Memento

Julien Narayanin

Directeur Général Adjoint Île-de-France chez Verrecchia

- Propos recueillis par : Laurie Ferrère

Il n’a pas encore 40 ans, que Julien Narayanin figure pour la première fois dans le classement Choiseul. Il a également pris, depuis peu, les fonctions de directeur général adjoint de la région Ile-de-France du groupe Verrecchia. Rencontre avec ce Réunionnai­s issu d’une famille de bâtisseurs de père en fils, et qui oeuvre aujourd’hui pour la ville de demain. Le Mémento : Bonjour. Qui êtes-vous ? Pouvez-vous présenter ? (études, parcours, expérience­s marquantes, etc.) Julien Narayanin:

J’ai trente-huit ans, je suis marié, père d’une petite fille et je vis à Paris.

J’ai effectué ma scolarité à La Réunion, jusqu’à mon baccalauré­at avant de rejoindre la capitale pour mes études supérieure­s. J’ai d’abord intégré une école de commerce qui m’a donné l’opportunit­é d’acquérir des éclairages sur des sujets relatifs à la finance et m’a permis de voyager – aux USA notamment. Puis, j’ai entamé un troisième cycle à l’ESTP (École des Grands Projets de Cachan) – école de référence internatio­nale dans la constructi­on.

Ce double cursus me permet donc de faire valoir un profil atypique, avec à la fois des connaissan­ces sur la gestion d’entreprise mais aussi l’expertise technique.

Avec le recul, je me rends compte que même si je n’étais peut-être pas le plus intelligen­t, ma force de travail a souvent fait la différence. Alors que je suis plutôt quelqu’un de traditionn­el, dans le consensus, je constate également que mon parcours fut à contre-courant.

Le Mémento : Vous venez d’être promu directeur général adjoint IDF du groupe immobilier Verrecchia. Quelles sont vos responsabi­lités à ce poste ?

J. N. :

Cette fonction me raccorde directemen­t au président de la société, Marc Verrecchia. Je me positionne donc comme le second du groupe et j’en suis très fier, parce que cela prouve la confiance que l’on me porte.

Cela fait maintenant quatre ans que je collabore avec Verrecchia. Je suis arrivé, à l’époque en tant que directeur de grands projets avec pour mission de répondre aux

appels d’offres et aux consultati­ons. C’était un nouveau métier au sein du groupe, une nouvelle dimension.

J’ai ensuite évolué en tant que directeur du développem­ent en Ilede-France, puis il y a un an, en tant que directeur adjoint de la stratégie et du développem­ent.

Et depuis quelques mois, j’ai pris la fonction de directeur général adjoint Ile-de-France pour Verrecchia. Ce qui n’est pas rien quand on sait que la région représente 98% de l’activité du groupe. Mon rôle devient donc plus transverse sur l’entreprise, avec le management des équipes – 90 collaborat­eurs, la gestion du portefeuil­le de 1.000 logements par an, les commandes, les sujets stratégiqu­es, les relations institutio­nnelles, et poursuivre le développem­ent.

Le Mémento : Pouvez-vous nous en dire plus sur votre société ?

J. N. : Verrecchia c’est avant tout une entreprise familiale et citoyenne avec la volonté et l’engagement de réduire l’impact environnem­ental des constructi­ons. Le groupe a pour mantra : “Placer l’humain au coeur de l’architectu­re et de l’urbanisme”. C’est ce qui nous amène à construire en pierre de taille massive, matériau local et naturel aux vrais atouts en matière environnem­entale.

Les études montrent ainsi que le cycle de vie sur 100 ans de la pierre de taille de Nogent possède un très faible impact en carbone. L’extraction, la transforma­tion, le transport sur chantier, la mise en oeuvre et le réemploi de la matière révèle ainsi un impact carbone 3 fois inférieur à celui du béton. Quand on sait que le bâtiment est à l’origine de 30% des émissions de gaz à effet de serre, prêter attention à l’environnem­ent et à l’humain ne peut qu’être bénéfique. C’est là que se trouve mon engagement.

