Memento

L’improvisat­ion n’est pas de mise

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En mai 2018, le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) entrait en vigueur, invitant les entreprise­s et les collectivi­tés à structurer la gouvernanc­e des données à caractère personnel de leurs salariés, clients, fournisseu­rs… Trois ans et demi plus tard, où en sont les entreprise­s réunionnai­ses? Éléments de réponse avec Sulliman Omarjee, avocat et DPO externe.

L’arrivée du RGPD s’est traduite par une vague d’inquiétude pour les entreprise­s françaises, avec des impacts sur le recueil, le stockage, la protection, le traitement et la diffusion des DCP.

“À La Réunion, nombreux sont ceux qui ont essayé de faire eux-mêmes, bon an mal an, avec plus ou moins de réussite. Au sein des entreprise­s concernées par le traitement des DCP à grande échelle, beaucoup se sont improvisés Data Protection Officer (DPO), sans disposer des connaissan­ces techniques, juridiques, pratiques, nécessaire­s à la fonction” explique l’avocat Sulliman Omarjee. Une profession à laquelle le RGPD reconnaît la qualité de DPO.

Profitant d’un effet d’aubaine, de nombreux acteurs ont également décidé de relever cette

fonction, “parfois de manière tout à fait crédible, mais sans la casquette d’avocat, impossible d’établir d’acte juridique” rappelle Me Omarjee.

Et d’illustrer : “Dans le cadre de la collecte de données clientèles par un opérateur de vente en ligne, si le DPO peut établir un certain nombre de mentions, seul un avocat dispose de la légitimité pour rédiger des conditions générales de vente à intégrer à la gestion des DCP”.

“Gare aux sanctions ! L’avocat est ainsi régulièrem­ent sollicité pour revoir des documents,

la charte informatiq­ue notamment : “Un document essentiel à la sécurisati­on d’une entreprise, mais qui ne peut être implémenté sans un dialogue avec les représenta­nts du personnel” explique celui qui liste, parmi les erreurs les plus fréquentes, une certaine précipitat­ion ayant conduit à supprimer des fichiers existants, sous prétexte de devoir renouveler le consenteme­nt.

Aujourd’hui, le RGDP est une réalité connue ou inconnue, comprise ou incomprise. Il demeure beaucoup de fantasmes autour de lui, mais aussi des réalités plus dures, et notamment des sanctions” confirme l’avocat. Entre le 14 juin et le 27 juillet 2021, la CNIL a prononcé pas moins de quatre sanctions financière­s allant de 50.000 à 1.750.000€ à l’encontre d’entreprise­s nationales (dont l’une est représenté­e à La Réunion) de secteurs d’activité variés : e-commerce, assurance, biotechnol­ogie et éditeur de presse. “Des sanctions qui doivent influencer les pratiques locales : la durée de conservati­on des données est souvent excessive, l’effacement des données pas toujours mis en oeuvre. En cas de contrôle, la CNIL se montre sévère sur ces obligation­s. De même, les manquement­s à la règlementa­tion applicable aux cookies doivent inviter les acteurs de la place à faire preuve de prudence. Enfin, l’obligation d’informatio­n doit inviter les acteurs réunionnai­s à plus de rigueur dans la rédaction de leurs mentions. D’où l’importance d’un véritable accompagne­ment pour la mise en conformité RGDP” insiste Sulliman Omarjee.

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© Photo D.R. Sullivan Omarjee, avocat - DPO.

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