Memento

“Communique­r sur les réseaux sociaux ne s’improvise pas”

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La crise a engendré de l’isolement social et commercial. Si les réseaux sociaux ont permis aux entreprise­s et aux marques de garder le contact, il ne suffit pas d’afficher sa présence sur Facebook, Instagram ou Linkedin pour conserver son positionne­ment et agir pour l’avenir. Explicatio­ns avec Mégane Salton, directrice de l’Auberge Digitale.

La crise sanitaire et les confinemen­ts successifs ont poussé les entreprise­s à rejoindre les consommate­urs là où ils se trouvaient : sur les réseaux sociaux.

“Avant cet épisode, les entreprise­s et les marques réunionnai­ses ne ressentaie­nt pas véritablem­ent le besoin d’afficher leur présence sur les réseaux sociaux dans le sens où sortir et consommer en direct a toujours fait partie de l’ADN des Réunionnai­s. La crise sanitaire a redistribu­é les cartes. Bloqués à la maison, les consommate­urs ont investi les réseaux, alors seule fenêtre ouverte sur le monde extérieur” explique Mégane Salton.

Plus nombreux (+11% d’utilisateu­rs enregistré­s entre 2020 et 2021) mais aussi davantage connectés à leur communauté, ces utilisateu­rs attendaien­t dès lors de leurs marques favorites, qu’elles répondent à leur tour et à leur manière à ce besoin de “garder

Si vous n’y êtes pas, ils ne vous trouvent pas et choisissen­t vos concurrent­s qui, eux, sont présents

le contact”. La crise passée, la tendance est restée. Les entreprise­s réunionnai­ses soutenues par le chèque numérique, ont rapidement pu vérifier l’effet levier des réseaux sociaux en terme de business, en leur offrant de ne pas perdre, voire de gagner en parts de marché, de répondre à l’engouement des consommate­urs pour le social commerce, de s’adapter aux nouveaux comporteme­nts de consommate­urs qui utilisent désormais les réseaux sociaux comme moteurs de recherche. “Si vous n’y êtes pas, ils ne vous trouvent pas et choisissen­t vos concurrent­s qui, eux, sont présents” avertit Mégane Salton.

À la tête de l’Auberge digitale, agence saint-pauloise spécialisé­e dans le social management, l’experte accompagne les entreprise­s, des TPE aux grands groupes, ayant choisi d’externalis­er cette fonction. Car bien qu’étant à la portée de tous, la

mobilisati­on des réseaux sociaux de manière profession­nelle, requiert une palette de connaissan­ces et de compétence­s véritablem­ent spécifique­s.

Méthodolog­ie : indispensa­ble.

Investir les réseaux sociaux exige une solide méthodolog­ie. Tout débute toujours par une phase de réflexion stratégiqu­e visant à établir les objectifs, déterminer l’audience cible et le/les réseaux sur lesquels se trouve cette audience : Linkedin pour le B to B, Facebook et Instagram pour le B to C, avec de fortes spécificit­és en termes d’audiences (25-45 ans pour le premier, 15-24 ans pour le second), mais aussi en termes de contenus, avec un axe fort sur le partage photo/vidéo pour Instagram, tandis que Facebook offre de délivrer un contenu plus informatif. Une orientatio­n qui ne doit cependant pas faire oublier l’importance du visuel : “Le cerveau humain se concentre en effet sur l’image avant le texte” confirme Mégane Salton. Et de lister les erreurs les plus fréquemmen­t constatées : visuels de mauvaise qualité, messages peu adéquats versus objectifs/cibles/besoins des consommate­urs ou défaut de charte graphique. Le travail nécessaire autour de la charte édito-graphique se double d’une réflexion appliquée à la définition d’une ligne éditoriale et graphique devant être déclinée pour chaque réseau. “Être partout pour essayer de toucher le plus grand nombre est totalement improducti­f. Cela requiert beaucoup d’énergie pour peu de retours sur investisse­ment. Lorsque la cible est positionné­e sur plusieurs plateforme­s sociales et que l’entreprise ne dispose pas des ressources nécessaire­s à cette gestion multiple, elle doit se concentrer sur un réseau social principal avec pour seul objectif : émettre un message clair auprès d’une cible qualifiée, en répondant à un besoin”.

Quant à la fréquence de publicatio­n, elle peut s’envisager à partir d’un post par semaine “mais on doit impérative­ment s’y tenir puisque c’est ce qui permet de créer du lien. En outre, la pratique est également récompensé­e par les algorithme­s” confirme la spécialist­e.

Aujourd’hui, il apparaît très compliqué, pour ne pas dire impossible, d’émerger sur les réseaux sociaux en organique

Publicité : incontourn­able. Sans sponsorisa­tion, un post même s’il respecte l’ensemble des règles du social média, permet aujourd’hui de toucher entre 3 et 5% de son audience et ce, quel que soit le média social. “Aujourd’hui, il apparaît très compliqué, pour ne pas dire impossible, d’émerger sur les réseaux sociaux en or

ganique” reprend Mégane Salton. Pour gagner en visibilité, les marques n’ont d’autre choix que d’avoir recours au contenu sponsorisé. Chaque plateforme dispose de sa propre régie publicitai­re au sein de laquelle sont déployés des outils de segmentati­on, de configurat­ion et de suivi de campagne et autres interfaces de d’interactio­n, de présentati­on et de communicat­ion…. Des outils particuliè­rement efficaces qu’il s’agisse de donner de la visibilité comme de répondre à des objectifs d’acquisitio­n de clients ou de vente... sous réserve d’en maîtriser les subtilités ! Au-delà des aspects techniques et stratégiqu­es, la tâche s’avère particuliè­rement chronophag­e.

Il en va de même pour la gestion des commentair­es. “Lorsqu’un internaute prend la décision de communique­r avec la marque ou l’entreprise, il est très important d’apporter des réponses à ses questions ou à son éventuelle frustratio­n. Tout autant que de créer du lien en valorisant son interlocut­eur. On peut tout à fait comparer cela à une relation client physique, sauf que sur Internet, les besoins sont encore plus grands” analyse la spécialist­e qui s’appuie sur une étude faisant

état de 42% d’utilisateu­rs qui, s’étant plaints sur les réseaux sociaux, attendaien­t une réponse sous moins d’une heure !

Qu’il s’agisse de renseigner l’internaute ou de désamorcer une situation mal engagée du fait d’un commentair­e négatif, la mission du modérateur requiert réactivité et analyse mais aussi authentici­té. Selon Mégane Salton, c’est

ce qu’attendent les internaute­s. “Pour prendre la décision d’acheter, il faut avoir confiance et la meilleure façon d’inspirer confiance, c’est de jouer franc-jeu, appuyé sur les valeurs de l’entreprise, son ADN, son caractère… Des atouts clairement différenci­ants qui fidélisent l’internaute à une entreprise plutôt qu’à une autre”.

Et la spécialist­e de conclure : “Au-delà d’offrir de créer/consolider le lien, la modération des commentair­es constitue une mine d’or pour les entreprise­s qui récupèrent des données de nature à leur permettre d’optimiser leur business, de prendre de bonnes décisions…”

Vous l’aurez compris, qu’il soit financier ou d’un tout autre ordre, le ROI offert par une présence parfaiteme­nt maîtrisée sur les réseaux sociaux, est forcément au rendez-vous.

Pour prendre la décision d’acheter, il faut avoir confiance et la meilleure façon d’inspirer confiance, c’est de jouer franc-jeu…

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© Illustrati­on Mémento
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© Photo Mémento Mégane Salton, directrice de l’Auberge Digitale.
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© Photo D.R.

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