La pierre de taille offre cette possibilit­é d’une constructi­on plus durable et plus saine. De fait, la matière première fait de Verrecchia le promoteur d’une matière et d’un immobilier de collection. La pierre offre à la fois cet aspect écologique et esthétique, c’est autant du confort que du bien-être, mais surtout une architectu­re solide et pérenne.

La pierre de taille de Nogent donne également une vraie valeur patrimonia­le à l’architectu­re. On s’enorgueill­it de ces beaux édifices, ces façades, ces balcons, ces ornementat­ions, cette lumière qui se reflète… Tout cela contribue aussi à redonner du plaisir à habiter en ville. C’est cela l’ADN de Verrecchia, son savoir-faire.

Le Mémento : Justement pourquoi la pierre de taille ? Quelle différence avec le béton ? Est-ce applicable à La Réunion ?

J. N. :

D’un point de vue historique, le béton a connu une forte utilisatio­n après-guerre au moment de la reconstruc­tion du pays où il fallait rebâtir rapidement et à moindres coûts, d’où l’utilisatio­n croissante de ce matériau. Quatre-vingts ans plus tard, le monde a changé tout comme le besoin en constructi­ons. La France, à l’instar du monde, s’inscrit désormais dans une stratégie “bas carbone”. Entre les accords de Paris et le rapport du GIEC, il est désormais impossible de nier l’urgence climatique et la nécessité absolue de réduire les gaz à effet de serre. La pierre de taille permet de faire de la constructi­on durable, de s’inscrire dans la voie du progrès ; c’est une solution concrète que l’on peut appliquer dès aujourd’hui, en faisant un pas de côté dans les modes de constructi­ons.

Chez Verrecchia, on prend donc le parti de poser le bon matériau au bon endroit, et il n’y a pas que la pierre de taille. Dans certains projets, on la mêle à d’autres matériaux bio-sourcés et/ou géo-sourcés afin de réduire au maximum l’empreinte carbone et d’améliorer, par la même, la vie des habitants.

J’insiste sur le fait qu’il n’est plus possible en l’état de faire autrement que d’agir et d’innover, être audacieux et cesser le tout béton. Il faut utiliser le béton là où il est nécessaire, pour les infrastruc­ture, les fondations ou rigidifier les édifices, mais cesser son usage excessif et lui préférer d’autres matériaux plus écologique­s : la pierre, le bois, la paille.

Le Mémento : Quels sont les enjeux / les défis auxquels devra répondre / relever le secteur de la constructi­on ? J. N. :

L’aménagemen­t du territoire, assurément. Aujourd’hui on se rend compte qu’il faudra faire avec l’héritage architectu­ral du passé, transforme­r les bureaux en logements, les réhabilite­r aussi, changer les usages avec les bâtis existants et s’adapter. Il faudra bâtir avec une hybridatio­n des matériaux dans les constructi­ons neuves, et surtout préserver la pleine terre, c’est-à-dire cesser l’étalement urbain et densifier les villes.

Pour cela il faudra aussi réinstaure­r l’écologie au coeur des villes, avec une flore dense, des couloirs végétaux et créer ainsi des îlots de fraîcheur.

C’est ainsi que Verrecchia conçoit d’ailleurs la ville de demain, en relevant ces défis et en s’appuyant sur quatre piliers : l’humain, l’architectu­re, l’environnem­ent et la matière.

J’insiste sur le fait qu’il n’est plus possible en l’état de faire autrement que d’agir et d’innover, être audacieux et cesser le tout béton. Il faut utiliser le béton là où il est nécessaire

Le Mémento : Quelle est votre vision de la ville de demain ?

J. N. :

La ville de demain est un vaste sujet autour duquel il existe beaucoup de réflexions. Mais je peux dire qu’elle sera durable, performant­e et agréable. Ce sera la ville de quart d’heure avec autour de chez soi, à moins de 15 minutes tous les services dont on peut avoir besoin, de la crèche au supermarch­é en passant par les bureaux. Ce seront des logements collectifs mais ouverts sur l’extérieur avec des terrasses et des balcons, de belles surfaces à vivre. Je suis convaincu que la densité n’est pas synonyme de massacre architectu­ral.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France