF pointait un écart important du coût de la vie entre étudiants et étudiantes. En l’absence de réponse adaptée à la lutte contre cette précarité spécifique, l’écart a continué à se creuser pour s’établir à 123,32% en 2020. C’est 3,73% de plus que l’année précédente. En résumé, une étudiante (ou assignée), doit faire face à un surcoût annuel de 534,12€, du fait d’un coût menstruel fort, de taxes roses (47 € pour une coupe de cheveux courts femme contre 34 pour un homme) mais aussi de conventions sexistes encourageant les femmes à s’épiler, se
maquiller etc. Les étrangers figurent également au nombre des publics étudiants les plus précaires. Entre les frais d’inscription différenciés, les frais administratifs et les barrières (nécessité de justifier de 615 euros de ressources mensuelles pour l’obtention /renouvellement de leur titre de séjour, interdiction de travailler plus de 60% de la durée légale du travail), conjugués au non-accès à la majorité des aides publiques, les étrangers doivent supporter un coût de la vie supérieur de 19,26% à celui des étudiants français.
Des Ultramarins particulièrement touchés par la précarité
Conséquence d’un coût de la vie plus important dans les départements et régions d’outre-mer, la précarité pèse particulièrement sur les étudiants ultramarins. L’UNEF a calculé l’écart du coût de la vie étudiante entre les territoires et les conclusions sont sans appel : “Le coût de la vie pour les étudiants est en moyenne plus élevé dans les DROM de 13,10% pour les non-boursiers et de 26,85% pour les boursiers” indique l’UNEF qui milite depuis plusieurs années pour la mise en place d’un complément de bourse de 100€/mois/échelon dans les DROM et plus généralement, une revalorisation des bourses à hauteur de 20%.
Au-delà, l’organisation appelle à un plan d’urgence pour lutter contre l’explosion du coût de la vie étudiante.
En plus d’une réforme en profondeur du système des bourses appliquée aux montants mais aussi aux critères d’éligibilité, de l’intégration des étrangers au système des aides sociales et la fin des frais d’inscription différenciés, l’UNEF appelle de ses voeux la mise en place de véritables politiques destinées à lutter contre l’inflation du logement étudiant, la gratuité des transports en commun pour ce public (mais aussi pour tous les jeunes), contre la précarité accrue des femmes et assignées femmes, ainsi que la mise en place d’une protection sociale pour les jeunes diplômés (retour de l’Aide à la Recherche du Premier Emploi supprimée en 2019 et accès au RSA pour les moins de 25 ans).
Le coût de la vie pour les étudiants est en moyenne plus élevé dans les DROM de 13,10% pour les nonboursiers et de 26,85% pour les boursiers