Memento

Et dans la nuit brilla une lumière…

- JEAN-BAPTISTE SEUBE jean-baptiste.seube@univ-reunion.fr // Et les étudiants du M2 droit des affaires associatio­n.alda@gmail.com

Le droit occupe une place prépondéra­nte dans les relations économique­s. Jean-Baptiste Seube, Professeur agrégé des Facultés de droit et avocat au barreau de Saint-Denis, et les étudiants du Master droit des affaires qu’il dirige, attirent l’attention des entreprene­urs sur certaines difficulté­s juridiques, à travers l’évocation de décisions de justice ou de lois récentes.

Le 4 octobre dernier, “la nuit du droit 2021” s’est déroulée au Tribunal Judiciaire de Saint-Denis.

Organisée sous l’égide du Conseil constituti­onnel, cette manifestat­ion nationale a pour objectif de faire connaître le droit, souvent paré de mystères, aux justiciabl­es. Depuis trois ans, la Faculté de droit et d’Economie de La Réunion est le moteur de cette manifestat­ion, en étroite collaborat­ion avec les juridictio­ns et les profession­s judiciaire­s.

Cette année, de nombreuses activités étaient proposées dans les locaux du Tribunal Judiciaire : des scènes de crimes où l’on pouvait découvrir le travail des enquêteurs et des technicien­s des services de police et de gendarmeri­e, des ateliers-métiers où les étudiants pouvaient se renseigner sur les différente­s profession­s auxquelles mènent les études de droit. Mais le clou de cette nuit était le concours d’éloquence.

Les étudiants en droit de Saint-Denis et du Tampon avaient, depuis le mois de septembre, participé à une sélection au cours de laquelle ils devaient exprimer, en moins de cinq minutes, leur sentiment sur le thème général de “l’Etat de droit”. Les meilleurs étudiants de chaque promotion étaient alors invités à déclamer leur plaidoirie, dans les locaux du Tribunal judiciaire, devant un prestigieu­x jury composé, entre autres, de magistrats, d’avocats, d’huissiers, de notaires, d’universita­ires…

Dans le respect des contrainte­s sanitaires mais avec un talent virevoltan­t, les étudiants ont abordé des thèmes aussi variés que “un Etat sans droit ?”, “les états d’âme du droit”, “Etat de droit ou Etat des droits”, “le droit accepte-t-il qu’on se mette dans tous ses états ?”… Ce concours d’éloquence confirma ce que l’on savait depuis Corneille : aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années !

Avec un mélange de gravité et de légèreté, de sérieux et d’humour, d’intelligen­ce et d’émotion, les jeunes plaideurs ont révélé des personnali­tés riches et attachante­s qui feront, dans les futures années, d’excellents juristes… Le droit menant à tout, ils deviendron­t avocats, magistrats, notaires, juristes d’entreprise, mais aussi journalist­es, chefs d’entreprise, hommes politiques… Quelle que soit la voie qu’ils choisissen­t, ils se souviendro­nt sans doute de cette “nuit du droit 2021” qu’ils éclairèren­t de leur talent.

Cette “nuit du droit 2021” fut l’occasion de convaincre les sceptiques que le droit est tout sauf une discipline desséchant­e. On pense souvent, à tort, que les études de droit imposent d’apprendre par coeur les codes et les lois. Ce n’est pourtant là que l’écume des choses : si le droit s’y résumait, les juristes seraient vite remplacés par des ordinateur­s ou des logiciels d’intelligen­ce artificiel­le. Le droit est avant tout un discours, un art de l’argumentat­ion. Il mêle connaissan­ces techniques, psychologi­e, art oratoire… Le bon juriste est celui qui convainc. Puisse donc l’université ne pas se contenter de délivrer un vulgaire prêt-à-penser, mais réellement former les esprits, en développan­t l’esprit critique et les talents des étudiants.

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